Espagne musulmane, folklore sans âge et bandes originales de Polanski invoqués dans les chansons anglophones magiques de Half Asleep, l’une de nos plus belles sorties à ce jour.
Subtitles for the Silent Versions est un album de chocs. Le premier des treize, « How quiet », contient deux des obsessions nouvelles de la jeune Belge Valérie Leclercq : doux arpèges sur une vieille guitare classique offerte par son père (le piano est d’ailleurs un legs familial lui aussi) ; et voix entrelacées, solennelles mais jamais empruntes.
Les chœurs multiples sont l’un des continua de l’album. Ils suggéreront parfois les compositions vocales de Krzysztof Komeda chez Polanski (Rosemary’s Baby), comme sur le finale de « The grass divides as with a comb ». Ou, dans « Personnalité H », les agencements harmoniques hors du temps que l’on n’entend guère que dans certains chants religieux antiques. Voire, lorsqu’ils sont scandés, hurlés à distance comme dans l’incroyable « For God’s sake, let them go », les influences yiddish du tout premier Why?, à l’époque où Yoni Wolf (se) découvrait et expérimentait un magnétophone dans la synagogue familiale.
Précisons à toutes fins utiles qu’à l’époque où elle enregistre l’album dans son appartement bruxellois (avec l’aide de quelques amis pour les arrangements de bois et cuivres), Valérie n’écoute ni ne connaît aucune des connotations mentionnées ci-dessus.
Lors de son précédent album, le digne et prégnant (We are now) Seated in Profile (2005), on évoquait des pianistes insulaires : Patty Waters, Lisa Germano, la séminale Nina Simone. Avec Subtitles for the Silent Versions, Half Asleep invente un nouveau territoire musical. « The fifth stage of sleep », par exemple, est une chanson déplacée. Géographiquement, historiquement, artistiquement, l’écoute de ces treize chocs transporte vers une dimension vierge, jamais explorée, située en réalité dans l’intimité profonde.
Chez We are Unique! Records, si nous avons tous su assez tôt que la 27ème sortie du label serait un grand cru, chacun a vécu la découverte de Subtitles for the silent versions comme une expérience intensément personnelle, privée. Les échos que vous y entendrez vous seront propres, assurément. Exilée cette année outre-Atlantique pour y poursuivre ses études d’histoire, Valérie Leclerc a su écrire avant son départ un disque de l’éveil, un disque de soi.
La production de Frédéric Ameel et Valérie, de même que le mastering de Gilles Deles, relèvent de la même discrétion que les interventions des arrangements : présents par leur effacement, emplis d’humilité. Subtitles for the silent versions n’est clairement pas un album d’aujourd’hui (comme on pourrait le dire de Out of Season de Beth Gibbons), et c’est tant mieux.
Le catalogue We are Unique! Records (qui fête cette année ses 10 ans, fort de l’aide confiante de ses « Membres bienfaiteurs ») compte deux chanteuses solo : Raymonde Howard et Half Asleep. Le disque de la première, ayant connu l’an dernier un succès indéniable, est évocateur de territoires sonores africains, faits de petites boucles, de transe et de blues ancestral. Nous souhaitons un destin médiatique au moins égal à la musique de Half Asleep, si différente et si similairement singulière : Half Asleep, c’est le fado que l’on se chante à soi-même, dans une souffrance réconfortante, une consolation douloureuse.
Mickaël Mottet
Ce nouvel album est une co-production entre l’artiste elle-même, son label We Are Unique! Records et le label Humpty Dumpty records, ce dernier ayant la charge de la sortie et distribution de l’album au Bénélux. Depuis son précédent album “(we are now) seated in profile” paru sur We Are Unique! en 2005, Half Asleep a partagé la scène avec Matt Elliott (elle faisait partie de son Band au piano pour plusieurs dates, dont les festivals Primavera, Tanned Tin…), Vénus, Françoiz Breut, Angil… Elle participa également à l’album de Delphine Dora “and the unexpected”, au dernier album “The And” d’Angil&The Hiddentracks, ainsi qu’au récent nouvel album de Jullian Angel “Kamikaze planning Holidays”.
Cette douceur, menacée, fait merveille dans cette musique de transe paisible, yeux fermés et corps bouillant….Mélodies flottantes sur piano somnambule : il y a du Agnès Obel dans cette autorité jamais austère, pâle mais pleine de vie. Du jazz écorché de Billie Holiday au fado d’Amália Rodrigues, du psychédélisme noir et stagnant de Nico au blues lunaire de Beth Gibbons, toutes les musiques de femmes éreintées mais toisant crânement le destin et la mélancolie se retrouvent dans ces mélopées qui rampent, qui hantent, qui entrent.
