En juillet 2015, Raymonde Howard et Thomas W. partent en tournée en Angleterre pour trois dates : Lincoln, Northampton et Oxford. Lors des premiers concerts, Raymonde n’est pas au meilleur de sa forme, écourtant même ses sets. Elle manque de souffle, ressent des douleurs au dos et dans le bas-ventre. C’est lorsqu’elle ne parvient plus à marcher et que le paracétamol codéiné ne se montre plus assez puissant que commence la deuxième partie du voyage : dans les hôpitaux publics anglais. Cette expérience de tournée inattendue ébranle rapidement la vie de Raymonde puisqu’une maladie chronique aux reins est diagnostiquée.
Raymonde relate cette mésaventure de tournée sur un diaporama et suggère ce scénario autobiographique à un auteur de bande dessinée et illustrateur stéphanois dont elle apprécie beaucoup le travail, Halfbob.
Halfbob est fan d’indie-rock et tient un blog « Gimme Indie Rock » (hébergé sur la plateforme de blogs des Inrocks). Il avait d’ailleurs déjà dessiné Raymonde Howard dont il aime beaucoup la musique. Halfbob relève le défi. Entre des reportages dessinés destinés aux enfants et adolescents pour les éditions Fleurus ou la revue Topo, « The Year Loop Broke » prend petit à petit vie sur un travail de 2016 à 2020.
Les éditions stéphanoises Jarjille sont conquis par le projet et décident de publier la bande-dessinée dans leur catalogue « autobiographie ».
Raymonde parle alors du projet à son label historique We Are Unique ! qui lui conseille d’ajouter une bande son à cette histoire et cette BD. Et lui propose de faire une set-list comme pour ses concerts, et ainsi accompagner la lecture de la BD. Le label n’a jamais sorti de livre-disque et ambitionne depuis toujours de faire un tel objet. L’idée de faire un CD Best-of est lancée, mais pour faire comme les grands, son label lui demande d’enregistrer quelques nouveaux morceaux pour enrichir la compilation et ainsi proposer des nouveautés à sa fan base.
Rapidement les échanges entre Jarjille et We Are Unique! convergent vers la création de deux versions de l’objet : la bande-dessinée seule aux éditions Jarjille (tirée à 1000 exemplaires) et la version collector (tirée à 500 exemplaires) comprenant la bande-dessinée accompagnée du CD compilation des meilleurs morceaux de Raymonde Howard de 2006 à aujourd’hui aux éditions Jarjille et We Are Unique ! Records et distribuée chez les disquaires par le label via son distributeur Big Wax. Sur ce CD 27 titres, l’auditeur retrouvera une sélection par Raymonde Howard et Halfbob de titres issus de ses 4 albums, un titre revisité, des titres anciens restés inédits et donc 4 nouveaux morceaux enregistrés en février 2021 aux studios à Perte avec Ives Grimonprez (déjà aux manettes de ses 3 derniers albums). Toujours basés sur le travail de sampling et de boucle typique du style désormais caractéristique de Raymonde Howard, mais joués sur une nouvelle guitare électroacoustique, alors que ses précédents disques convoquaient l’électricité, ces 4 nouveaux titres ramènent encore plus Raymonde aux racines de son art, le blues originel le plus primitif. Et ses strates de voix pop entêtantes comme on peut l’entendre sur le single « quarantine blossoms » inscrivent définitivement Raymonde Howard dans la lignée des grandes figures de la scène française noisy-pop anglophone (Les Thugs, Sloy, pour ne citer qu’eux).
We Are Unique ! est fier du chemin parcouru avec Raymonde Howard et de commencer à fêter sa 20ème année d’existence avec la sortie d’un tel projet artistique.
Notre PJ Harvey (ou notre Kim Deal) nationale, Laetitia Fournier à la ville et Raymonde Howard sur scène…la musique de la stéphanoise est un concentré de tout ce que nous aimons dans le son électrique d’hier et d’aujourd’hui : elle est sincère, authentique, elle sent l’artisanat, la précision d’une technique simple mais éprouvée au service d’une émotion partagée.
New Noise #58 Maxence Grugier (8/10)
Noisy pop anglophone âpre et hypnotique basée sur un son minimaliste, des boucles, des guitares nerveuses et une voix au charme entêtant.
