Avant de se lancer dans la création de son deuxième album Switch the letters, Lunt a.k.a. Gilles Deles, est passé par tous les postes d’observation musicale possibles. Il a écouté, enregistré, guidé beaucoup d’autres musiciens avant de se donner le temps de composer et d’interpréter ses nouvelles chansons.
Son premier album éponyme sorti en 2001 impulsa la création du label We Are Unique! dont il fut l’un des deux fondateurs avec son ami Gérald Guibaud. Une première pierre audacieuse qui fut à la fois un manifeste pour l’esthétique sonore et visuelle du label, c’est-à-dire à mi chemin de la pop, du folk, du post-rock, du noise et autres musiques électros et expérimentales ; mais qui servit aussi de postulat de départ à l’identité sonore de Lunt, à savoir comment se faire rencontrer les mélodies et les expérimentations autour de son instrument de prédilection, la guitare. Une recherche qu’il poursuivit par la suite à travers la collaboration avec son ami artiste électro Virga (le split album Baxendall, 2003) et ses disques d’improvisation pour de multiples labels de renom (Carbon Records aux USA, Nexsound en Ukraine, Another record en France) et la sous division éphémère qu’il créa au sein de son label (Hitomi recordings, 3 disques entre 2004 et 2007).
Mais si presque 10 ans séparent ce nouvel album du premier, c’est aussi parce que la plupart des disques qui suivirent le sien dans le catalogue We Are Unique, à qui il offrit ses talents de producteur, lui doivent presque tous une part de leur identité sonore et de leur succès. Le groupe remuant de post-rock noise Melatonine et ses deux derniers albums (Les environnements principaux, 2003 ; Décembre est un samedi, 2007), l’inclassable et toujours étonnant stéphanois Angil et ses Hiddentracks (Teaser for: matter, 2004 ; Oulipo Saliva, 2007), la folkeuse vénéneuse belge Half Asleep (we are now seated in profile, 2005), le super groupe The John Venture (2006) et le gang d’abstract pop B R OAD WAY (Enter the automaton, 2008), autant de nom devenus des références dans leur genre en France.
Swicth the letters est clairement nourri de toutes ces expériences. De manière purement concrète d’abord : Mickaël Mottet et Thomas Boudineau d’Angil & the Hiddentracks jouent dessus, respectivement à la batterie et aux choeurs. Dans les chansons elles-mêmes et leur interprétation ensuite : on retrouve un peu de toutes ces aventures humaines et sonores aux détours de l’album. C’est un disque riche, juste et soucieux. Expérimenté et mature aussi : ces dix ans de gestation ont agi comme un charme ; Switch the letters ressemble à un avènement aussi définitif et rare que l’unique album de Mark Hollis.
Avec des airs de folklore écossais et les meilleurs éléments du R.E.M. de New Adventures in Hi-Fi dans l’inconscient, Gilles Deles a su jalonner des atouts surprenants tout au long de l’écoute de Switch the letters : il accueille au sein de ses compositions acoustiques des rythmes étonnants, des arrangements convaincants et des constructions subtiles. Chacune des chansons présente un caractère attachant et addictif : parfois c’est une phrase marquante, parfois un revirement de situation qu’on adore retrouver à chaque écoute. Sous une apparente simplicité folk, qui rappellera les meilleurs moments de Sophia, des expérimentations dignes du Beta Band et d’autres guitares noise réminiscences de ses précédentes productions rodent toujours tapies dans l’ombre.
Un disque relevant dont il est impossible de sortir indemne et dont les chansons ébranlent l’auditeur pour longtemps.
