Lorsqu’au début de l’année 2008, The John Venture monte sur scène pour la dernière fois après plus d’un an et demi de concerts donnés à travers toute la France (notamment avec des artistes reconnus tels que Sole et Jel d’Anticon, Joe Lally de Fugazi…), le groupe composé des membres d’Angil & The Hiddentracks et B R OAD WAY affirme alors qu’il n’y aura pas de deuxième album. The John Venture n’était qu’un « one shot », fruit d’un concept consistant à réunir deux groupes pour confronter leurs univers respectifs sur un album et sur scène. Les deux groupes affirmèrent alors qu’il y aura bien malgré tout une suite : Deschannel, groupe stéphanois du label de B R OAD WAY (6AM Prod) rejoignant le collectif mouvant ainsi né confectionnerait le deuxième volet du projet avec Angil, avant de conclure par une troisième et dernière étape avec B R OAD WAY.
Pendant l’été 2008, Angil et Deschannel s’enferment donc plusieurs jours à La Fabrique d’Andrézieux-Bouthéon dans la Loire, l’ancienne usine de lacets où Angil avait accouché d’Oulipo Saliva en 2007, pour donner naissance à Jerri, la suite, l’antithèse, le fils émancipé de John si l’on s’en réfère aux textes d’une chanson de l’album The John Venture (what extra miles).
A l’opposé de la pop folk jazzy teinté d’hip-hop d’Angil et de l’abstract electronica de Deschannel, mais aussi à mille lieux de l’abstract hiphop electronica du père John Venture, Jerri convie guitares, batteries, samplers et autres claviers vintage pour créer une musique directe, simple et sans fioriture : une furie post punk aux reflets pop, mêlant allègrement quelques touches d’électronique héritée du krautrock et du hip-hop.
En 10 titres et une quarantaine de minutes, Jerri fait rentrer en collision les spectres du rock américain des nineties (Pavement, Sonic Youth, Fugazi, Blonde Redhead…) avec les défricheurs sonores du hip-hop underground de l’époque (Subtle, Kill The Vultures, Radioinactive…) sur un premier album qui a fait date sur la scène française.
Comprenant deux invités (le rappeur stéphanois Souljah’zz déjà présent sur John Venture, et Raymonde Howard, alors jeune chanteuse stéphanoise pleine d’avenir), enregistré et mixé par Jan de B R OAD WAY, coproduit par notre label avec 6AM Prod, le premier album éponyme de Jerri est sorti le 13 Mai 2009 au format CD et vinyl. Le groupe s’engagea ensuite dans une longue tournée où il partagea notamment la scène avec les mythiques Swell et Laetitia Sadier (Stereolab), mais encore les pointures du rap indé américains comme Sole (Anticon), K-The-I??? et Thavius Beck.
Sombre et dense, le nouveau projet d’un Stéphanois de première division…Jerri et pas j’ai ri : il fait sombre et froid dans ce nouveau laboratoire où Mottet et ses troupe forcenées testent la résistance à l’angoise, aux stridences électriques, aux beats toxiques. Parfois, dans ces dédales et corridors gluants, on a l’impression d’entendre Robert Wyatt psalmodier un rap patraque ou TV On The Radio décentré par la tempête en New Jersey, chez Yo La Tengo. C’est grave, intense, tendu et pourtant suffisamment charnel pour ne jamais virer au clinique, au cours magistral en musicologie déviante.
LES INROCKUPTIBLES (25 Mai 2009)
La partouze artistique continue à Saint-Etienne…szq textes intuitifs souvent dévastateurs dans le cosmos postmoderne…de space punk en post-rap urbain, de ballade indie indus en cold jazz électro-acoustique, on ne sait où donner de la tête, des oreilles et de la queue.
MAGIC Revue Pop Moderne – Mai 2009
le groupe, à coups de batterie, guitares, claviers et samplers, prend le risque de vouloir marier les influences majeures des deux décennies passées: le rock de Fugazi, Ween, et Broadcast, avec le hip hop marginal de Subtle et Radioinactive. Plus couillu, il n’y a pas…C’est donc sans véritable surprise que Jerri s’ajoute aux collaborations soufflantes à mettre au crédit d’Angil, acteur aussi méconnu qu’indispensable à une scène française qui aurait tant besoin d’alter egos.
MOWNO
Énergique, dense et sombre sont les maîtres mots de ce disque hors catégorie, mêlant indistinctement pop electro, rock, jazz… et surtout offrant beaucoup de portes d’entrées, de Sonic Youth à Why ou Notwist…Frissons garantis pour un des grands disques de l’année.
