Mickaël Mottet est un type rare. Du genre à rêver haut et fort et à établir à propos de tout d’enthousiasmantes théories joyeuses dont le caractère biscornu n’a d’égal que l’humour et la pertinence. Homme de savoir généreux, c’est un passeur inlassable, un éclaireur, un lanceur de fusées qui n’a pas renoncé à traquer ce qui fait sens dans le foutoir parfois informe de ce que l’on a coutume d’appeler la pop-music. Pour cela, il bricole des concepts éveillants et pas pesants pour un sou, comparant, expérimentant, alliant effrontément les vertus cristallines de la raison aux effets magiques de l’intuition pure. Mickaël Mottet, docteur en sciences paradoxales, donc, et contrebandier magnifique, ivre de savoir et de plaisir est aussi un musicien fougueux dont les chansons hérissées, teigneuses et sensibles mordent le cœur, brûlent la moelle, ouvrent l’imagination, sollicitent à part égale la cervelle et les jambes.
Chacun de ses disques est une proposition en soi, un système ouvert et accueillant pour l’auditeur qui y trouvera tout ensemble matière à s’étonner, à penser, à jouir et à s’émouvoir. Et qui en sortira « relevé », avec la sensation d’être un peu plus complet, un peu plus vivant et que quelque chose, du réel et de lui même, lui a été rendu.
Après TEASER FOR: MATTER (2004), premier effort de folk aventureux et théorique (« des chansons sur les chansons », comme le résume l’intéressé), OULIPO SALIVA (2007) exercice, comme son titre l’indique, de chansons à contraintes (écriture lipogramme etc.), après la fastueuse table d’hôtes pop intitulée THE AND (2010) et à laquelle on croisait avec bonheur Françoiz Breut, Valérie Leclerq, Jim Putnam, Laetitia Sadier etc, le nouvel album d’Angil and the Hiddentracks s’appelle NOW et c’est un tournant de taille dans l’histoire du groupe.
A partir de motifs rythmiques décharnés (un tempo, une syncope, une ou deux phrases nues) et de mélodies entendues en rêve (!) Mickaël Mottet a composé tous les morceaux en compagnie du fidèle Flavien Girard, auparavant préposé aux Farfisa et métallophones, ici promu batteur (et quel batteur, musical en diable, hargneux, génialement ambigu) avant de les offrir en pâture à Francis Bourganel (« saxophone, lame sonore, cousin, guide spirituel ») et au reste du groupe. Ce groupe idéal et ahurissant d’instrumentistes télépathes, capables comme personne d’envisager les références musicales – nombreuses et variées – comme des fantômes rôdant dans les chansons plutôt que comme des citations kitch et rebattues : ainsi jurerait-t-on que les arrangements sont rêvés plutôt que vraiment joués.
Mais alors rêvés à tue-tête et tour à tour insidieux, lancinants, frappeurs, à mille lieues d’un quelconque onirisme éthéré, du moindre petit mystère préfabriqué (on entend passer sans s’appesantir les ombres de Can, de Mingus, des Beatles, des orchestres naufragés de Gavin Bryars ou des B.O. de vieilles série B tchèques, on les entend passer, oui, sur la pointe des pieds pour soudain mieux cogner aux portes, briser les fenêtres, renverser les tables). Violon, scie musicale, bois et cuivres parent la guitare osseuse et revêche de Mottet de couleurs fauves et leur espèce de véhémence sereine donne une idée de ce que l’hypnose veut dire quand elle a le goût du sang.
Le chant maraude entre grande douceur (TRISH, ode à feu Trish Keenan, triste et belle comme une ballade de Chet Baker), ferveur tuméfiée (WHEN HE SAYS YOUR NAME, gospel en larmes et en lambeaux), emportement (SWAN SONG, DO) et charme pur (I HAVE STOPPED WONDERING et son groove d’aube difficile). Rappeler ici combien Mickaël Mottet est un excellent chanteur, renversant de musicalité, plasticien sensible, rythmicien savant et mélodiste hors-pair.
Les cris hors micro, les chœurs assurent le frisson, tremblant dans le lointain d’une production aérée, acérée, aussi tranchante que voluptueuse et riche en surprises, assurée par le très talentueux Greg Aliot.