Lunt joue de la musique le dimanche, en hobby. On l’imagine en toge, psalmodiant son folk dingue les bras au soleil, évoquant dans ses entassements de voix et de murmures les moments les plus illuminés du Beta Band (Golden House). Ou alors sur une chaise électrique longue, quand son rock s’énerve un peu, avec cette nonchalance bougon enseignée par Neil Young aux Silver Jews, à Palace, à Mark Mulcahy (dont il partage le timbre, notamment sur l’éblouissant Where’s the Revolution). LES INROCKUPTIBLES – Jean Daniel Beauvallet
Switch The Letters, œuvre secouante comme un séisme parvenu à maturité. La Revue des Ressources – Guy Darol – Juin 2010
Les neuf titres passent ainsi, en berçant sans complaisance celui qui écoute, et qui ressent plus qu’il n’écoute d’ailleurs ce disque charnel, vivant et pourtant si paisible. Unique, une fois de plus. Popnews
Switch the letters, possède la qualité rare de concilier dépouillement et densité… lenteur et sécheresse de la guitare, fragilité d’une voix pourtant expressive, impact des mélodies, mélancolie légère…les chansons prennent le temps de s’installer, elles sont pleines de silence, et ce silence révèle en creux une profondeur musicale. Le temps de ce disque dépasse en fait sa durée effective ; il se prolonge au-delà, comme si ces trois quarts d’heure s’étiraient jusqu’à la perte de notion de durée. Froggy’s Delight
Switch The Letters excelle pour cette écriture près de l’os et l’interprétation donnée de toute son âme, pour cette authenticité qui ne supporte que le dépouillement. AUTRES DIRECTIONS
Lunt porte ses chansons mélancoliques et subtilement arrangées (Guitare, piano, vibraphone, saxo, contrebasse..) vers le firmament sans que rien ne semble pouvoir les arrêter. Du grand art ! POP REVUE EXPRESS
La simplicité au pouvoir, l’intime comme une source à explorer, ce disque de Lunt est une cure de bien être, une caresse auditive qui ne se démentira sur aucun titre, nous plongeant même parfois dans l’émotion brute (« Switch The Letters » qui n’est pas sans nous rappeler le meilleur de Mark Hollis), nous touchant en plein cœur. A DECOUVRIR ABSOLUMENT
Switch the letters est bel et bien le genre d’albums dont on découvrira encore la richesse dans 10 ans. Le plaisir est immédiat. MAGICBOX
Lunt parvient ici, par sa maîtrise de la navigation en eaux troubles (génial Split My Body) à dompter l’écoulement lancinant des sentiments qu’il génère chez l’auditeur – compétence trop souvent dévolue au rock indé US – nous rappelant les meilleurs ébats de Michael Stipe et Peter Buck au sein de R.E.M.. Avec en supplément d’âme, la prouesse, à travers de si fragiles constructions, de défier sans cesse la gravité. CONCERT&CO
Producteur raffiné, le Français passe à l’acte sur un album envoûtant.
Producteur aux vastes secrets et sortilèges, Gilles Deles a souvent exigé l’impossible des groupes/cobayes passés entre ses manettes : ils l’en remercient aujourd’hui puisque sur son second album sous le masque de Lunt, deux membres d’Angil viennent lui renvoyer l’ascenseur (pour le paradis). Egalement cofondateur du passionnant label We Are Unique Records, l’uns des écuries françaises les plus cohérentes et pourtant imprévisibles depuis les regrettés Lithium (leur modèle économique est également exemplaire), Lunt joue de la musique le dimanche, en hobby. On l’imagine en toge, psalmodiant son folk dingue les bras au soleil, évoquant dans son entassement de voix et de… murmures les moments les plus illuminés du Beta Band. Ou alors sur une chaise électrique longue, quand son rock s’énerve un peu, avec cette nonchalance bougon enseignée par Neil Young au Silver Jews, à Palace, à Mark Mulcahy (dont il partage le timbre, notamment sur l’éblouissant Where’s the revolution). Finie, donc, l’époque où l’écriture raffinée de Lunt était raturée d’electro, tachée d’électricité, déchiquetée au post-rock : même quand il reprend My Bloody Valentine (Sparks and Darkness), c’est dans un recueillement, une béatitude qui disent que l’orage est passé. Mais que l’électricité, mauvaise, insidieuse, menaçante, continue de rôder dans les prairies. Le meilleur moment pour marcher dans la lande : quand le calme est revenu mais que le silex sent encore l’apocalypse. JD Beauvallet
AUTRES DIRECTIONS
Switch The Letters ou comment l’homme de l’ombre regagna la lumière.