LES INROCKUPTIBLES – Jean Daniel Beauvallet – Mai 2011, noté 4/5
Ben non, justement, rien n’est « quiet » sur ce disque dont l’acoustique et l’épure apparente cachent des montagnes de choses complexes. J’adore le motif de voix aigües dans le pont. Sont décidément doué(e)s, ces Belges.
TELERAMA – Tour de pistes #20, “How Quiet” de Half Asleep, playlisté et commenté par Emmanuel Tellier, rédacteur en chef
Constamment entre ombre et lumière, entre une infinie délicatesse et une émotion vibrante, les treize morceaux sont autant de facettes d’une œuvre qui fascine à bien des égards…ici, la sobriété de la musique est son plus bel atout pour séduire, avec une évidence absolue.
POPNEWS
Plus que jamais, les demi-obscurités de la demoiselle à demi-éveillée imprègnent, écoute après écoute, nos jours et –encore plus – nos nuits….elle revisite de fond en comble l’héritage de la folk music – qu’elle modernise sur l’os quitte à surdoser son aridité…un héroïsme moderne où la balle de John Fahey rebondirait sur la guitare de Tara Jane O’Neil.
RIF-RAF (juin 2011)
La Belge Valérie Leclercq derrière le patronyme Half Asleep est un personnage atypique. Privilégiant l’épure extrême, elle officie dans une musique cardinale et cathartique. Ses chansons malades sont limitées à leur plus simple expression. Rarement plus d’un instrument à la fois, des harmonies vocales à la solennité vibrante, la chanteuse ne s’encombre d’aucune affèterie pour livrer une musique particulièrement douloureuse.
Pinkushion
Half Asleep, une des (très) rares artistes belges à même de lutter à armes égales avec Jessica Bailiff ou Tara Jane O’Neil.
Fabrice Vanoverberg (RIF RAF, Octopus, le Son du Grizzli, Hartzine…)
Unique. Comme son label.
BENZINE
…des compositions d’une beauté glaçante, servies par une voix de charbon à la Matt Elliott. Ici, les chœurs omnipotents donnent de l’épaisseur à des morceaux taillés comme du bois d’ébène.
MAGIC Revue Pop Moderne, Juin 2011
Half asleep c’est la gorgone. Un seul conseil, ne la regarde pas dans les yeux, ne la laisse pas te chuchoter ses mélodies à l’oreille, tu risques d’être changé en statue…des mélodies lancinantes et hypnotiques, c’est magistralement trop beau pour le commun des mortels.
GONZAÏ
Elle explore, au travers d’une instrumentation minimale et des arrangements discrets, un univers épuré qui laisse place ici à un travail passionnant sur les harmonies vocales
OBSKÜRE #4 Mai 2011
Des folk songs d’une délicate musicalité, baignées dans une douce lumière pâle qui, si elle ne parvient pas à réchauffer les cœurs, se prêtera en tout cas parfaitement à une forme d’errance, de rêverie.
POP REVUE EXPRESS
Un véritable contentement existentiel – par la force qui en émane et les trouvailles musicales qui sont proposées – qui rappelle parfois celui que l’on ressent à l’écoute d’une Billie Holiday, d’une Amália Rodrigues ou encore d’une Nico
D-FICTION
Ça commence comme une petite bluette monocorde, un thème serein et effacé, et peu à peu la folie gagne, la machine sensationnelle s’emballe. Ça descend, ça monte , jusqu’au vertige, l’étourdissement, voluptueux dans ses silences, gracieux dans ses esclandres : une dernière invitation, une dernière histoire. Qu’on écoutera toute une vie…Bouleversant !
L’OREILLE DE MOSCOU
Un très beau disque, à l’écriture lumineuse, dont la pierre angulaire est l’étonnant “For God’s Sake Let Them Go!”, d’une artiste forcenée au potentiel de légende underground en devenir qui est définitivement à suivre.
FROGGY’S DELIGHT
On la compare parfois à Agnes Obel, mais elle navigue bien plus haut que la Danoise qui, il faut bien l’avouer, a bien du mal à nous convaincre malgré le tapage fait autour de sa musique. Half Asleep, c’est un monde où la voix se fait douce, mélancolique et intrigante. C’est un monde où la guitare acoustique et le piano sont rois. C’est un monde qui nous berce avec ses jeux de voix intenses.
MUSIC IN BELGIUM
La jeune Belge Valérie Leclercq a tissé une balade folk au sein d’une forêt dense et belle…ses treize titres clairs- obscurs, chantés en anglais, sont empreints d’une mélancolie lyrique et fragile.
LONGUEUR D’ONDES # 60 – été 2011
Du grand songwriting, donc difficile à définir puisqu’Half Asleep propose une vision, tant textuelle que musicale. On pensera parfois qu’on a affaire à du folk, à de la musique indé (terme ultra-générique qui ne dit rien), mais son usage du piano et des voix fait s’envoler sa musique au delà des frontières stylistiques. Libre d’étiquette, elle avance sans regarder derrière ni devant, dans une totale intemporalité.
A DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
J’aime cette musique, parce qu’elle n’a pas peur d’affronter les zones d’ombre, qu’elle le fait avec pudeur et en même temps avec une détermination calme. De là sa beauté vraie, essentielle.
INACTUELLES, MUSIQUES SINGULIERES
Recevoir un disque de la part du label toulousain We Are Unique ! n’est jamais anodin. Alors, quand j’ai reçu ce disque de Half Asleep, j’ai pris le temps qu’il fallait, laissé au disque le temps qu’il fallait pour séduire. Je ne connaissais pas même de nom ce projet, mené de main de maître (en ai-je déjà trop dit ?) par la Belge Valérie Leclercq. Pourtant, son nom apparaît dans plusieurs productions que nous avons défendues ici : « The And » de Angil & the Hiddentracks, ou encore le dernier album de Jullian Angel, « Kamikaze Planning Holidays » . Des indices tout au plus, des sillons à creuser en tout cas…
La déambulation avec l’artiste a tout du voyage passionnant. Constamment entre ombre et lumière, entre une infinie délicatesse et une émotion vibrante, les treize morceaux sont autant de facettes d’une oeuvre qui fascine à bien des égards. Tout d’abord, Half Asleep ne rentre dans aucun moule bien défini. Ce n’est ni de la chanson, ni réellement du folk : c’est plus un mélange entre de grandes plages faites d’un mystère bien réel, suffisamment fort et attractif pour que l’on ait l’envie de se plonger dedans, dans ces choeurs souvent brumeux, ces mélodies qui tiennent en équilibre sur quelques notes de piano ou de guitare. Mais cette façon de ne dire les choses qu’à moitié laisse à la fois la place à l’auditeur d’envahir l’espace, d’y prendre place, mais lui permet aussi de prêter attention aux détails qui ne manquent pas. Ici des cordes de guitare dont on entend chaque vibration, là des croisements de voix, puis quelques notes de trompette se font entendre, avant qu’un presque silence s’installe. Il y a beaucoup de solennité, mais elle n’est jamais intimidante (« Personnalité H ») : elle est signe d’un profond dévouement aux mélodies, au chant, et témoigne d’une volonté de rendre justice à ces chansons qui évoquent en filigrane la tristesse du fado (« The Bell »), qui se heurtent parfois à une rudesse presque blues (« The Fifth Stage of Sleep », « For God’s Sake Let Them Go ! ») avant le dépouillement en apesanteur de « De deux choses l’une » ou « Mars (Your Nails and Teeth) ». Autant de preuves que Half Aleep a fait sien le dicton « less is more » : ici, la sobriété de la musique est son plus bel atout pour séduire, avec une évidence absolue. Judicaël Dacosta
Avec “Subtitles For The Silent Versions”, quatrième album de Half Asleep, la recherche musicale déjà très distinctive de l’artiste est encore plus approfondie. Une musique parfois aérée, subtile, avec des tensions, de la pureté, un jeu délicat sur les silences et les respirations. Cette musique dans laquelle on se glisse demandera un petit effort d’introspection, car c’est d’un voyage qu’il s’agit. Du grand songwriting, donc difficile à définir puisqu’Half Asleep propose une vision, tant textuelle que musicale. On pensera parfois qu’on a affaire à du folk, à de la musique indé (terme ultra-générique qui ne dit rien), mais son usage du piano et des voix fait s’envoler sa musique au delà des frontières stylistiques. Libre d’étiquette, elle avance sans regarder derrière ni devant, dans une totale intemporalité. L’album a une longue histoire, il a du y gagner tant la moindre note semble nécessaire. On pourra s’amuser à chercher ses influences, mais elles ne seront qu’un point de départ, comme l’origine lointaine d’une mutine échouée à des milliers de km de ses origines, expliquant le voyage, son pourquoi, mais pas son arrivée. On pensera à Robert Wyatt, pour sa façon d’utiliser sa voix comme un instrument total au même titre que la musique qui en partage le spectre sonore. On pensera à d’autres, mais son travail réunit des horizons si divers que citer des noms donnerais plus de confusion que d’éclairage. Des invités viennent rajouter à son univers si particulier. Jullian Angel, Isabelle Casier (Pollyana), Cécile Schott (Colleen), sa sœur Oriane dont les voix entremêlées font des merveilles… Quel calme ? En apparence, car sous ces volutes vocales et harmoniques se cache quelque chose, comme si la forme cherchait à contenir le fond, à le maîtriser. Des