Rock’n’Folk N°648 – rubrique Qualité France
Raymonde raconte son calvaire avec humour tandis que le lecteur flippe pour elle. Bien aidée aux crayons par Halfbob, cette plongée dans le médical britannique est digne de « Brazil ».
Rock’n’Folk N°648 – rubrique Bande dessinée
Artiste hors norme, bien imprégnée dans son univers. Son atout majeur est son chant remplit d’adrénaline, de révolte, tels les figures féminines comme PJ Harvey, Kim Gordon, Patty Smith et Shannon Wright. On est instantanément porté par la foix et les petites mélodies de notre stéphanoise qui a bien fait de choisir de jouer de la guitare et non pas au ballon de foot.
Abus Dangereux
Une BD tendre qui se lit en écoutant le cd. En boucle.
A découvrir absolument
C’est beau, c’est drôle, c’est touchant, « tubesque » même, et c’est à déguster avec les yeux et les oreilles à la fois.
L’Alsace
D’une épreuve, Raymonde Howard a su faire acte de résilience qu’elle a littéralement, en faisant le choix d’un double support, transcendé pour poser une nouvelle pierre, décisive et attrayante à plus d’un titre, à son parcours artistique qu’il importe de citer en référence quand on évoque la vérité dans l’attitude et dans la manière d’appréhender la création musicale. Merci Raymonde, tu mérites amplement un “Howard” de l’indé pour l’ensemble de ton oeuvre.
Muzzart
Une œuvre intime, qui touche au cœur, douce, grave, et légère… on a en somme, malgré la forme un peu différente et originale, de l’indie rock pur et dur
Exit Music
Basée sur une histoire véridique, vécue par la musicienne, le récit pratique une forme d’humour noir désenchanté, typique des années 1990, une décennie qui a également influencé le graphisme en noir et blanc. On peut également y lire, en creux, une critique du système de santé britannique et du libéralisme à tout crin de la société anglaise. Enfin, la bande dessinée est accompagné d’un CD, d’excellente facture, compilant des titres lo-fi enregistrés entre 2006 et 2021.
Longueur d’ondes
Leur association fonctionne à merveille. En effet, le duo nous offre une tournée générale avec ce premier titre chez Jarjille. On espère qu’on aura l’occasion de les revoir de nouveau réunis, car la boucle est bouclée ! Un bon « Livre Rock », mais pas que… Planète BD
Autant le dire tout de suite, Half Bob et Raymonde Howard (aka Laetitia Fournier), tous deux originaires de Saint-Etienne, vous seront peut-être totalement inconnus. On est en effet dans le vrai underground avec cette BD, mais cela n’empêche nullement la qualité, bien au contraire. Laetitia Fournier est étonnante dans les premières pages avec une description savoureuse et réaliste de sa vie d’artiste et de ce que l’on trouve dans le quotidien d’un groupe underground en tournée. Puis dans l’humour qu’elle met à relater son expérience bien involontaire dans cet hôpital où elle va rester plusieurs jours avant son rapatriement. On est aussi super content de retrouver Half Bob. Cet auteur plutôt habitué des courts récits (voire strips, ou dessins de presse), mis à part ses épisodes de Gimme Indie Rock sur son blog, réussit là un truc incroyable : se mettre au service d’un autre scénariste, et sur la « longueur » ! Et ça MARCHE ! Il est même plutôt cool que ces deux-là se soient trouvés. Half Bob a de la bouteille et il maîtrise un style noir et blanc, certes assez minimalisme, mais fluide, lui permettant de dessiner des petits riens de la vie, toujours avec beaucoup d’humour et d’ironie. La scène des petites vieilles, voisines de chambre d’hosto, se déplaçant au ralenti avec, l’une son portique à perfusion et l’autre ses pantoufles qui couinent, est à cet égard particulièrement savoureuse… Leur association fonctionne à merveille. En effet, le duo nous offre une tournée générale avec ce premier titre chez Jarjille. On espère qu’on aura l’occasion de les revoir de nouveau réunis, car la boucle est bouclée ! Un bon « Livre Rock », mais pas que, qui est en plus proposé par Unique Records en édition limitée comprenant un CD compilation de Raymonde Howard. Elle est pas belle, la vie (underground) ? Franck Guigue
Clin d’œil à un film mythique de David Markey, « The Year Punk Broke » que nous regardions à l’époque sur une VHS éditée par Geffen avec ce qui deviendra la mythologie même du grunge et de la noizy, cette compilation est sous titrée « A Collection of Songs 2006-2001 ». 15 années donc, deux albums, une BO, une black session, un retour critique à la hauteur du choc que nous avions ressenti dés le premier album et pour presque finir, cette mini tournée en Angleterre qui se terminera, non pas dans le backstage d’une salle de concert embouteillée par les fans, mais dans le système de santé anglais qui en dit long sur les ravages que le thatcherisme a pu engendrer dans la structure sociale et médicale de ce pays.