Si le premier album de Lunt en 2001 avait marqué la naissance du label toulousain We Are Unique Records, Gilles Deles, cofondateur du label, avait fait plus ou moins mis en sommeil son personnage de musicien durant des années, pour mieux se mettre au service des autres artistes du label. Ô certes, Lunt a distillé quelques réalisations confidentielles (sur Nexsound, Another Record ou encore la sous division d’Unique Records, Hitomi), mais rien ne laissait présager qu’à l’ombre de ceux qu’il épaulait (Angil, Melatonine, Half Asleep ou encore B R OAD WAY), Gilles Deles composait des chansons miraculeuses. Et malgré l’estime que pouvait susciter le bonhomme, on ne l’imaginait pas capable de bâtir un tel album. Si la production est évidemment impeccable, juste dans son austérité, ce sont surtout ces compositions dépouillées qui touchent. Le chant est fragile, parfois fêlé, toujours sincère et parfait écho aux spirales égrenées d’une guitare cristalline. Switch The Letters tient d’ailleurs à peu, même si Angil apparaît derrière les fûts sur plusieurs titres (lui qui chante si bien se tait ici) quand Thomas Boudineau s’applique à faire ponctuellement les chœurs plutôt que de jouer du trombone. Quelques instruments à vents sur We Left With Whispers, une contrebasse sur The War Zone et voilà que Lunt se livre dans le plus grand isolement sur le très long Split My Body. Un glissement, une faille qui s’entrouvre et Gilles Deles laisse ses sentiments l’envahir, le chambouler. Chant tourné vers la lune, Lunt avance sur les terres de Sophia, avant de trouver la lumière sur le conclusif Happiness Is Transient, morceau solaire qui évoque, ici comme ailleurs au fil du disque, Jim O’Rourke. Des références avouées dans la feuille de presse qui reflètent à quel point Switch The Letters excelle pour cette écriture près de l’os et l’interprétation donnée de toute son âme, pour cette authenticité qui ne supporte que le dépouillement. Denis Frelat
POP REVUE EXPRESS
A l’origine du label toulousain We Are Unique Records (Angil, Melatonine, Half Asleep ou encore B R OAD WAY…), Lunt, de son vrai nom Gilles Deles, que l’on a croisé par un temps chez Another records, (« The third of me », 2003), avait sorti un premier album en 2001. C’est donc neuf ans après que l’on retrouve Lunt avec un second essai en tout point réussi.
Si les années ont passé, sa capacité à composer des folk songs lumineuses ne s’est en rien atténuée, mieux que ça elle s’est totalement affirmée !
De son chant léger, parfois confondant de ressemblance avec celui de Michael Stipe de REM, Lunt porte ses chansons mélancoliques et subtilement arrangées (Guitare, piano, vibraphone, saxo, contrebasse..) vers le firmament sans que rien ne semble pouvoir les arrêter. Du grand art ! [8/10]
Presque dix ans sans aucune nouvelle de Gille Deles Aka Lunt. Caché sous sa casquette de producteur, entre autre des albums d’Angil, Melatonine, Dana Hilliot & Friends, Half asleep autres poulains de la belle maison We Are Unique records. Nous désespérions d’entendre de nouveau cet explorateur du son. Avec « Switch The Letters, Lunt » il est de retour, ou plutôt Gilles Deles se découvre. Loin de l’expérimental premier disque , Gilles arpente les chemins balisés par des idoles, allant de REM à Gastr del Sol, le tout avec une simplicité touchante (naïveté ?).
Si je devais balayer un grief d’entrée à cet album, c’est d’avoir commencé par le morceau le pus fort. « Golden House V2 ». Imaginez une course cycliste commençant en haut d’une montagne, cela n’aurait pas sens, le plus dur ce serait passé avant. C’est bien la crainte légitime que nous pouvions avoir en écoutant ce titre, comme si le Beta Band nous revenait frais et dispo après un long break, s’offrant leur meilleur titre, sans laisser percevoir le moindre rictus de souffrance pour sa réalisation. De ce Pic Gilles ne pourra que descendre, mais ne pas aller plus bas, je m’explique. La norme aurait été de partir tout shuss vers le bas, descendre en avalant l’asphalte, sans ne rien voir des bas côtés. Mais Gilles a de bons freins, et tout au long de cette ballade, il saura se poser, reprendre son souffle, s’offrir des bouffées d’air pur. Si l’ombre de Michael Stipe est indéniable (même façon de conjuguer chant fébrile et juste, et aplomb dans les passages tutoyant la fausseté) Gilles sait y amener des rencontres.