Miracle de musique sans étiquette (on entend du rock tordu, des fanfares abstraites, du jazz déviant, de la pop anguleuse, du hip-hop pataphysique et de la musique d’orchestre), NOW est un disque bref et ouvert pourtant à tous les désirs, à tous les appétits. Un disque plus frontal que jamais, qui attrape, secoue et obsède l’auditeur, mais aussi le berce et le console, tout au long de dix chansons terribles d’humanité (colère, tristesse et joie), et d’intelligence (rigueur de la construction d’ensemble, haute altitude des textes).
On sait que M. Mottet avait le désir d’enregistrer un disque sur lequel il serait loisible de « danser en chialant ». On a essayé, c’est réussi.
Sing Sing (chanteur du groupe Arlt)
L’ensemble évoque tour à tour les travaux de Pavement, Arcade Fire, Robert Wyatt ou des Little Rabbits, car si Angil And The Hiddentracks appartient à la grande famille indie, c’est dans le post-rock et le jazz que plongent ces morceaux sans loi.
Les Inrockuptibles – 30 Mars 2012, noté 3,5/5
Mouvant et passionnant, le collectif offre un disque mille-feuille et expérimental d’où s’échappent de beaux chapitres de rock sauvage et barré, comme cet impressionnant To progress
Les Inrockuptibles – 04 avril 2012, titre “To Progress” sur le sampler Un printemps 2012 volume 2
…disons le tout de suite, Now est derechef et tout simplement un chef-d’oeuvre…Que ce compositeur, mélodiste et parolier hors pair ne jouisse que du dixième de la reconnaissance qui devrait lui revenir reste un mystère. Alors pour (re)découvrir Angil, c’est Maintenant!
Magic – Mars 2012 – noté 5/6
Avec ce quatrième album, le projet de Mickaël Mottet et Flavien Girard, devenu une référence en matière d’indie pop, continue son petit bonhomme de chemin au son d’une musique délicate, mélodieuse et intimiste, qui ose évoluer sans se mettre aucune barrière. Teaser for : Matter (2004), Oulipo Saliva (2007) et The And (2010) avaient déjà posé les bases d’un parcours impeccable. NOW s’inscrit dans la lignée.
Obsküre Mag
un des disques qui fera de 2012 une bonne année et qui restera dans les mémoires
A découvrir absolument
Rares sont les groupes de rock en France capables de proposer un univers aussi foisonnant, original et inspiré que celui de Angil.
Hop-Blog
Puisant autant dans le free-jazz que dans la noisy-pop, la dernière livraison d’Angil et de ses Hiddentracks en très très grande forme est le disque idéal pour ceux qui se sont toujours refusés à choisir entre le “Blues and Roots” de Mingus et le “Slanted and Enchanted” de Pavement.”
Popnews – disque de la semaine du 21/03/2012
On a affaire à l’une de ces formations françaises passionnantes, inventives et toujours surprenantes, qu’il faut avoir l’intelligence de suivre et de soutenir. Et certainement aussi à son meilleur album, en parfaite possession de ses moyens. De la pure création, bravo !”
Froggy’s Delight
Ainsi, saxophone, violon, percussion, hautbois, batterie, trombone, contrebasse, flûte traversière ou encore clarinette se concordent parfaitement et emmènent “Now” à l’oeuvre d’art.
Mowno
Une musique qui s’adresse toujours à chacun d’entre nous comme s’il était le dernier humain sur terre, et qu’importe dès lors si Pitchfork venait à s’en mêler.
Indie Rock Mag
Le dictionnaire des synonymes ne suffirait pas à trouver tous les superlatifs inhérents à cette galette : innovante, inspirée, créative, osée bien qu’un rien maladroite par moments, elle dépasse largement nos attentes…. Les gens qui vivent pour (et ne cherchent pas à vivre par) la musique sont devenus tellement rares qu’il serait dommage de les ignorer. Ecoutez, partagez, découvrez.
No Dress Code
Rare sont les groupes de rock en France capables de proposer un univers aussi foisonnant, original et inspiré que celui de Angil
Benzine
…Le chant de Mickaël Mottet est toujours aussi attachant comme ont pu l’être à leur époque ceux de Stephen Pastel ou de David Gedge. L’instrumentation est riche, fluide, illuminant des mélodies sifflotantes et langoureusement entêtantes…
Kfuel
Angil sait composer de merveilleuses mélodies pop, certes les arrangements de haut-bois et autre clarinettes sonnent parfaitement juste, mais c’est bien l’extravagance dissimulée de cet album qui le rend Unique.