C’est cette tournée qui est décrite dans la bd qui accompagne la compilation. Trois dates de concert et une quatrième longue et inquiétante à l’hôpital où elle se verra diagnostiquer une polykystose aux deux reins et un abcès au rein gauche. Signée conjointement par Raymonde Howard et Half Bob (qui signe également la pochette de la compilation, mettant en scène Raymonde, guitare à la main habillée de la robe de « Le Fil ») elle en dit beaucoup sur l’état de l’Angleterre (en cette période de pandémie, beaucoup de choses s’expliquent.), de la vie et de la fragilité de celle ci (on notera la poignante page 70 qui est une grande idée scénaristique.) mais aussi de ce qu’est la vie d’un musicien par passion à l’heure actuelle, quand il faut bien plus de 100 mails, 128 sms pour trouver trois dates dans des salles gérées par les milieux associatifs.
Jamais désabusée, sauf face aux médecins anglais, Raymonde Howard dégage une fraîcheur d’esprit, même face à une salle presque vide, elle s’acoquine avec les autres naufragées de cet hôpital (que sont devenues la terrible Yvonne, Miranda, Margaret, Lynette ?) attendant que le retour en France avec l’urgence qui habite nombre des titres de cette compilation.
Couvrant donc les trois premiers disques de Raymonde, cette volumineuse compilation de 27 titres, propose en plus des nouveaux morceaux (certains datant d’avant son premier album) et des récents, car l’autre bonne nouvelle, c’est qu’elle est guérie, et que cela restera un mauvais souvenir, transformé par le talent d’Half Bob et le sien en une BD tendre qui se lit en écoutant le cd. En boucle. GdO
Détournant le titre d’un fameux documentaire (1991 : The year punk broke) la chanteuse, accompagnée du dessinateur Halfbob, ravive le fil d’une tournée virant au cauchemar. Nous voilà projetés en juillet 2015 et la joyeuse troupe s’envole pour une tournée de trois dates en Angleterre, une sinécure quand on connaît la réticence de la Perfide Albion pour le rock français. Patatras, dès le premier soir, la chanteuse souffre du dos, et la tournée se détourne alors des salles de concerts au profit d’une chambre d’hôpital. Basée sur une histoire véridique, vécue par la musicienne, le récit pratique une forme d’humour noir désenchanté, typique des années 1990, une décennie qui a également influencé le graphisme en noir et blanc. On peut également y lire, en creux, une critique du système de santé britannique et du libéralisme à tout crin de la société anglaise. Enfin, la bande dessinée est accompagné d’un CD, d’excellente facture, compilant des titres lo-fi enregistrés entre 2006 et 2021. Régis Gaudin
Il parait que tous les chemins mènent à Rome. Enfin, je veux dire par là qu’ils finissent toujours par vous menez là où vous voulez aller. Par exemple, si vous êtes amateurs d’indie rock, c’est certainement que vous recherchez de jolies mélodies, des œuvres accrocheuses, simples, avec une part d’intime et une honnêteté brandie comme un étendard. Sinon, vous écouteriez plutôt du hard fm, j’imagine. Et bien, si c’est votre cas, il y a de fortes chances que votre chemin vous mène un jour ou l’autre vers Saint-Étienne. La ville, pas le groupe de dance.