La simplicité au pouvoir, l’intime comme une source à explorer, ce disque de Lunt est une cure de bien être, une caresse auditive qui ne se démentira sur aucun titre, nous plongeant même parfois dans l’émotion brute (« Switch The Letters » qui n’est pas sans nous rappeler le meilleur de Mark Hollis), nous touchant en plein cœur (« Happiness Is Transent ») quand il chante pour Gerald Guilbaud, une chanson tout à la fois naïve, emprunte d’aucune nostalgie, juste de coucher en notes et en mots un lien qui va bien au delà de l’amitié, un lien très haut , très très haut, comme l’ensemble du disque, là où l’air est pure. Un retour à l’émotion fracassante. Gérald De Oliveira
MAGICBOX (BENZINE maintenant)
Cela faisait 6 ans que nous n’avions de nouvelles de Lunt. Je dis bien Lunt et non pas Gilles Deles, celui qui se cache derrière le studio, et qui lui a participé à la production d’au moins une dizaine de disques et non de moindres (les deux Melatonine, the John Venture, Oulipo saliva d’Angil, (we are now) seated on profile d’Half asleep ou encore Enter the Automaton de B R OAD WAY. Six ans donc que Gilles, co-fondateur en son temps du label We are Unique Records, avait laissé de côté ses propres compositions. Et encore, son dernier disque Fragments of free vol. 1 pouvait apparaître comme une parenthèse expérimentale d’un passionné qui cherche à explorer toutes les possibilités sonores d’une guitare électrique. Switch the letters marque le retour au premier plan de Lunt, pour ce qui est à ce jour son album le plus accessible. Certains amis rencontrés en chemin participent en tant qu’invités sur l’album dont Mickael Mottet alias Angil dans l’inhabituel rôle de batteur. Une mention dans le livret peut même attirer l’attention et devenir symptomatique pour apprécier tout le travail de Lunt : Mickael est remercié de ne pas jouer de la batterie comme un batteur. Dans Switch the letters, tout est remis en cause, les façons de faire habituelles sont reconsidérées à leur juste valeur et donc comme simple choix subjectif. Lunt joue aussi avec le hasard. Et d’ailleurs Delphine Dora est elle même remerciée pour un son concret et inattendu sur le morceau-titre. Switch the letters peut donc s’apprécier à différents niveaux : des titres facilement identifiables influencés par l’indie rock américain des années 90 à aujourd’hui. Mais ces mêmes titres subissent aussi une mini-révolution de l’intérieur. Rien de tapageur, rien qui pourrait chasser irrémédiablement les amateurs de bonnes chansons. Mais une légère translation s’opère dans un monde plus recherché et plus personnel : par des dissonances assumées, l’emploi d’un effet « expérimental » (comme un jeu de miroir éblouissant sur Golden House V1) ou plus précisément des cuivres utilisés de façon spectrale (we left with whispers, split my boody). Tout cela donne de nouvelles nuances de couleur, un contraste et une profondeur accrues, une version légèrement plus chaotique d’un ordre établi qui ressemble à la mise en danger d’un univers à la R.E.M.. Where’s the revolution ? est un bel exemple de cette dérive : une mandoline Buck-ienne nous entrainant dans une ballade d’apparence légère mais en clopinant sur une jambe et risquant de tomber dans un buisson d’ortie. L’art de Lunt est d’arriver à faire ressortir de sa musique une émotion incroyable. Cela jaillit de paysages nus ou presque (The War zone : une guitare vibrante, un piano droit désaccordé et une voix haut perchée pour un résultat beau comme du Mark Hollis) Mais cela nait aussi de l’accumulation de boucles de guitares, de voix mystiques et de sons hypnotiques qui amènent Golden House V2 vers des sommets d’ivresse et de magie (un titre qui rappellera le trip de Lions kill everything de son ami Dana Hilliott). Switch the letters est bel et bien le genre d’albums dont on découvrira encore la richesse dans 10 ans. Le plaisir est immédiat. Denis Zorgniotti (noté 9/10)
Lunt est le groupe de Gilles Deles, songwriter, ingénieur du son, et co-fondateur du label We Are Unique Records.