FROGGY’S DELIGHT
Jerri fait jammer Robert Wyatt avec Why ? et Yo La Tengo dans une collection de titres concoctés durant l’été 2008 dans une ancienne usine de lacets dans la Loire. Tout ça donne un album bigrement original, pas si facile que ça, mais auquel on devient vite accro au fur et à mesure que les écoutes s’enchainent.
BENZINE
Si la présence d’instruments électronique donne de l’ampleur et du relief à la musique de Jerri, la mélancolie prend une place importante dans l’univers de ce tout nouveau groupe faisant de leur premier album éponyme un parfait recueil de titres indie rock qui saura calmer vos angoisses !
NOVORAMA
Sauvage, tout à la fois rock ou rap, Jerri donne à Angil le droit de se lâcher et de montrer un talent inimitable
A DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
Jerri signe avec tact une succession de titres dont les contours sont difficilement saisissables, allant de la confrontation entre noïse, hip-hop et techno bruitiste.
W-FENEC
Jerri a réalisé un album quasi parfait dès son premier essai, un coup de maitre…
BLINKING LIGHTS
le quatuor couche des mélodies pernicieuses (Finland qui évoque Broadcast) ou, bien loin de flatter l’oreille, assène quelques brûlots à rebrousse poil (The M.I.A. Thing et Cum-Opera(ted) dans un registre hip-hop concassé, scandé, répétitif).
AUTRES DIRECTIONS
tout ce que touche Angil se transforme en or… Jerri est encore une fois un album formidablement emballant et jouissif.
SOLO TAPE
Quand il ne reprend pas à l’identique, sur scène, un album entier de Pavement ; quand il ne gagne pas sa vie en réalisant des traductions ; quand il ne prête pas ses excédents de musique à 0°, Broadway ou Hiddentracks ; quand il n’organise pas des concerts ; quand il ne milite pas pour la licence Creative Commons ; quand il ne passe pas sa vie à écouter aussi bien le jazz le plus cosmique que le R&B le plus bling-bling, le hip-hop le plus obscur que le freak-folk le plus halluciné, peut-être Mickaël Mottet trouve-t-il deux secondes pour dormir. Et rêver d’un monde où, loin des utopies de l’esperanto, il existerait une langue universelle, qui mélangerait tous les dialectes de la musique en un patois fluide, chantant et tranchant. A travers tous ses projets, dont sa maison-mère Angil, où il mélange ses passions sans faire le malin alchimiste, Mottet depuis plus de dix ans métisse, dévisse, dévie, évide. Un art de l’épure, de la réduction au minimum vital de tous les genres convoqués sous son scalpel qu’il partage notamment avec le collectif californien Anticon, et qu’il applique aujourd’hui avec Deschannel sous le nom de code Jerri. Jerri et pas j’ai ri : il fait sombre et froid dans ce nouveau laboratoire où Mottet et ses troupe forcenées testent la résistance à l’angoise, aux stridences électriques, aux beats toxiques. Parfois, dans ces dédales et corridors gluants, on a l’impression d’entendre Robert Wyatt psalmodier un rap patraque ou TV On The Radio décentré par la tempête en New Jersey, chez Yo La Tengo. C’est grave, intense, tendu et pourtant suffisamment charnel pour ne jamais virer au clinique, au cours magistral en musicologie déviante. “What is the use of playing more music?” s’affole le rap de The M.I.A. Thing. A offrir les quelques frissons, et pas seulement de froid, qu’ordonnent ces chansons détraquées et pourtant envoûtantes. JD Beauvallet
MAGIC Revue Pop Moderne -Mai 2009
La partouze artistique continue à Saint-Étienne. Un an après la mise au repos de The John Venture (Angil associé à Broadway), voici que déboule son turbulent rejeton, Jerri, réunissant le suractif Angil avec Deschannel. Il semble même qu’un projet regroupant Broadway et Deschannel soit en gestation, histoire de refermer le bizarre triangle amoureux. Mais ces garçons-là ne jouent pas avec leurs genres pour faire bon… genre. S’ils sortent en bande, c’est pour amplifier les risques : enregistrer un album en quelques jours, joindre l’Oulipo à Pavement à Anticon, fouiller les correspondances au lieu d’empiler les ego. Signe que cette attitude grandit les intéressés, c’est que l’album de Jerri est plus réussi que celui de son daron. C’est même sa jeunesse d’esprit