The Year Loop Broke vous prouve qu’il y a là-bas deux bonnes raisons de trouver son bonheur pour l’amateur d’indie rock. D’une part, Half Bob, bédéaste et illustrateur, auteur entre autres de l’excellent blog “Gimmie Indie Rock” et dessinateur attitré du label indie rock parisien Influenza records*. D’autre part, Raymonde Howard, chanteuse/guitariste qui a bourlingué dans la scène stéphanoise (on la retrouvait notamment l’an dernier sur l’excellent nouvel album de Saffron Eyes) avant de prendre son envol en solo, accompagnée de sa guitare et de sa loop station. Deux bonnes raisons qui aujourd’hui unissent leurs forces, et la collaboration va tellement de soi qu’on se demande pourquoi elle ne s’était jamais produite plus tôt.
Deux portes d’entrée vers l’indie rock, donc, tout comme l’œuvre The Year Loop Broke peut elle-même être prise par deux bouts différents mais complémentaires. Pour les audiophiles avant tout, un disque bien copieux (27 titres) qui propose à la fois un best of, des démos, et des titres inédits de Raymonde Howard. Pour quelqu’un comme moi, qui ne connaissait l’artiste que de nom avant de l’écouter, c’est une parfaite porte d’entrée. Les bases sont posées dès les premières notes (les deux premiers mots prononcés sont d’ailleurs “Loop Station”), on va avoir droit à des guitares rétros, des mélodies catchy, des boucles savamment utilisées, des chansons qui paraissent simples mais dont l’efficacité témoigne d’un savoir-faire, et donc d’un travail, indéniables. Dans la continuité des meilleurs artistes du genre (que je vous laisserai choisir vous-même), la riot girl stéphanoise joue avec nos émotions, elle nous envoute, nous touche en plein cœur, nous fait sourire malgré la mélancolie, nous donne l’impression de la connaitre de longue date, et celle moins agréable mais plus prégnante encore de ne plus jamais pouvoir oublier nos amours passés. Comme je ne connaissais rien à la musique de Raymonde Howard (ce n’est pas comme si j’étais supposé avoir une culture musicale, je suis juste critique), je suis bien incapable de dire quel titre est inédit et lequel est un classique, ce qui est vieux ou récent, mais j’espère ne pas faire offense à l’artiste en considérant que sa musique est plus construite dans la continuité que dans la recherche. Même quand Raymonde chante en français sur “Punktuality”, on reste dans quelque chose de familier. On a le sentiment qu’elle sait exactement où elle veut aller, et qu’elle explore simplement pour le plaisir de la balade plutôt que pour celui de passer par telle ou telle étape. On sait bien que le chemin mène à Saint-Étienne, de toute façon.
Pour les amateurs de visuels, la bande-dessinée écrite par Raymonde et illustrée par Half Bob nous raconte l’histoire vraie d’une mini-tournée en Angleterre qui finit avec la barrière de la langue, les frontières administratives et les maladies lourdes au fond d’un hôpital d’outre-manche. Entre le style graphique faussement simpliste, la narration sobre et l’humour omniprésent, c’est là encore les montagnes russes en terme d’émotions. Le périple est plus vrai que nature, dans ses moments légers comme dans ses galères (et je peux malheureusement certifier que l’ambiance dans un hôpital français n’est pas bien différente), et la démarche est si sincère qu’on a l’impression de connaitre notre protagoniste de longue date. Une œuvre intime, qui touche au cœur, douce, grave, et légère… on a en somme, malgré la forme un peu différente et originale, de l’indie rock pur et dur. Et c’est là qu’on se rend compte que le dessinateur stéphanois n’est pas QUE fan du style musical, il en est un artiste à sa manière.
Je dois cependant reconnaitre que la BD a un défaut majeur. Au risque de tomber complètement dans le cliché, j’ai été très frustré par le fait qu’elle se finisse. Bien sûr, le moment en compagnie de Raymonde et ses amis était si fort que je n’avais pas envie qu’il s’arrête, mais je dois également reconnaitre que j’ai trouvé la conclusion assez abrupte. J’aurais préféré une outro plus longue et progressive. Ce choix est néanmoins assez cohérent pour une histoire type “tranche de vie”.