Positive Rage
Now est un album surprenant car il est à la fois ambigu, éclectique et pluriel, entraînant aussi bien qu’intimiste, abordable comme techniquement poussé. Un disque à l’identité propre, à l’âme sensible et complexe.
Novorama
Depuis « Teaser for : Matter » en 2005, impossible de ne pas se passionner pour chaque album sorti par le Stéphanois anglophile Mickaël Mottet sous le nom d’Angil & the Hiddentracks. Et c’est peu dire que « Now » ne fait pas exception à la règle.
Bien plus qu’un excellent album, « Now » est un réel manifeste pour tous les mélomanes qui ne peuvent se restreindre à une chapelle musicale particulière. Puisant autant dans le free-jazz que dans la noisy-pop, la dernière livraison d’Angil et de ses Hiddentracks en très très grande forme est le disque idéal pour ceux qui se sont toujours refusés à choisir entre le « Blues and Roots » de Mingus et le « Slanted and Enchanted » de Pavement.
Trop souvent, la rencontre du jazz et du rock mène à ce qu’il y a de pire : le jazz-rock, le jazz-fusion, ce genre de musique sans âme jouée (et écoutée) par des premiers prix de conservatoire au bon goût douteux. A cent mille lieues de cette musique minutieusement et froidement calculée, Mottet et sa bande tirent le meilleur de chacun des deux genres musicaux : le souffle épique et libertaire du free-jazz (« Now », agrémenté d’un point d’exclamation « impulsien », aurait d’ailleurs fait un excellent titre d’album de jazz libre au début des années 60), la justesse approximative et poétique du rock indé (Mottet joue et tapote sur sa Jazzmaster). Deux manières de penser la musique a priori opposées qui se retrouvent si bien mariées ici.
On l’aura compris, « Now » est une oeuvre légèrement schizophrène, à la fois ouvertement cérébrale et furieusement sensorielle (une définition du free-jazz originel ?) et pas que dans sa capacité à lier deux genres musicaux a priori inconciliables. Mottet a ses obsessions, qui nourrissent « Now », oeuvre qui nous parle autant de musique que de guerre, deux thèmes majeurs transparaissant dans les paroles des dix chansons de l’album : omniprésence des champs lexicaux de la musique, de l’écriture (« I dreamed of a song », première phrase du disque) et de la guerre, de la violence (« This time it’s the war of the century / This one, this time / In a century of wars », en refrain-clé du disque), utilisés le plus souvent conjointement (les prénoms ultra-référencés « Elvis » et « Otis » confrontés au terme « colonisation » dans le lapidaire « Know-Hows » ; le titre-même de la chanson « Swan Song of a Refugee »).
Mottet parle de musique, de guerre, mais bien souvent à la première personne. On croit comprendre que c’est à un véritable combat intérieur qu’il se livre, une guerre qui ne trouvera d’issue que dans la réalisation de sa musique. On imagine les lignes ennemies avancer en écoutant les cuivres déchaînés de « Know-Hows », la contrebasse quasi-rockabilly de « Swan Song of a Refugee » ou le groove lancinant de « To Progress ». Des espoirs de paix surgissent bien ici et là, au moins musicalement – beauté mélodique obsédante de « When He Says Your Name », arrangements orchestraux lumineux de « This Time » et « I Have Stopped Wondering », perfection pop baroque de « Do » – trouvant leur accomplissement dans un « Trish » sublime de dépouillement (duo contrebasse-voix) et de mise à nu. Une chanson aussi douce en apparence que terrible en substance, à l’image du disque : magnifique mais jamais innocent. Radical et génial. Mickaël Choisi
Ça s’appelerait du “rock indépendant”, ce qui ne veut rien dire. Parce qu’il y a là-dedans de la guitare-batterie et des rythmiques enlevées. Parce qu’on y chante en anglais. Mais on s’y passe de basse et on y naviguerait plutôt parmi des instruments inattendus (hautbois, trombone, clarinette, saxophone, scie musicale, violon, bugle, flûte traversière, contrebasse…). Sonorités originales, évocatives et bavardes. Pourtant, tout cela conserverait le groove d’un rock motown black & soul, d’un jazz pas forcément toujours si cool. Une touche d’expérimentation, un murmure de bruit. Des airs de fanfare fantomatique, de petites pépites pop, quelques cris crus…
Les albums d’Angil & the Hiddentracks, le collectif polymorphe regroupé autour du stéphanois Mickaël Mottet, sont impossibles à réduire à de plus communs dénominateurs – de moindre envergure, forcément, que cette musique toujours nouvelle. On ne saura donc pas très bien où ranger ce Now, maître ès brouillage de pistes.