Switch the letters, le deuxième album de cette formation, possède la qualité rare de concilier dépouillement et densité. Les influences seraient à chercher du côté de R.E.M (comme l’excellent titre « Where’s the revolution ? ») ou Midlake, comparaisons évidentes dès la première écoute : lenteur et sécheresse de la guitare, fragilité d’une voix pourtant expressive, impact des mélodies, mélancolie légère.
Les chansons prennent le temps de s’installer, elles sont pleines de silence, et ce silence révèle en creux une profondeur musicale. Le temps de ce disque dépasse en fait sa durée effective ; il se prolonge au-delà, comme si ces trois quarts d’heure s’étiraient jusqu’à la perte de notion de durée.
Tous les disques lents ne procurent pourtant pas cette capacité de détente : dans le cas contraire ils se limitent au moment, fixé, d’une simple répétition ; ou à un ennui. Mais on attend d’un disque qu’il nous fasse sortir de l’instant ; qu’il crée un nouvel espace dans lequel se construit une durée subjective. Switch the letters possède ainsi plusieurs mouvements temporels. Essayez de passer le disque en boucle, vous aurez l’impression d’écouter à chaque occurrence quelque chose de nouveau. Je parle en tout cas des premières écoutes. Par la suite, les refrains se précisent, le style s’affirme.
Michaël Stipe est allé plus loin dans ce procédé : ses disques sont autant d’occasion de redéfinir la durée. Cela me fait penser qu’il faudrait écrire un livre qui serait à la pop ce que Matière et Mémoire est à la philosophie. On y parlerait de l’intuition musicale, de l’expérience vécue du temps musical, du devenir irréversible d’un disque, et de son rapport à la mémoire. On y citerait de grands disques bergsoniens, si je puis dire, comme par exemple Colossal Youth, Sister Lovers, ou Loveless. Et cela donnerait lieu à une nouvelle façon de percevoir la musique : faire une critique musicale correspondrait moins à la « critique » systématique qu’à la description du mouvement propre des disques. « Split my body » de Lunt, beau et long titre de fin d’album, pourrait constituer un point de départ à ce projet. David Falkowicz
Créer, fonder, s’impliquer, au point de s’oublier. Gilles Deles est le cofondateur de We Are Unique Records, que son premier album sous le nom de Lunt a contribué à lancer. Le temps passant, le label toulousain a grandi, et bien grandi, comme le témoignent encore tout récemment les derniers albums de Raymonde Howard et Angil & the Hiddentracks. Mais voici le temps pour Lunt de reprendre le chemin des studios, et de se consacrer à sa musique, lui qui a engrangé de multiples expériences depuis le premier disque de Lunt, en 2001.
Ce n’est pas un disque évident, ce « Switch the Letters ». C’est un disque en reliefs, fait de vallées et de détours, où l’on peut se perdre. Paysages arides mais magnifiques balayés par le vent, sous un soleil de plomb. De quoi lézarder ? Pas vraiment, malgré un feeling qui incite plus au grand calme intérieur qu’à l’excitation électrique : l’acoustique de la guitare remplit admirablement l’espace, la voix habitée évoque REM et Michael Stipe, tant elle est vibrante et frêle à la fois, et crée une ambiance unique, prenante sans être envahissante. Ces dix titres ne se rattachent pas vraiment à un style unique : on est ici au confluent du post-rock, pour l’importance de l’atmosphère dans la construction des chansons, le folk pour l’instrumentation, la pop pour la faculté de certains titres d’inoculer leur mélodie. L’ascèse du disque sert celui-ci, en sollicitant en permanence l’auditeur, qui doit ainsi s’attacher aux détails, à ces notes de piano égrénées avec parcimonie, cette batterie ou en arrière-plan, ces quelques accords de guitare acoustique qui se fait parfois électrique (« Golden House V2 »). Les sentiments affleurent sur chaque chanson, toujours en subtiles nuances : sérénité (« We Left With Whispers », « The War Zone »), exaltation douce (« Where’s the Revolution ? », zébré de coups électriques, « Happiness Is Transient » qui s’envole langoureusement) ou errance mélancolique au long cours (« Spit My Body »). Les neuf titres passent ainsi, en berçant sans complaisance celui qui écoute, et qui ressent plus qu’il n’écoute d’ailleurs ce disque charnel, vivant et pourtant si paisible. Unique, une fois de plus. Mickaël Choisi
Avec ses mélodies subtiles et ses mots froissés, la musique de Lunt revient sous la lumière. Enfin !