Quoi qu’il en soit, le CD comme la BD vous mèneront à des émotions similaires tout en vous proposant un parcours différent, faisant de The Year Loop Broke un type d’œuvre transmédia assez rare pour être salué. Les seules autres exemples qui me viennent en tête sont certains albums de Shyle Zalewski/Edam Edam. Les deux artistes stéphanois ont décidé de sortir le livre seul en librairie, alors que la version CD (qui contient CD+BD) est distribuée par We Are Unique records, qui publie également les autres disques de Raymonde Howard (NdRC : et à qui l’on doit également la sortie l’an passé de l’excellent Love Songs de Inflatable Dead Horse). Ainsi, vous pouvez choisir une porte d’entrée ou les deux, et même offrir le livre à vos amis qui n’aiment pas l’indie rock. Si vous en avez, évidemment. Dans tous les cas, je doute fort que vous soyez déçu du voyage. BD ou CD, tous les chemins mènent à Rome. Ou à Saint-Étienne. Mais pas le groupe, évidemment.
Blackcondorguy
* et accessoirement être humain absolument génial, on ne le remerciera jamais assez pour avoir accepté au pied levé de rattraper nos photos ratées pour l’interview de Sebadoh !
Un best-of de 27 titres, en cd, dont 4 morceaux récents et nouveaux, et deux vieux inédits. Une BD signée Half Bob, dessinateur fan d’indie-rock chargé par la riot grrrl stephanoise de retranscrire, via le dessin donc, les mésaventures de la dame lors de sa tournée anglaise, en juillet 2015 (maladie chronique aux reins l’ayant entrainée dans une autre tournée, bien moins plaisante: celle des hôpitaux anglais). Voilà ce que proposent, conjointement, We Are Unique! et les éditions Jarjille. Un bel objet, ça ne se conteste pas. J’irai jusqu’à dire un must, connaissant le coup de crayon du bonhomme et l’adresse de Raymonde à nous trousser, depuis 2006, des petits hymnes indés à la hauteur des grands et grandes de sa mouvance. Tout en conseillant bien entendu, au public averti, l’acquisition de l’ouvrage, c’est sa partie sonore que je décrirai ici après m’être imprégné, avec délices, de l’effort magnifique d’Half Bob.
On est parti pour un recueil, ça va sans dire, fourni en titres de marque. Il ne tolère d’ailleurs que ça: chez Raymonde, l’indé est un mode de vie et The naked line, sur un canevas fin au rythme sec et sans chair, ramène le quidam au bon souvenir d’une artiste à classer parmi les plus vraies de notre scène. Pam,papapapa pam pamm, c’est trop bon et ainsi résonne Quarantine blossoms, courte pièce indie-folk majeure et figurant au rayon des inédits bien lo-fi. Alors que Of flesh and bonds, rythmiquement nerveux et plus court encore, chatouille Shannon (Wright évidemment) et Polly Jean sur leur terrain habituel: celui d’un rock écorché, indé, j’aime à le répéter, débarrassé de tout fard et poids en trop.
J’en oubliais, exalté, qu’il y avait ici du nouveau. Je distingue toutefois le tout, n’y décelant rien qui se « fissure ». Stay with me, de voix typée en trame réitérée jusqu’à l’obsession, louche vers les Young Marble Giants. C’est dire le niveau des compositions, balafrées à la passion. Et qui, fortes d’une multitude de gimmicks fatals et sonorités brutes ou lunaires, font mouche sans peiner. La durée restreinte de bon nombre de morceaux permet en outre un impact immédiat et définitif, comme le génère The sculptress ou encore Staring at the moon qui le suit. Indé un jour, indé toujours. Rock aux premières heures, rock jusqu’au bout du parcours. Quinze ans déjà, marqués par cette doublette merveilleuse. Il doit se régaler, le Half Bob, en feuilletant ses pages tout en se gavant du son de Raymonde. The Raincoats are here, en plus. Alors tu parles si c’est bon, si le répertoire vaut non seulement notre attention, mais aussi toute notre estime d’auditeurs gagnés à la cause de Raymonde Howard et de la sphère en marge qui est la sienne depuis des lustres.