Ce que l’on saura sans l’ombre d’un doute, c’est que l’on a affaire à l’une de ces formations françaises passionnantes, inventives et toujours surprenantes, qu’il faut avoir l’intelligence de suivre et de soutenir. Et certainement aussi à son meilleur album, en parfaite possession de ses moyens.
De la pure création, bravo ! Cédric Chort
On les connaît ces parents qui, le premier jour d’école venu, sont incapables de laisser partir leur progéniture. Les mômes piquent une crise, l’instit’ rouspète, mais les parents, eux, insistent, prétextant le moindre fait inhabituel (col de pull non replié, dernier câlin, sac mal fermé…) pour retarder au maximum la séparation, comme si l’éloignement leur était impossible. Angil & The Hiddentracks sont un peu comme ça avec leurs œuvres. Ils les travaillent pendant des semaines, des mois, puis les retravaillent jusqu’à ce que la perfection s’impose.
« Now », au-delà de la maniaquerie dans laquelle il a été élaboré, n’est pas un album, c’est une composition orchestrale. Ni dans l’outrance, ni dans la routine, chaque morceau est vu et traité comme une suite de pièces qui se doit d’éviter les écueils de la facilité. Qu’importe alors que ce soit une pièce de jazz abstrait, de rock tordu ou de pop déviante, l’important est que la fanfare cède à tous ses désirs. Ainsi, saxophone, violon, percussion, hautbois, batterie, trombone, contrebasse, flûte traversière ou encore clarinette se concordent parfaitement et emmènent « Now » à l’œuvre d’art.
Quel genre d’artiste serait Mickaël Mottet s’il renonçait aux expérimentations, s’il s’orientait vers des sonorités plus convenues, ou s’il assignait à sa musique d’autres objectifs, plus sombres et décadents? Réponse: un illusionniste, car rien de tout cela n’est prêt d’arriver. Il sait depuis longtemps que faire un album, c’est n’est pas composer avec du savoir-faire un enchainement de jolis accords. Faire un album, c’est un privilège rare, c‘est l’occasion d’explorer les zones inexplorées et les choses intimes à la manière d’une Sophie Calle. Reste à chacun de les faire siennes ou pas. Maxime Delcourt
Un rapide coup d’oeil dans le rétro permettra de se rendre compte qu’Angil occupe la scène rock française depuis maintenant une petite dizaine d’années avec des albums qui, à chaque fois, ont permis au groupe de grandir dans le paysage musical (indé) français et surtout de montrer que le son du groupe n’était jamais figé, qu’il savait évoluer au fil du temps tout en gardant cette patte, ce son reconnaissable entre mille. Le 4ème album de Angil and the Hiddentracks ne fait pas exception à la règle, s’inscrivant dans la continuité des précédents tout en proposant des pistes nouvelles, des territoires encore vierges à défricher.
Si le précédent était l’occasion pour Mickael Mottet d’inviter des tas de gens très fréquentables (Françoiz Breut, Laetitia Sadier, Half asleep),”Now” voit le line-up se resserrer autour de son fondateur et du fidèle Flavien Girard passant ici allégrement du glockenspiel à la batterie.
Le résultat donne un album nettement moins confortable que le précédent, tout en restant extrêmement contrasté. Entre calme et tempête,”Now” voit se succéder des titres charnels et apaisés à d’autres carrément plus furieux, où le free jazz entre en collision avec le garage rock, où le hip hop se frotte au krautrock, sans que jamais le groupe ne perde le fil, réussissant à chaque fois à retomber sur ses pattes.