qui en fait toute la valeur. Pris par le ludisme sauvageon de Deschannel, Mickaél Mottet laisse libre cours à ses pulsions méchantes, ce qu’on a toujours préféré chez lui. Et réaffirme au passage sa maîtrise amoureuse de la langue américaine, jetant des textes intuitifs souvent dévastateurs dans le cosmos postmoderne. Pour le reste, de space punk (A Sequel) en post-rap urbain (Go Fight Your War), de ballade indie indus (Dressed Suite) en cold jazz électro-acoustique (Finland, The Chap Hat), on ne sait où donner de la tête, des oreilles et de la queue. On parvient ainsi sans débander aux deux excellents morceaux conclusifs du disque : 1 Don’t Need Your Fucking Record To Love You et son mantra halluciné délivré par Souljah’zz (autre Stéphanois), puis le fragile et redondant Clayton’s Theory, qui contient ces vers frappés de magie : “Classic/Name giving/Modern/Name switching/Post/Name dropping”. Et là, ils ont tout compris. Michaël Patin
Depuis cinq ans qu’il respire officiellement la musique, Angil nous assène régulièrement de nouveaux projets tous aussi intéressants les uns que les autres. Que ce soit en solo (ses deux albums « Teaser For Matter » et « Oulipo Saliva ») ou dans le cadre de collaborations (avec King Kong Was a Cat, ou Broadway), le stéphanois n’a jamais cessé d’évoluer, emmenant toujours avec lui son registre dans de nouvelles aventures, souvent éphémères et donc cantonnées à un seul disque. Celle de The John Venture définitivement enterrée, c’est logiquement qu’il est allé fourrer son nez chez d’autres musiciens, plus précisément chez Deschannel, autre duo du coin signé sur le label de Broadway (6am Prod). Les quatre retournent donc s’enfermer à La Fabrique d’Andrézieux et donnent naissance à Jerri, nouvelle collaboration qui, une fois n’est pas coutume, est loin de sonner comme la simple addition de tous ses talents. Car c’est seulement entre les lignes que vous devinerez l’héritage pop/folk/electro des uns, et electronica des autres. Même l’electro hip hop de The John Venture semble désormais lointain. Non, Jerri possède bel et bien sa propre personnalité au sein de cette grande famille de musiciens qui n’était encore jamais passée à ce point à la moulinette post punk, pop, hip hop et krautrock. Mieux, reflet du métissage musical constaté ces dernières années chez les mélomanes ouverts d’esprit, le groupe, à coups de batterie, guitares, claviers et samplers, prend le risque de vouloir marier les influences majeures des deux décennies passées: le rock de Fugazi, Ween, et Broadcast, avec le hip hop marginal de Subtle et Radioinactive. Plus couillu, il n’y a pas. Pourtant, l’immédiat « Go Fight Your War » qui ouvre l’album et le très abouti « The Chap Hat » ne sont pas loin de nous faire croire au miracle. Tout comme, plus loin, « I Don’t Need Your Fucking Record To Love You » sur lequel apparaît le rappeur Souljah’zz (déjà au tracklisting de The John Venture), et le final « Clayton’s Theory » à faire rougir Blonde Redhead de jalousie. Ce qui n’enlève évidemment rien à l’entre-deux, à ne pas négliger non plus, fort qu’il est de compositions faussement linéaires, contribuant à façonner pierre par pierre une ambiance atypique: « Grace Is Gone » vous berce pour mieux vous embarquer, « The MIA Thing » triture les guitares indus, et « Cum-Opera(ted) » amène sa touche expérimentale et bruitiste. C’est donc sans véritable surprise que Jerri s’ajoute aux collaborations soufflantes à mettre au crédit d’Angil, acteur aussi méconnu qu’indispensable à une scène française qui aurait tant besoin d’alter egos. A découvrir sans plus tarder. Matthieu Choquet
On vous a souvent parle de Jerri dans ces colonnes, que ce soit par l’intermediaire de sessions acoustiques ou encore avec la publication du journal de l’enregistrement écrit par un des membres du groupe. Aussi cette chronique ne saurait être impartiale mais je l’espère vous donnera envie de découvrir au plus vite cet album.
Jerri fait en réalité parti d’un projet initié par les stéphanois de Angil et de B R OAD WAY et le premier volet fût l’album John Venture qui reunissait ces deux groupes sur album (et sur scène bien entendu).