Penekini kill, clin d’oeil à qui vous savez -si, justement, vous êtes un-une vrai-e-, marque à nouveau la vérité, l’implantation dans la nébuleuse indie. Entre lo-fi, rock saignant et touches folk, le discours est entièrement maîtrisé. Song to shoot him est urgent, punk dans l’énergie, à nu ou presque. No hope, just despair, nouveau, est lui aussi dénudé. Ca lui va bien, à Raymonde. L’absence de flambe, de démonstration. Etre et ne pas paraitre.A breath in the closet, datant de 2008, complète d’ailleurs la brochette de « new songs » sur un ton folk ombragé. Ebony submarine présente des guitares crues, des tons psyché/acidulés. Half happy se conforme à l’option « 2021 », sobre et, comme à l’habitude, imparable. L’idée, est-il besoin de le rappeler, de créer The Year Loop Broke (ce n’était pas, pour le coup, 1991) est brillante, judicieuse, porteuse de A à Z. Double dare, do marie soubresauts rythmiques et notes à l’empilement derechef entêtant. Il est remonté, piquant dans ses mélodies. Angry ballerina renvoie le même impact, soutenu. Une fois encore, les sons addictifs pleuvent. Who’s got the girls voit Raymonde scander, dans le décor on pense à nouveau aux Young Marble Giants de Stuart Moxham. Le morceau s’emballe, nous aussi. Punktuality instaure le Français dans le chant, riffe et trace. Du tout bon, il ne saurait d’ailleurs en être autrement. Brooke Shield’s alphabet lie finesse et urgence, traits rock délibérés et énergie de bon aloi.
Plus loin, Free my legs ressort du placard où depuis 2008, il « reposait ». Vif et bavard, il ne faillit pas. C’est même tout le contraire: à côtés des titres tirés des albums trônent de vraies perles. Release the evil est également posté entre sensibilité et vigueur débridée. Between the lines, le plus ancien des morceaux offerts, démontre qu’à l’époque déjà, on façonnait du solide. On pense au Diabologum des débuts, très lo-fi, ou encore au Dionysos de la même époque, quand Malzieu et consorts se la jouaient tout aussi « désappé », sur la majorité des chansons. Terrortits crépite, groove grave. Great minds think alike associe les voix, s’appuie sur des notes qui captivent, un rythme marqué. On ne compte plus, sur The Year Loop Broke, les créations éclatantes. A l’heure où bien des compils’, stériles, sonnent le creux, celle-ci nous ravit sans coup férir. Généreuse, originale, elle sonne juste et se déploie sans le moindre faux pas. Harsh love menace, mais n’implose pas. Il gronde pourtant, avec brio. Il m’évoque les Breeders le jour, précisément, de l’anniversaire de Kim et Kelley. Chemical in need permet une terminaison -ou presque- probante, où les chants s’entremêlent.
Enfin Almost go unnoticed, haletant et obscur, douloureux dans la voix, s’en vient finir le travail pour couronner, s’il était encore besoin, quinze ans d’activité passionnante. D’une épreuve, Raymonde Howard a su faire acte de résilience qu’elle a littéralement, en faisant le choix d’un double support, transcendé pour poser une nouvelle pierre, décisive et attrayante à plus d’un titre, à son parcours artistique qu’il importe de citer en référence quand on évoque la vérité dans l’attitude et dans la manière d’appréhender la création musicale. Merci Raymonde, tu mérites amplement un « Howard » de l’indé pour l’ensemble de ton oeuvre. Will Dum
Interview vidéo de Raymonde Howard et Half Bob à l’occasion de la sortie de la Bd et de l’album « The Year Loop Broke » pour Froggy’s Delight
Interview vidéo de Raymonde Howard et Half Bob à l’occasion de la sortie de la Bd et de l’album « The Year Loop Broke » pour les Médiathèques Municipales de Saint Etienne
Titre inédit « Half Happy » extrait de l’album disponible en libre téléchargement sur la compilation N°56 du webzine A découvrir Absolument
Article du journal L’Alsace du 23 Octobre 2021 sur le festival du disque organisé par la fédération Hiero à Colmar avec Raymonde Howard et Half Bob invités pour un concert dessiné !
Chronique du livre-disque par Maxence Grugier dans New Noise#58
Chronique du livre-disque dans la rubrique qualité France de Rock’n’Folk N°648
Chronique du livre-disque dans la rubrique BD de Rock’n’Folk N°648
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