Jamais facile et pas forcément très accueillante de prime abord, la musique de Angil révèle ses nuances sur la longueur, laissant apparaître derrière ce son brut, carrément noisy par moment, des arrangements boisés et cuivrés (saxophone, hautbois, clarinette”) ou encore une contrebasse. Une somme d’instruments qui s’accommode parfaitement avec les guitares rock, le jeu de batterie parfois assez énorme et le chant de Mickael Mottet, toujours en en progrès.
Rare sont les groupes de rock en France capables de proposer un univers aussi foisonnant, original et inspiré que celui de Angil. Une raison plus pour profiter pleinement de ce groupe pas comme les autres et de cet album. Benoît Richard
J’ai découvert Angil avec Teaser for Matter. Il a depuis sorti plusieurs disques, que je n’ai pas écouté, me disant qu’un jour je rattraperai mon retard. Et bien, du retard j’en ai pris, pendant qu’Angil & The Hiddentracks prenait de l’avance. La première écoute de “Now” m’a tout bonnement sidérée. La surprise est aussi forte que bonne, le propos est riche et concis, la voix a un timbre unique. J’ai loupé quelques épisodes ! Je connaissais un groupe, j’en découvre presque un autre, toujours aussi bon et fin dans la composition, mais qui a depuis fortement repoussé ses frontières. Opening scene nous introduit parfaitement l’œuvre. Un morceau à l’image de l’album, libre, virevoltant. Vient ensuite “When he says your name”, la voix du disque se précise, entre rock, pop, jazz voire free-jazz, le tout relié par un esprit indé. Chaque élément décloisonne l’autre, les guitares sonnent indie rock pop, les arrangements jazz, et le mariage du tout ne vire pas à la simple addition, mais bien à une symbiose qui défit les définitions. D’ailleurs, au fond, on s’en moque un peu des définitions maintenant ! Le rythme contagieux de “To progress” nous propulse dans un voyage dans le temps avec une fin qui rappellera carrément le krautrock à la Amon Duül 2. “This time” est tout en douceur avec de jolie mélodies, presque porteuses d’espoir alors que le texte est tout en mélancolie. Les accompagnements sont soyeux, grâce à ces sonorités jazz si adéquates. “Know-hows” qui nous plonge dans un trip à la Tom Waits et “Sawn song of a refugee” qui fait penser aux délires d’un Nick Cave en furie forment un couple totalement cinglé. Et puis ça repart avec l’irrésistible “I have stopped wondering”, où des voix féminines semblent répondre en écho aux questionnements du chanteur/narrateur. “Trish” est très touchante, collant au plus près de l’émotion en choisissant l’économie, juste une voix et une contrebasse, pour beaucoup de sincérité. Et viens “Do”. Un des moments majeurs, celui qu’on attend, celui auquel le disque nous a préparé. On monte, on monte, dans une progression tourbillonnante, un peu comme un acte final, où chaque acteur se lâche. Et on se laisse entraîner avec plaisir, dans un univers fou et pourtant net, où l’on se sent à l’aise, bienvenu, jamais exclu. L’objet est à la hauteur de la musique qu’il contient, un beau digipack, au livret soigné, à la pochette évocatrice. L’artwork mérite qu’on en parle, faisant jouxter textes raturés, police quasi enfantine, avec des photos d’instants de studio, au grain magnifique, empreintes d’un certain sérieux et présentant chaque intervenant, car “Now” a l’air d’une belle aventure collective où tout fait sens. Des petits dessins illustrent les textes, qui semblent écrits dans la précipitation de la nécessité, avec second degré voire auto dérision. Now est un album à forte personnalité, Angil a un son propre, un groove et une vision uniques, celle d’une musique aventureuse, qui fait avancer main dans la main l’évidence et l’expérimentation. L’album qui semble construit comme une pièce de théâtre, se finit un peu comme il commence, nous ayant laissé une lumière au passage et une question sur les lèvres…Mais de quoi s’agît-il ? D’un des disques qui fera de 2012 une bonne année et qui restera dans les mémoires. Alors ne faîtes pas comme moi, c’est maintenant qu’il faut suivre Angil & The Hiddentracks ! Barclau
Si Mickael Mottet et ses Hiddentracks (un collectif mouvant d’environs dix personnes) sortent là un album de pop (au sens large, on y reviendra) riche et intense, ce sont bien l’apparition de choix plus risqués, de recherches déviantes, et ces montées en tension qui font de ce disque une réussite.