La deuxième partie de ce tryptique annoncé est donc ce Jerri, fruit cette fois-ci de la collaboration de Angil et de Deschannel. On imagine et on espère déjà le troisième volet avec une collaboration entre Deschannel et les hyper-actifs B R OAD WAY. Mais pour l’heure, il est grand temps de se délecter de ce deuxième tome.
Composé et enregistrer rapidement, comme pour John Venture, Jerri a néanmoins eu droit à une session de rattrapage (voir ici et là les deux journaux des sessions). Enregistré quasiment totalement en live à la désormais fameuse Fabrique, le disque possède une incroyable énergie et une spontanéité sincère. Cependant, il n’en est pas moins bien fini et ne souffre aucunement d’un manque de production. Au contraire. Faire vite n’est pas chez les stéphanois synonyme de faire mal.
Énergique, dense et sombre sont les maîtres mots de ce disque hors catégorie, mêlant indistinctement pop electro, rock, jazz… et surtout offrant beaucoup de portes d’entrées, de Sonic Youth à Why ou Notwist.
“Go fight your war” qui ouvre l’album place d’entrée de jeu la barre haute. Rageur et mélodique autant qu’entêtant, ce titre est la parfaite introduction au monde de Jerri Myiad, “héros” du disque. Vous croiserez ensuite des batteries enivrantes, qui ne seront pas sans évoquer Swell, des collaborations étonnantes comme celle de Raymonde Howard sur “Sequel” hantée par le spectre vocale de PJ Harvey, magnifique. Sur “I don’t need your fucking record to love you” c’est le rappeur Dimitry Mbakop (aka SoulJah’Zz) qui prend la parole, déjà entendu sur John Venture pour une tirade superbe et noire à souhait.
Mickaël Mottet lui est toujours aussi entier et sincère dans son chant, ce qui donne des morceaux très viscéraux, qui vient des tripes et qui va droit aux vôtres, tripes. Impossible de rester indifférent au martellement de “The M.I.A. thing” ou aux murmures inquiétants de “Finland“.
Les 4 musiciens toujours impeccables jouent tour à tour batterie, claviers et autres joyeusetés rock avec, certes, chacun leur patte mais aussi une cohésion et une justesse qui servent parfaitement le disque sans jamais trop en faire et en privilégiant le groupe plutôt que les individualités. Aussi jamais l’ennui ne se fera sentir tout au long du disque et chaque titre apporte son lot de surprise.
Foncez vous procurer chez cd1d.com ou chez votre revendeur favori les gérémiades de Jerri Myiad. Frissons garantis pour un des grands disques de l’année et coup de coeur de votre serviteur, cela va sans dire. David Didier
Angil (Mickaël Mottet et Flavien Girard) habitués aux projets les plus divers s’acoquinent cette fois avec le groupe de hip hop Deschannel (Antony Goncalvez, Laurent Holdrinet) sous le nom de code Jerri pour un album mélangeant rock, électro, et hip hop qui part dans tous les sens un peu à l’image du récent Centenaire dont je vous parlais récemment. Plus rock, plus indus, plus sonique, plus noisy que Centenaire, Jerri fait jammer Robert Wyatt avec Why ? et Yo La Tengo dans une collection de titres concoctés durant l’été 2008 dans une ancienne usine de lacets dans la Loire. Tout ça donne un album bigrement original, pas si facile que ça, mais auquel on devient vite accro au fur et à mesure que les écoutes s’enchainent. (3.5) Benoît Richard
Si l’ASSE a frolé la descente, Saint Etienne est en passe de devenir une plateforme de la musique d’ici, mais une plateforme circulaire roulant sur elle même avec le même équipage, et aux commandes le même Mickael Mottet aka Angil. Lançant la mode des fusions, avant même la crise, Mickael répond à un besoin de traverser les courants. Comme le jeune homme a pas mal d’amis, il préfère créer avec eux, que de se limiter à une bouffe sympathique, mais pas trop productive. Après une alliance avec Broadway, Angil se connecte aux cerveaux torturés de Deschannel, pour ce projet du nom de Jerri. Si l’ouverture (Go Fight Your War) laisse à penser que ‘on va aller au combat, et qu’il ne sera fait de cadeau à personne, sortant non pas les oriflammes mais la mitrailleuse et le porte voix destructeur. Avec Jerri, la rencontre vire à la bataille sonore, une alliance servant de bouclier pour démonter les passerelles, construisant du solide à la place. On sent Angil plus à l’aise dans ce répertoire plus « rentre dedans », alliant son spoken word précis et sec à la fois à une musique plus rêche, plus rock, plus hermétique à la moindre aspérité de production surfaite. Jerri est comme un aimant absorbant tout, mais recrachant ce qui pourrait ne pas être retraité, se servant de ce surplus pour habiter les vides. Sauvage (MIA), tout à la fois rock ou rap, Jerri donne à Angil le droit de se lâcher et de montrer un talent inimitable, car derrière l’auteur de « Teaser For Matter » se cache un vrai animal, travaillant ici en collectif. Après Toulouse, Bordeaux et Lyon, Saint Etienne fourmille ses armes pour des saisons musicales de plus en plus intéressantes. GdO
Mickael Mottet est un artiste un peu à part sur la scène musicale française. Ce stéphanois plus connu sous le nom d’Angil s’inspire plutôt de la scène indépendante américaine pour composer sa musique influencée autant par le rock, le hip hop que le folk. Fan de la première heure des productions d’Anticon, il n’a jamais été aussi cohérent avec l’esprit de ce label de San Francisco qui a toujours su mélanger les influences musicales mais également les membres de son collectif pour expérimenter et chambouler les codes traditionnels des musiques actuelles.