textes à l’image de la musique qui les soutient, uniques, certains très scénarisés, comme le rétrospectif et métaphorique The fifth stage of sleep. La construction de l’album fait habilement suivre les superbes montées finales de “How Quiet” par le désespéré The bell, relancé par le folk The fifth stage of sleep, dont les harmonies intrigantes suivent une intensité progressive. For god’s sake let them go vous invite par une mélodie inquiétante et douce…puis vient le silence. Des bruits. Soudain, un piano martelé pose les bases d’une cathédrale de voix qui donne le tournis. Un passage halluciné à écouter au casque pour un meilleur vertige. L’instrumental Ceres pluto Eres vient reposer avant Mars (your nails and teeth) qui pourrait nous faire croire qu’on a affaire à une scandinave, notamment à Unni Lovlid. Personnalité H est une pépite a capella qui pourra rappeler Submarine du “Medulla” de Björk…avec Robert Wyatt. Treize titres qui mérite chacun une attention, une description, mais à vous de découvrir le reste. De l’objet (un beau digisleeve à la pochette étrange, libre d’interprétation), à la musique dispersée dans l’éther, plusieurs étapes passent, et jusqu’à l’appropriation complète de l’œuvre, il faudra revenir plusieurs fois, car le voyage a, comme tout véritable voyage, ses phases étranges, ses phases de grâce, d’autres dérangeantes. Tout ce qu’on attend d’une Artiste digne de ce nom, qui nous emmène au delà de notre confort pour élargir notre champ de vision. Merci donc à Half Asleep pour l’expérience qui gagne à chaque répétition, merci aussi aux labels Unique Records et Humpty Dumpty records pour leur aide à l’existence de ce genre d’œuvres, nécessaires, qui avancent avec pour seule envie de créer, loin, très loin au dessus des logiques du marché de la musique. Barclau
Half Asleep, c’est le projet de la musicienne belge Valérie Leclercq. Avant de partir terminer ses études d’Histoire outre-Atlantique, Valérie nous a concocté un album aux tons acoustiques et intimistes. Les choeurs ont aussi une part prépondérante dans cet ensemble.
Valérie Leclercq n’a pas son pareil pour nous plonger dans un monde imaginaire. On la compare parfois à Agnes Obel, mais elle navigue bien plus haut que la Danoise qui, il faut bien l’avouer, a bien du mal à nous convaincre malgré le tapage fait autour de sa musique. Half Asleep, c’est un monde où la voix se fait douce, mélancolique et intrigante. C’est un monde où la guitare acoustique et le piano sont rois. C’est un monde qui nous berce avec ses jeux de voix intenses.
On peut déjà déguster les illustrations et le livret qui valent le détour. Un grand soin les entoure et c’est à relever dans un monde où ce point est de plus en plus négligé. Mais si le plumage vaut déjà le détour, que dire du ramage ? On aime le côté intrigant et mélancolique de « How Quiet! », le chant lancinant de « The Bell », l’intensité de « The Fifth Stage of Sleep » où la belle se transforme en multi-instrumentiste pour une 5e étape nocturne. « For God’s Sake, Let Them Go » passe d’une période méditative à un côté rebelle. La viole de Gambie est une sorte de violon qui sonne comme un violoncelle. C’est dire s’il pèse de tout son poids sur le sombre « De deux choses l’une ».
Il y a aussi des titres axés sur les voix. C’est le cas de « Mars (Your Nails And Teeth) » dont la finale instrumentale est menée par un piano répétitif. C’est aussi le cas de « Personnalité H » où l’ensemble « chorale » donne un effet mystique.
« The Grass Divides As With A Comb » voit Julian Angel assurer les voix masculines aux côtés de Valérie Leclercq, laquelle ensuite prend des tons sombres pour mieux nous cueillir et nous porter aux nues. Elle plane sur les toits nous décrivant ses visions pour « Sea of Roofs ». Pour « Tout est toujours plus triste quand il fait noir », un titre français pour un chant en anglais (tous les textes sont d’ailleurs en anglais), une trompette et un e-bow se glissent autour de la guitare acoustique. Le chant intrigue. On se laisse guider.
Valérie a mis en musique un extrait d’un poème de E. Dickinson, un auteur du 19e siècle. La 1re moitié se déroule en toute légèreté alors que l’intensité grandit sur le final transcendant. Enfin, « (Une histoire d’) Astronautes-marins-pêcheurs » est un duo avec sa soeur Oriane qui termine l’opus sur des tons mélancoliques.