Absent des bacs depuis trop longtemps, mais actif au sein de son label – le bien nommé We Are Unique ! Records – autour d’artiste comme Angil (présent derrière les fûts sur ce disque), B R Oad Way, Half Asleep ou Zero Degré, Gilles Deles marque d’un grand R son retour aux affaires.
Avec ce Switch The Letters, il nous évoque le calme âpre et sec qui règne après la reddition. Pas tellement que cette musique ait renoncer à relever la tête, chacune de ces chansons reste ici un acte de courage résolu et combatif, rien à redire là-dessus. Mais disons que les titres de Lunt avancent comme courbés, voûtés par le spleen, explorant l’incommensurable panel qui court du noir clair au noir foncé (à l’instar d’un artwork de la même veine).
Voici donc neuf titres qui composent une mosaïque à la carnation embuée, comme les pupilles par le chagrin. Un florilège d’après tempête qui, nimbé de mélancolie, échappent malgré tout à la laideur des exercices mielleux d’auto-flagellation les plus faisandés. Bien mieux qu’une réussite donc, ce disque relève de l’exploit !
Clairement, Lunt parvient ici, par sa maîtrise de la navigation en eaux troubles (génial Split My Body) à dompter l’écoulement lancinant des sentiments qu’il génère chez l’auditeur – compétence trop souvent dévolue au rock indé US – nous rappelant les meilleurs ébats de Michael Stipe et Peter Buck au sein de R.E.M.. Avec en supplément d’âme, la prouesse, à travers de si fragiles constructions, de défier sans cesse la gravité. Excepté peut-être celle lacrymale qui avec l’enchaînement de titres bouleversants comme The War Zone et Sparks & Darkness (My Bloody Valentine) ne peut sincèrement être combattue. Beau à chialer ! Et ouais, on ne peut pas gagner à chaque coup non plus !
SCARE CULTURE
Soyons honnêtes : ces dernières années ont vu naître un nombre impressionnant (voire aberrant) de formations hexagonales folko-dépressives, saturant en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire une scène comptant pourtant son lot de talents bruts. Du coup, lorsqu’on se retrouve face à un desdits talents, il est de notre devoir de le mettre en avant – ou du moins d’essayer.
Vous l’aurez compris, Gilles Deles aka Lunt fait partie de ces compositeurs qui sortent du lot, capables de vous émerveiller avec simplicité, de vous toucher avec sincérité, de vous envoûter avec talent. Du haut de ses neuf pistes, Switch the letters côtoie ce qui se fait de mieux actuellement en matière de songwriting et dévoile un véritable travail d’orfèvre, où chaque note, chaque mot est à sa place. Basée sur des mélodies folk et – en apparence – simples, cette galette est densifiée par des moments plus électriques (Golden house V2), plus expérimentaux même (Split my body), lui conférant une ambiance unique. Mais elle n’oublie pas pour autant de livrer son lot d’émotion (Happiness is transient (song for G.G.)) et d’émerveillement (comme en atteste le sublimissime Golden house V1). Faisant montre d’une intelligence de composition hors normes et sans jamais verser dans le cliché, Lunt prouve avec brio que dénuement et sobriété sont porteurs de surprises indescriptibles, et livre une perle « folk » d’une justesse incroyable.
En proposant ce nouvel effort de Lunt, We are unique! records reste fidèle à son – irréprochable – ligne de conduite, se montrant une nouvelle fois désireux de sortir des sentiers battus. Et en l’occurrence, le sentier prend plutôt l’allure d’un chemin perdu au milieu d’une forêt d’accords rafinés, de chants mélodieux et de compositions magiques.