Première qualité de Jerri, le chant, empruntant aussi bien au hip hop, slam ou rock, mais s’appuyant toujours sur une écriture impeccable au service du rythme. Seul un professionnel anglophone comme l’auteur / chanteur Mickael Mottet pouvait faire claquer les paroles de la sorte, comme sur l’excellent « Dressed Suitor », construit avec des mots monosyllabiques aux sonorités proches, ou sur les allitérations finales de « Cum-opera(ted) ». Partant de cette base, Jerri s’amuse à placer quelques sons de machine dans des morceaux rock (les samples de « Go fight your war ») ou une batterie plutôt rock sur des titres purement électroniques (« the M.I.A thing »). Pour brouiller encore plus les pistes, la guitare sera tour à tour mélodique (« Dressed Suitor »), rythmique (un accord martelé sur « Grace is Gone ») ou robotique (« the M.I.A thing »), l’ambiance plutôt calme (l’onirique « Finland ») ou carrément déjantée (« Cum-opera(ted) »). Un disque varié, mais non dispersé, avec un très bon son (enregistré live) qui est une des grandes qualités de l’album Jerri. A mettre à l’actif du groupe encore, cette manière de parsemer les titres de bonnes idées (le chant slamé sur fond très rock de « I don’t need your fucking record to love you », les divers samples utilisés, l’accélération de certains titres), avec finesse et mesure, là où d’autres auraient pu exploiter un filon jusqu’à l’écœurement. On l’aura compris, Jerri a réalisé un album quasi parfait dès son premier essai, un coup de maitre qui ne restera sans doute pas isolé tant le collectif semble motivé et aventureux (il faudra cependant bien suivre l’évolution des groupes et de leur nom, celui de Jerri disparaitra peut être à la faveur d’une autre configuration de musiciens). Souhaitons à ce quatuor de sortir rapidement de leur relative confidentialité, non seulement parce qu’ils le méritent mais aussi parce qu’ils décomplexeront ainsi les amateurs français enviant des productions Grand Bretonnes bien souvent inférieures… Bref, plutôt que d’écouter des disques étrangers faits de BEAK> et de BJÖRK, optez pour le premier Tome des JERRI !!
Lors de l’addictif titre ouvrant la tracklist, les “Go fight your war” lancés tels des incantations par Angil sur le massif son industriel (saupoudré de sonorités cuivrées à l’arrière-plan) produit par Deschannel, nous font regarder à deux fois sur quel label est sorti l’objet. Et non, ce n’est pas Jarring Effects qui a raflé le mise puisque Jerri est bel est bien le fruit de la coproduction entre 6 AM Prod et We Are Unique Records !, fidèles associés des forces en présence. “Go fight your war”, étant le produit d’appel, Jerri complexifie quelque peu la donne sur les autres titres et demande quelques réécoutes avant de se faire happer… et de rendre difficile la possibilité de s’en défaire.