Half Asleep tisse une trame musicale envoûtante qui nous captive d’un bout à l’autre. Valérie Leclercq nous emmène dans un monde parallèle intrigant. Prenez le temps de vous y laisser conduire, vous ne le regretterez pas ! Jplhoi
La première personne à m’avoir parlé d’Half Asleep est un certain Jullian Angel (dont on recommande chaudement le dernier album), à l’époque où ces deux-là se cachaient sous le nom de The Unexpected sur un disque où ils accompagnaient l’excellente Delphine Dora (qui est d’ailleurs responsable en ce moment même, avec la collaboration de Sing Sing de Arlt, du premier album des Loustics, qui n’est autre que l’un des projets musicaux les plus aventureux et les plus fous qu’il fut possible d’entendre depuis “Feu Et Rythme” de Colette Magny, sur le plan des dérives sonores improvisées et free jazz et non, bien évidemment, sur le plan politique, Les Loustics ayant une moyenne d’âge de 8 ans).
Delphine Dora et Jullian Angel que l’on retrouve d’ailleurs sur ce premier opus en six ans, au même titre qu’Isabelle Casier de Pollyanna. On ne va pas se mentir, ce disque n’est pas gai, et même sacrément sombre, néanmoins d’une belle noirceur qui ne cherche aucunement à imiter les ténèbres mais, proche d’un soleil noir que l’on pourrait croiser dans une Europe chrétienne folklorique de l’Est, voire d’un “Soleil Frais”, pour citer Dick Annegarn.
Musicalement, les compositions sont remarquables et d’une diversité à toute épreuve rappelant aussi bien l’acid folk progressif barré made in UK à la Comus, que le free de Patty Waters ou les prouesses techniques de Chopin. L’on appréciera également les parties de guitares nylon espagnolisantes en introduction qui plongent directement au coeur de l’univers singulier et donc personnel d’Half Asleep. Un très beau disque, à l’écriture lumineuse, dont la pierre angulaire est l’étonnant “For God’s Sake Let Them Go!“, d’une artiste forcenée au potentiel de légende underground en devenir qui est définitivement à suivre. Sam Nolin
Quand quelqu’un réussit aussi bien ses débuts qu’Half Asleep, il y a non seulement de l’excitation dans l’attente de son deuxième album – cinq ans bordel !! – mais aussi un peu de crainte. Sera-t-elle à la hauteur des espérances ? Dans le cas présent, la Belge allait-elle conserver cette classieuse mélancolie, brute , revêche qui à l’époque nous avait culbuté ? Quel suspens !!
Réalisées entre temps, les dernières collaborations avec Angil ou Jullian Angel (qu’on retrouve ici), apportaient quelques indices : le talent et le style restaient intact mais après ? Dès les premières notes de ce Subtitles For The Silent Versions, tout est (re)devenu clair…On pouvait être rassuré !
Dès les premiers mots on est emballé. Effectivement, le moteur du projet, son propulseur, c’est Valérie Leclercq, notre demi assoupie bien alerte ma foi. Son verbe, sa conviction, ce chant agile et brûlant, grave et sobre. Une voix, qui au cœur de chaque chanson est à la fois la balise et la tempête.
Une chose qu’Half Asleep a très bien intégrée, captant, et c’est tant mieux, toute la liberté, et la beauté attenante, qu’elle pouvait en sortir. Et, elle, d’offrir son imaginaire ouvert, pour nous, aux quatre vents.
Gratte, piano, bois, cuivres, ascètes et impérieux, sombres et cassants, sont mis à contribution, en appui de cette voix pas possible, édifiant structures chorales et autres syncopes mystérieuse, bourrées de chausse-trappes, d’accroche-cœur espiègles.
Ça commence comme une petite bluette monocorde, un thème serein et effacé, et peu à peu la folie gagne, la machine sensationnelle s’emballe. Ça descend, ça monte , jusqu’au vertige, l’étourdissement, voluptueux dans ses silences, gracieux dans ses esclandres : une dernière invitation, une dernière histoire. Qu’on écoutera toute une vie…Bouleversant ! Yvan
INACTUELLES, MUSIQUES SINGULIERES
Beauté grave
Half Asleep ? C’est une histoire qui remonte à 2002, quand Valérie Leclercq — qui signe paroles, musiques et arrangements — et sa sœur Oriane décident de passer des enregistrements sur cassette à celui d’un vrai disque, qui sort l’année suivante sous le titre palms and plums. Je manque apparemment une étape, mais j’attrape au vol (we are now) seated in profile, sorti en 2005. Sans doute l’un des disques que j’écoute le plus en ces temps. Je l’inscris dans ma courte liste rétrospective des disques de l’année 2005…juste derrière Steve Reich, et quelques monuments de ce début de vingt-et-unième siècle ! C’est une histoire qui remonte à la préhistoire…de ce blog, avant sa création en février 2007. Puis j’ai attendu. En mai 2011, Subtitles for the silent versions est dans les bacs. Je l’écoute, vite, et mal, déçu, pris par d’autres écoutes, d’autres préoccupations. Je le laisse dormir. Je le reprends voici peu, et je sombre, sous le charme. Envoûté, à nouveau, au point de l’écouter en boucle, comme enfermé dans cet univers intime, mélancolique, intense, beau. Il y a d’abord la voix de Valérie Leclercq, au grain très doux, grave, mais à