Au premier abord, “Now” pourrait en effet laisser entendre que la formation avait tout compris à cette pop orchestrée, ou aux mélodies folk… on se laissait aller dans ce classicisme subtil aux gammes jazz. Touché par cette contrebasse délicate, et ces arrangements pointilleux. On y croisait de vieilles connaissances, d’un Pavement assagi à un Damon Albarn, ou un Syd Matters. Mais si Angil montre une certaine aisance sur ces sujets, ce sont bien ces escapades vers des monts plus tourmentés qui ont fini de me convaincre.
Le rythme commence à se resserrer sur le très pop “To Progress” , mais c’est avec l’étrange “Know-Hows” ou “Swan Song of a Refugee” qu’on change de cap. Le chant devient plus raide, pas si loin des vieilles formations post-punk (The Fall), tandis que la musique s’échappe vers des ambiances tendues comme si Stravinsky jouait du jazz (Know-Hows). Le rythme s’emballe encore sur le très rock “Swan Song of A Refugee”, sorte de cavalcade vers la folie, invitant les démons d’un Old Time Relijun inspiré. Enfin, “Do” finira ce triptyque tendu, avec son pas lourd, ces arpèges inquiétants et ce chant qui s’emballe.
Alors, certes, Angil sait composer de merveilleuses mélodies pop, certes les arrangements de haut-bois et autre clarinettes sonnent parfaitement juste, mais c’est bien l’extravagance dissimulée de cet album qui le rend Unique. Ça tombe bien, c’est aussi le nom de leur label. Mathieu
La tribu mouvante pilotée par l’hyperactif Mickaël Mottet publie ce printemps un nouveau disque hardi et foisonnant. Now est déjà le quatrième opus d’un groupe unique dans le paysage rock français.
Enfourchant la pop, le folk, le jazz et la musique expérimentale, le collectif de Saint-Etienne roule avec tranquillité et régularité depuis plus de 10 ans. Sa tête pensante, Angil, abandonne ses prestigieux invités d’hier – Laetitia Sadier, Françoiz Breut, BR OAD WAY , etc. – et se recentre ici sur la dizaine de musiciens que constituent les Hiddentracks. Les guitares et la batterie sont toujours aussi cavaleuses, et les arrangements des morceaux cachés délicats et baroques. Clarinette, hautbois, saxophone, violon, percussions, lame sonore et contrebasse jouent à égalité dans un disque fourmillant d’idées et sons.
Now s’ouvre sur une « Opening Scene » pleine de fougue et d’idéalisme pop. Les guitares y sont obsédantes mais n’écrasent jamais le reste. ‘When He Says Your Name » temporise le propos avec sa cadence alourdie, sa mélodie déchirante et ses cuivres caressants. On retrouve cette même langueur sur le jazzy « This Time » ou sur le pénétrant « I Have Stopped Wondering » avec son subtil chœur féminin. Le collectif stéphanois exprime aussi ses penchants répétitifs sur les tournoyants « To Progress » et « Know-Hows ». Admirateurs d’un certain rock allemand, les Hiddentracks y frôlent le krautrock et l’expérimental. Sur Trish, une simple contrebasse et la voix douce de Mickaeël Mottet livrent un touchant hommage – serait-ce en direction de la défunte chanteuse de Broadcast Trish Keenan ?
Contrairement à son album précédent, Angil ne s’entoure plus de chanteurs prestigieux et assume quasiment tout seul l’habillage vocal du disque. Sa voix plutôt fluette scande des textes à la fois poétiques et politiques, proche du spoken word voire du hip hop (« Know-hows » et « Do »). Multipliant les références à la culture occidentale (Otis, Elvis, Nancy & Lee…), Mickaël Mottet questionne l’évolution de notre civilisation, et témoigne de son goût pour le surréalisme et l’écriture. Son accent anglais et sa diction sont toujours remarquables.