Lorsqu’il l’appose sur des textures à tendance folk ou pop (“Dressed suitor”, “Clayton’s theory”), le chant de Mickaël (toujours en anglais), reconnaissable entre mille, évoque sa précédente collaboration (comprendre The John Venture) mais fait prendre un tout autre tour à Jerri lorsque les compos s’orientent vers des univers électroniquement abstraits, psychédéliques (le merveilleux “Grace is gone”) ou doucement biscornus (“Finland” et ses mélodies douces amers). Jerri signe avec tact une succession de titres dont les contours sont difficilement saisissables, allant de la confrontation entre noïse, hip-hop et techno bruitiste (“The M.I.A. thing” et ses beats font penser au projet resté à l’état embryonnaire EDA & Chris Wünj) au délire aussi long qu’hypnotique “I don’t need you fucking record to love you” (avec Soul Jah’Zz en guest), en passant par le déstructuré et alambiqué “Cum-opera(ted)” (et son air minimaliste à peine dissimulé…).
Vous l’aurez compris, Jerri ose le gros amalgame très riche en influences (on peut ajouter sans sourciller free-jazz, krautrock et post-rock à la liste des styles déjà évoqués) et si on a parfois du mal à en suivre l’itinéraire (“A sequel”), il se distingue brillamment en associant une multitude d’idées sans les imbriquer n’importe comment ! Et vu la rudesse de la tâche, on ne peut que tirer son chapeau devant la réussite des quatre (éphémères ?) associés. Rémiii
AUTRES DIRECTIONS
On s’était promis de ne pas se faire avoir une seconde fois.
Angil nous avait déjà fait le coup avec The John Venture, en s’acoquinant avec B R OA WAY. Une vraie réussite, mais qui ne devait pas avoir de lendemain et resté une parenthèse dans la carrière du stéphanois, lui qui gagnait une nouvelle stature internationale en voyant son dernier album, Oulipo Saliva, ressortir chez Chemikal Underground. Et voilà, qu’il réapparaît sous le pseudo de Jerri, cette fois-ci en compagnie du duo Deschannel (également de Saint-Etienne). Sur le papier, ça sent le réchauffé et on peut craindre que l’émulation engendrée par le “one-shot” The John Venture ne soit plus de mise… D’aucuns craindront d’être déçus quant d’autres iront jusqu’à ouvertement critiquer cette propension à collaborer à tout crin… On peut aussi écouter ce nouveau disque et oublié tout criticisme déplacé. En ouverture, Jerri assène un Go Fight Your War vindicatif et d’une efficacité redoutable : refrain fédérateur et pirouettes vocales, phrasé juste et ton harangueur, guitare bourdonnante, batterie véloce et surtout mille-et-un détails captivants comme ces chœurs samplés ou encore ces quelques notes de cuivres distillées malicieusement. Outre cette entrée en matière percutante, l’autre sommet de cet album est certainement The Chap Hat porté par un groove mélancolique, belle fusion entre des synthés ondulants et une batterie inventive mais délibérément sous-mixée, tandis qu’Angil fait encore des miracles au chant. Ailleurs le quatuor couche des mélodies pernicieuses (Finland qui évoque Broadcast) ou, bien loin de flatter l’oreille, assène quelques brûlots à rebrousse poil (The M.I.A. Thing et Cum-Opera(ted) dans un registre hip-hop concassé, scandé, répétitif.
Alors qu’on pouvait craindre que Jerri accouche d’une souris, Angil fait preuve une nouvelle fois de l’agilité du chat pour retomber sur ses pattes.
“John Venture is Jerri Myad’s father” pouvait-on entendre dans “What Extra Mile?”. Le voici donc Jerri, vraie fausse suite de l’album The John Venture sorti en 2006 en compagnie de B R OAD WAY. Cette fois, c’est avec le duo Deschannel que Mickaël Mottet et Flavien Girard construisent le personnage. Plus orienté krautrock que son prédécesseur, Jerri lorgne franchement du côté de Stereolab et de Broadcast. On pense à Ween aussi parfois. Alors bien sûr, je suis de ceux (et on est de plus en plus nombreux) qui pensent que tout ce que touche Angil se transforme en or… Reste que Jerri est encore une fois un album formidablement emballant et jouissif que je ne peux que vous recommander chaudement! Mathieu Pierloot
1er interview du groupe pour Froggy’s Delight en Août 2018
2ème interview du groupe pour Froggy’s Delight le 21 Juin 2009
Captation vidéo de la session acoustique du groupe pour Froggy’s Delight
Journal d’enregistrement de l’album sur Froggy’s Delight
Le titre “The Chap Hat” est en libre téléchargement sur le Volume 17 des compilations du site A Découvrir Absolument
Interview du groupe pour Mowno
Interview vidéo du groupe pour Novorama à l’occasion de leur concert au Nouveau Casino au festival des Ballades Sonores.
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