… Lunt? On a sorti la pochette au hasard, il opine avec sérieux. On écoute et là, on découvre un des excellents disques de 2010. On ignorait alors que 2 semaines plus tard Beauvallet en ferait le légitime hommage dans les Inrocks. Comme on le comprend.
Lunt, c’est l’entité de Gilles Deles lorsqu’il ne produit pas les albums de Angil ou d’autres. Pas spécialement obsédé par la renommée, il doit être le seul musicien français signé sur un label à ne pas avoir de myspace (reportez vous au site du label). Confiance aux disquaires alors, et à tous ceux, trop rares, qui vous le recommandent (genre… nous ;-)
Troisième album de Lunt, Switch the letters met la barre très haut. Il s’éloigne de l’album sans titre de 2002 qui mélangeait post-rock et slowcore (du grunge qui ne réveille pas les voisins, en résumé).
Avec Switch the letters, le toulousain nous embarque au crépuscule pour un disque entre chien et loup. En 9 titres il déploie à son rythme des morceaux aux ambiances fortes, prenantes. Intelligemment, il prend acte de ses limites vocales pour rester à la bordure du chant, ajoutant juste ce qu’il faut de chaleur et d’épaisseur. Il y a du Smog là-dedans, et beaucoup d’autres aspects qu’on vous souhaite de découvrir à votre tour. Les uns entendront des échos d’Elliott Smith, d’autres penseront aux Pale fountains, ou aux harmonies vocales de Michael Stipe. Il faut creuser pour arriver à ces évocations, car c’est un songwriting classique qui domine, avec une belle base guitare acoustique-batterie. On peut être producteur et ne pas en rajouter.
On aborde en douceur Golden house V2, folk-blues cousin de Sam Amidon (pour le chant haut perché) qui après 2 mn évolue en douce danse chamanique. Il aura suffi d’un titre pour nous faire comprendre qu’on tient un de nos chouchous de l’année. Where’s the revolution durcit le ton par instants, le plaisir augmente.
Ne vous y trompez pas, Sparks and darkness (My bloody Valentine) n’est pas une reprise, c’est bien le sous-titre de la chanson, une superbe chanson d’ailleurs, qui rappelle la première période d’Everything but the girl ou le premier album solo de Tracey Thorn (d’ailleurs il la chante en faisant penser au délicat Ben Watt). C’est dire si, en fait de folk ou de blues, Lunt est avant tout un superbe mélodiste et un créateur d’ambiances (le piano languide de Switch the letters). A votre tour de succomber !
On rejoint la capitale l’esprit tranquille et les oreilles pleines. Avec des labels comme We Are Unique!, la scène musicale de Toulouse a de beaux jours devant elle. A bientôt Toulouse ! ArbOBO
Rapido, histoire de ne pas rester atone face à un disque qui vaut beaucoup plus que le silence. Lunt est français, m’a été présenté par Arbobo et ressemble singulièrement à la meilleure époque de SMOG (je dois bien dire que d’autres référencements à Michael Stipe de REM me laissent plus perplexes, sauf peut-être sur Where is The Revolution). Entendez qu’il chante excellemment des titres nus jusqu’à l’os, qu’il réussit -quasiment toujours- à habiller d’un arrangement simple (au hasard, la clarinette sur We Left With Whispers) qui les rend accrocheurs et nostalgiques en diable. De la bien belle ouvrage. Mmarsupilami
M-LA-MUSIC
Co-fondateur du label, Gilles Deles n’avait pas sorti de long format, sous son pseudonyme Lunt, depuis neuf ans, lorsque son album éponyme constituait la toute première référence de We Are Unique Records. Cependant, le moins qu’on puisse dire est que pendant ce temps il n’est pas resté inactif : outre le travail au sein du label, il a produit de nombreux autres artistes , sans compter un bon paquet de collaborations. Ce deuxième opus, « Switch the letters », est une nouvelle preuve de la qualité exceptionnelle de la scène folk française. Mais si en la matière les influences sont les plus souvent américaines, Deles se singularise lorsque sa musique explore également d’autres chemins, plus inattendus : ceux de The Beta Band (« Golden house » versions 1 et 2), ou encore de l’immense Mark Hollis. Et c’est lorsqu’il convoque l’esprit du génie de Talk Talk, enfermé depuis trop longtemps dans sa lampe, que l’album est le plus précieux : l’espace et le temps semblent appartenir à une dimension inédite, car à la fois plus étendus et intenses, lors de « Split my body » et surtout de l’exceptionnel « The war zone », d’où Deles et Hollis nous regardent de très haut, loin au-dessus des nuages. Gilles, tu pourrais dire à Mark de revenir nous voir de temps en temps ?