Formation inventive, Angil and the Hiddentracks façonne une musique en apparence limpide mais complexe où les idiomes et références se croisent et trouvent leur place sans jamais gêner les autres. Souvent décrits un comme croisement entre Pavement et Robert Wyatt, les stéphanois font aussi penser à d’autres francs-tireurs comme Graham Coxon, John Vanderslice, voire The Ex. La production soignée de Now souffre tout de même d’un défaut un peu trop répandu chez nombre de formations hexagonales : voix très en avant, section rythmique malingre, son trop souvent faiblard au regard de compositions si libres.
À la fois cérébrale et émotionnelle, violente dans le fonds et lumineuse dans la forme, l’œuvre des Morceaux cachés trouvera certainement échos auprès d’oreilles sensibles et affranchies. Malgré une production chétive, ce Now fait définitivement planer Angil and the Hiddentracks au-dessus de la mêlée indie-rock française. Damien B.
Pour Angil & The Hiddentracks, le changement, c’est depuis toujours. Très bon arrangeur, Mickaël Mottet sait parfaitement faire cohabiter des cuivres ou instruments à vent (clarinette, hautbois, saxophone) pour gonfler les voiles de chansons pop-rock très électriques : “When he says your name”, “To progress” avec ses nerfs qui partent en vrille – et qui finissent par totalement lâcher trois stations plus loin sur “Swan song of a refugee”. Alan Vega (Suicide) regarde s’agiter Angil par-dessus l’épaule, en plus de nombre d’influences dépassant un cadre parfois très déconstruit (free-jazz, Captain Beefheart, mais aussi dEUS, Pavement…). Un esprit rock mat et revêche est le ciment qui fait tenir l’ensemble, un creuset qui accueille une culture musicale très large : on n’est pourtant jamais noyé et tout reste très accessible, de poussées de fièvre contrôlées en dissonances bien pesées, et même jusqu’au plus touchant dénuement (voix et contrebasse sur “Trish”, hommage à la chanteuse de Broadcast récemment disparue ?). Chez Angil & The Hiddentracks, le cerveau ne le dispute jamais au coeur, et “Now” est le parfait témoignage de cet équilibre. Jérôme Florio
La musique d’Angil & the Hiddentracks demande une bonne dose d’attention ou de laisser-aller, c’est donc déjà bon signe pour les mélomanes courageux et curieux du ciboulot.
Après trois albums aux univers raffinés et salués, Mickaël Mottet, chanteur et leader du groupe stéphanois, a pondu Now, sorti le 14 mars dernier sur We Are Unique Records.
Le morceau d’ouverture, Opening Scene, résume bien la volonté du groupe : « enregistrer un disque sans intention de prouver quoique ce soit, simplement avec l’envie de construire de belles chansons ensemble.».
La construction rassemble huit musiciens talentueux autour d’un univers musical sans réelle limite.
Les compositions de Mickaël Mottet et Flavien Girard (batteur du groupe) nous font passer « cartésiennement » d’une ambiance à une autre sans accrocs, où chaque musicien a sa place et l’assume avec brio et subtilité.
D’un morceau dodelinant, profond (When he says your name, This Time et I Have Stopped Wondering) voir érotico-romantique à l’aide de la contrebasse de Pauline Dupuy (Trish), on passe à un autre plus rythmé, noisy (To Progress) et hip-hop (Do) au fil de l’album.
Coups de cœur pour Know How, un morceau progressif et bien barré qui nous ramène à sa manière à l’époque de CAN, et Swan Song of a Refugee aux influences rockabilly, blues et psyché.
Now est un album surprenant car il est à la fois ambigu, éclectique et pluriel, entraînant aussi bien qu’intimiste, abordable comme techniquement poussé. Un disque à l’identité propre, à l’âme sensible et complexe. A écouter et à voir !
Chronique du disque dans les Inrocks
To progress sélectionné dans le sampler un Printemps 2012 des Inrocks
Chronique du disque dans Magic
Chronique du disque dans Longueur d’ondes
Article sur le concert du groupe au Connexion Café le 25 avril 2012 dans les gratuits toulousains LET’SMOTIV et INTRAMUROS.
Interview du groupe sur le webzine A découvrir Absolument
et article compilant les vidéos du disque.
Interview du groupe sur le webzine MOWNO
Session Live sur Aligre FM émission Planet Claire
Reportage sur le groupe et la sortie de l’album par France Télévision
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