peine, où l’on entend toujours le souffle : voix idéale pour les mélodies en demi-teintes, les atmosphères brumeuses, irréelles, voix des ballades entêtantes des grandes chanteuses folk. Servie par sa guitare ou son piano, qui dessinent des lignes mélodieuses, aux enlacements subtils : quelques motifs répétés, prolongés en échappées rêveuses, ponctués de contrepoints délicats, de trouvailles tout en finesse, aérés de moments de quasi silence. Autour d’elle, selon les titres, sa sœur qui la double dans des parties vocales troublantes, parfois avec une autre voix encore dans des a capella qui font songer à la musique vocale anglaise des anthems ou des musiques domestiques à la bouleversante simplicité. Ici ou là, le grave d’un trombone, la viole de gambe ou la clarinette de Colleen (Cécile Schott), une basse, flûte ou des percussions discrètes : des soulignements, des surgissements de texture qui correspondent toujours à une montée émotionnelle. Il ne s’agit jamais d’étourdir l’auditeur : chaque instrument est à sa place dans ces tissages patients qui sont autant de captation de l’ineffable sous l’évidence du chant, sa pureté tenue. Beaucoup de pièces commencent par une introduction méditative, à l’écoute de l’instrument soliste, de sa voix, avant que la voix humaine ne surgisse comme son prolongement naturel.
Le développement se fait alors par paliers, par cercles d’une somptueuse douceur : la musique est ensorcellement, charme, comme, exemplairement, dans “The Bell”, le second titre. La voix souffle un chant-caresse, un chant-capture, rejointe par elle-même et quelques traits de flûte veloutée, sur une mélodie jouée par un piano lumineux et grave, dans un mouvement d’une irrésistible lenteur, une marche extatique au bord du rien. J’en frissonne encore. Et tout le disque est ainsi. “The Fifth stage of sleep”, juste après, est une merveille rêveuse, une plongée dans les différents cercles du sommeil, aux origines de la vie. Ce qui n’exclut pas des remontées vigoureuses, comme dans “For God’s sake, let them go !”, sorte d’illumination autour du feu dévorateur dans une transparence onirique qui meurt avant de renaître pour se fracturer le long de plaintes obsessionnelles démultipliées. La viole de gambe magnifie “De deux choses l’une”, la voix serrée contre la guitare qui dit avoir vu vaciller soudainement des coteaux tranquilles sous la pression d’une vague : allusion au tsunami qui a ravagé le Japon ? au tremblement de terre de Haïti ? Ce qui bouleverse, c’est cette gravité qui force l’attention tout au long des mots égrenés, ce constat désabusé : « Now it seems the grimmer is the deed / The more lightly my feet carry me / But will you still comfort me ? / Knowing i still yearn for relief ». Face à l’effroyable, il faut convoquer la beauté : suit le très bref et incantatoire instrumental “Ceres Pluto eris”, au piano, dont la fin sonne comme du Alain Kremski.
À partir de l’extraordinaire “Mars (your nails and teeth)”, à l’étonnante introduction à plusieurs voix tournant autour d’un seul couplet, suivie d’un triple décollage au piano, à la flûte alto et aux voix, deux voix masculines de gorge se surajoutant, le disque atteint des sommets rares. Beau duo avec Julian Angel sur “The Grass divides as with a comb”, parsemé de moments flamboyants, et les voix s’élèvent, angéliques et suaves, dans un incroyable final éthéré. Je fonds totalement avec “Sea of Roofs”, cette mélodie magnifique au piano, ce chant murmuré, ces cymbales miraculeuses, cette attention à ce qui appelle. Beauté désolée, poignante, un thrène très noble et digne : si loin du divertissement, de l’oubli auquel nous pousse la consommation d’informations-à-très-vite-effacer-je-vous-prie. Et “Personnalité H”, quelle audace d’écrire aujourd’hui une telle polyphonie, un véritable motet, dans l’esprit des meilleurs morceaux de Robert Wyatt ! Suivi d’une adaptation inspirée d’un fragment de poème d’Emily Dickinson, presque neuf minutes d’une folk ambiante qui s’enflamme et tourbillonne (je pensais alors à Phelan Shepard). Pour finir, un duo à la Lewis Caroll entre les deux sœurs sous le titre “[Une histoire d’]astronautes-marins-pêcheurs”, l’une exhortant l’autre à ne pas ruiner les illusions des hommes, l’autre se dénigrant tout en regardant avec une certaine ironie le monde qui l’environne. J’aime cette musique, parce qu’elle n’a pas peur d’affronter les zones d’ombre, qu’elle le fait avec pudeur et en même temps avec une détermination calme. De là sa beauté vraie, essentielle. Je comprends que gravite dans son cercle Matt Elliott, aux musiques si sombres et prenantes, engloutissantes au point qu’elles m’effraient parfois, elles. Ici, la chaleur de la ou des voix, la limpidité des lignes mélodiques, nous sauvent de la déréliction. Parce que l’humanité est là, dans les souffles et les timbres, la retenue et les élans, le soin attentif aux détails d’accompagnement, loin des artefacts et des recettes. Un des grands disques de 2011…et je suis sûr qu’il m’accompagnera bien au-delà.