Gilles Deles, sous le nom de Lunt, joue depuis dix ans une pop de chemins de traverse ; son neuvième disque s’ouvre sur un titre acoustico-planant, qui peut rappeler The Beta Band par l’ambiance et par la voix, proche de celle de Steve Mason. Deles travaille depuis longtemps sur le son d’artistes au décalage affirmé (Angil, Melatonine, Moonman, The John Venture…) signés sur son label We Are Unique Records : Lunt profite donc de toutes les ambiances, du folk progressif au post-rock lent et grave, qu’il a contribué à mettre en forme en tant que producteur. Radiohead, REM, The Beta Band, sont des groupes auxquels on pense à l’écoute des longs titres de Lunt, sortes de dérives conduites par une guitare acoustique souvent jouée en accords ouverts ; « War zone » cherche le silence entre les notes du côté de Mark Hollis / Talk Talk. Toutefois, on ressent un certain manque d’incarnation (c’est sans doute un effet collatéral du genre), qui nous empêche d’accrocher complètement à « Switch the letters ». Jérôme Florio
Lunt construit un art musical ouvert au noise et à l’abstract pop. Il prend son temps avant de sortir un nouvel album. L’essentiel ne s’improvise pas et c’est Switch The Letters, œuvre secouante comme un séisme parvenu à maturité. Guy Darol
Avec ses mélodies subtiles et ses mots froissés, la musique de Lunt revient sous la lumière. Enfin !
Absent des bacs depuis trop longtemps, mais actif au sein de son label – le bien nommé We Are Unique ! Records – autour d’artiste comme Angil (présent derrière les fûts sur ce disque), B R OAD WAY, Half Asleep ou Zéro Degré, Gilles Deles marque d’un grand R son retour aux affaires.
Avec ce Switch The Letters, il nous évoque le calme âpre et sec qui règne après la reddition. Pas tellement que cette musique ait renoncer à relever la tête, chacune de ces chansons reste ici un acte de courage résolu et combatif, rien à redire là-dessus. Mais disons que les titres de Lunt avancent comme courbés, voûtés par le spleen, explorant l’incommensurable panel qui court du noir clair au noir foncé (à l’instar d’un artwork de la même veine).
Voici donc neuf titres qui composent une mosaïque à la carnation embuée, comme les pupilles par le chagrin. Un florilège d’après tempête qui, nimbé de mélancolie, échappent malgré tout à la laideur des exercices mielleux d’auto-flagellation les plus faisandés. Bien mieux qu’une réussite donc, ce disque relève de l’exploit !
Clairement, Lunt parvient ici, par sa maîtrise de la navigation en eaux troubles (génial Split My Body) à dompter l’écoulement lancinant des sentiments qu’il génère chez l’auditeur – compétence trop souvent dévolue au rock indé US – nous rappelant les meilleurs ébats de Michael Stipe et Peter Buck au sein de R.E.M.. Avec en supplément d’âme, la prouesse, à travers de si fragiles constructions, de défier sans cesse la gravité. Excepté peut-être celle lacrymale qui avec l’enchaînement de titres bouleversants comme The War Zone et Sparks & Darkness (My Bloody Valentine) ne peut sincèrement être combattue. Beau à chialer ! Et ouais, on ne peut pas gagner à chaque coup non plus ! Zeu Western Manooch
Chronique de Switch the letters par JDB dans les Inrocks.
Interview de Lunt pour le webzine. A DECOUVRIR ABSOLUMENT
Switch the letters en 15ème position et premier disque français de l’année dans le classement des blogueurs musicaux 2010 !
Extraits de Switch the letters dans l’émission la DemEuRE du CHaoS ! du Samedi 3 avril 2010 sur France Inter.
Le questionnaire : 20 choses par Lunt pour le blog. POP REVUE EXPRESS
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