LONGUEUR D’ONDES # 60 – été 2011
Pour son second album, la jeune Belge Valérie Leclerq a tissé une balade folk au sein d’une forêt belle et dense, où le soleil ne parvient jamais vraiment à percer entre les feuilles des hautes cimes. Ses treize titres clairs-obscurs, chantés en anglais, sont empreints d’une mélancolie lyrique et fragile. Piano et cordes s’entremêlent pour installer une ambiance intimiste et solennelle. La voix de fée nordique de cette poupée folk, un peu austère, transporte efficacement du côté du rêve. Et celui-ci est aussi grandiose et froid que la nef d’une église. La dimension quasi religieuse des morceaux est d’ailleurs renforcée par les chœurs masculin et féminin qui habillent parfois le chant de Valérie, distillant une résonance harmonique sur l’ensemble. C’est beau, mais on s’ennuie un peu : le sentier mélancolique qu’Half Asleep a choisi de suivre jusqu’au bout finit par peser à tant manquer de légèreté. Aena Léo
Half asleep, c’est un peu tout le contraire de Ichliebelove. , Autant le second fait dans la luxuriance, autant la première fait dans l’épure. Autant le Tourangeau mèle électrique et électronique, autant la Belge fait dans le tout acoustique. Autant Ichliebelove se répand dans le technicolor, autant, Half Asleep, se réfugie, dans le Noir et Blanc. Comme sur son prédécesseur, (we are now) seated in profile, la musique de Valérie Leclercq évoque parfois les films muets, tendance expressionniste, ambiance fantastique (For god’s sake let them us ou, the grass divides as with a comb chanté en duo avec Jullian Angel). Ceres Pluto Eris est même un vrai instrumental au piano laissant planer un mystère, à chaque accord. D’ailleurs, il y a souvent du Satie dans ce piano suspendu (Sea of Roofs). La musique de Half Asleep est habitée, une image que l’on utilise souvent, à mauvais escient mais qui trouve une véritable incarnation ici. La Belge a un vrai univers – autre cliché – arrivant à créer une musique fragile mais chantée d’une voix grave et distante ;, une musique de folk de chambre qui pourrait apparaître comme »classique » mais qui par le regard biaisé, que lui porte, Half Asleep devient spéciale et particulière. On peut parler de miroir déformant par exemple quand associée à Isabelle Casier de Pollyanna ou Delphine Dora, elle crée des polyphonies vocales harmonieuses mais étranges. Sur Personnalité H, il y a carrément cinq voix ensemble, créant une atmosphère belle et, effrayante, qui, si elle ne va pas aussi loin que le travail de Ligeti ou de Komeda (liés à jamais aux BOs de Kubrick et de Polanski), commence déjà à s’en approcher.
Au même titre que Cat Power, la musique Half Asleep vient de la folk mais avec cette même exécution à fleur de peau et, cette folie sous-jacente qui, font naître, l’émotion d’une sensibilité, particulière et cabossée, (The Fifth stage of sleep). Pourtant, l’instrumentation de la Belge la différencie de l’Américaine. Chez Half Asleep, flute, clarinette, viole de gambe (tenue par Colleen) créent un écrin précieux et hautement mélancolique. Ces instruments, rajoutent encore plus, au caractère sans age et hors du temps d’une musique, où la rythmique n’est, marquée, ni par, une basse, ni par, une batterie. , La tristesse et même parfois la douleur transpirent dans la musique de Half Asleep. Pourtant, derrière la noirceur, une beauté éclatante ne demande pas mieux qu’à apparaître (Une invitation sur un texte d’Emily Dickinson est, bouleversant). Et c’est bien là l’essentiel.
Unique. Comme son label. Denis Zorgniotti
Half asleep c’est la gorgone. Un seul conseil, ne la regarde pas dans les yeux, ne la laisse pas te chuchoter ses mélodies à l’oreille, tu risques d’être changé en statue. Celle d’un John Lennon assassiné ou d’un Léonard Cohen en coma éthylique profond. La gonzesse chuchote plus qu’elle ne chante sur des mélodies lancinantes et hypnotiques, c’est magistralement trop beau pour le commun des mortels. Parfois tellement bien balancé que tu entends les changements de tonalités arriver marche après marche comme dans une longue marche funèbre. Avec elle, pas le droit à l’erreur, faut assurer en permanence, tendre l’oreille et apprécier. Ce qu’elle veut c’est du caviar et des hôtels de luxe, des balades en limousine et des longues nuits d’amour. Si tu as un bon portefeuille et un manche solide, elle est pour toi. Elle te ruinera et te laissera raide mort sur l’oreiller. Le Poulpe
Half Asleep is het project van de Belgische Valérie Leclercq en een klein beetje van haar zusje Oriane. Ze debuteert in 2003 met de cd-r Palms & Plums, uitgebracht op het Another Record label. Hierop wordt al snel duidelijk dat dit een heel bijzondere singer-songwriter is, die droefgeestigheid op intieme wijze tot kunst weet te verheffen. In 2004 volgt er nog een cd-r op Hinah, te weten Just Before We Learned To Swim. Deze eindigt heel hoog in mijn eindejaarslijst. In 2005 wordt deze als cd heruitgegeven op Matamore. Datzelfde jaar verschijnt haar wederom verbluffende (We Are Now) Seated In Profile, die ook hoog in mijn jaarlijst eindigt. Valérie brengt op intieme en bedachtzame wijze singer-songwritermuziek met piano, akoestische gitaar en soms drums. Daarbij zingt ze op bijna fluisterende wijze, al dan niet met haar zusje. Ondanks het introverte en fragiele karakter heeft de muziek een enorme impact. Het is muziek om dieper over mooie dingen na te denken of gewoonweg gedachteloos weg te dromen. En of je het nou singer-songwritermuziek, folkrock, droompop, sadcore of licht experimenteel noemt, het is en blijft hemels. De melancholie druipt door de betoverende melodieën heen. Hierna is het lange tijd stil, op een split-lp na. Nu, zes jaar later komt ze dan eindelijk met haar vierde album Subtitles For The Silent Versions op de proppen. Onder meer een studie in de VS hebben de muzikale resultaten wat vertraagd, maar het is het wachten meer dan waard geweest. In de basis is de muziek ongewijzigd, hetgeen inhoudt dat je nog steeds adembenemende, intieme en bovenal melancholische songs krijgt waarbij piano, gitaar en de indringende fluisterzang de dienst uitmaken. Aan de andere kant is plaat meer uitgesproken geworden en tevens een haartje extroverter dan voorheen. Er zijn hiervoor meer gasten dan ooit aangetrokken om de muziek op prachtige wijze in te kleuren. Naast Valérie (zang, piano, gitaar, fluit, percussie, bas, noise, cimbalen, keyboard) geven Oriane (zang), Isabelle Casier van Pollyanna (zang), Thomas Boudineau (trombone, zang), Delphine Dora (zang), Julien Angel (zang), Cécile Schott van Colleen (viola da gamba, klarinet), Thomas Vatant Antonelli (fluit), Justin Gistelinck (trompet), Frédéric Ameel (e-bow bas, bas), Vinciane Stenmans (zang) en Michel Leclercq (zang) acte de présence. Dit om maar eens te onderstrepen dat de aanpak grootser is, overigens zonder iets aan die wonderschone intimiteit in te boeten. De composities zitten nog beter in elkaar dan voorheen, hetgeen de duidingkracht alleen maar ten goede komt. De zang houdt het fraaie, maar bevreemdende midden tussen Nico, Annelies Monseré en Soap&Skin. Ook muzikaal is er wel enige verwantschap. De muziek is verder een bijzondere kruisbestuiving van de latere PJ Harvey, Nancy Elizabeth, Shannon Wright, Tara Jane O’Neil, Fran Rodgers, Mi And L’au, Talk Talk, Dustin O”Halloran, Stina Nordenstam en Movietone. Heel fraai is de veelvuldig opduikende samenzang. Luister bijvoorbeeld eens naar het verbluffende “The Fifth Stage Of Sleep”, waarbij de folkachtige muziek van prachtige zang en slaperige rap wordt voorzien. Het is overigens zo maar een greep uit de schatkist. Als totaal kun je gerust stellen dat dit het allerbeste en allermooiste is dat Half Asleep ooit heeft voortgebracht; zo mooi zelfs dat het haast pijn doet. De muziek kruipt diep onder je huid om daar alle gevoelige snaren flink te raken. Dagdromen gegoten in goudgetinte melancholie. Schoonheid heeft zich zelden zo stil, intiem, puur en tegelijkertijd op zo’n overdonderende wijze aangediend. Jaarlijstjes materiaal!
2023 © We Are Unique! Records ⋮ CGV ⋮ Contact ⋮ Mon Compte