Hyperherz est le 3ème album de ichliebelove pour We Are Unique! après l’inaugural psychédélique Life-enhancing solutions (2011) et le synthétique Wax and Wane (2015).
Composé par Philippe Raimond et toujours interprété avec l’aide d’Alice Champion au chant, produit par Manuel Duval du groupe Rien Virgule et masterisé en analogique au studio berlinois de référence Calyx Mastering, Hyperherz est un disque de fin de monde, sur lequel les machines rendent l’âme et dérivent lentement vers un bug final. De ce maelström sonore gorgé de cracks et artefacts, le groupe en tire des mélodies étonnantes, parfois presque pop, jusqu’à en faire des tubes imparables ! On peut citer le rythme menaçant de Had Some Good times qui sonne comme du Console en phase terminale, les chœurs malades de Like a trap dont les claviers bruitistes exhument un lointain fantôme de Broadcast, ou encore De la viande qui convoque Stereolab à la fête païenne d’une secte dont le gourou Aphex Twin célébrerait l’apocalypse prochaine…
Depuis dix ans, Philippe Raimond poursuit un travail de composition en solo, marqué par l’expérimentation électronique. Sur Hyperherz, l’accompagnement d’Alice Champion et Manuel Duval lui a permis de faire aboutir sa recherche d’un équilibre entre recherche sonore et format chanson, pour fixer un point de convergence à son art de la digression et sa curiosité musicale. La création de l’album a en effet été nourrie de son enthousiasme pour un courant contemporain – porté notamment par le label la République des Granges de Manuel Duval – qui n’hésite devant aucun aller-retour entre instruments traditionnels et psychédélisme électronique, entre héritage musical et souhait de tout foutre en l’air.
Il y a quelque chose du terrain connu, chez ichliebelove : des voix peu traitées, des basses qui jouent leurs lignes, des arpèges de guitare ou de piano, des refrains qui se chantonnent. Mais un terrain cahoteux, qu’on parcourrait confusément une bière chaude à la main, en attendant l’écroulement final.
C’est pour nous une certitude : tous ceux qui s’attarderont sur ces titres n’en sortiront pas indemnes. L’album le plus cohérent et abouti du groupe qui fera date dans un style unique et incomparable.
un OVNI qui évolue librement entre recherche sonore et chanson (“De La Viande”), entre musique électronique et psychédélisme, ente instruments traditionnels et machines. Les huit morceaux propagent un charme insidieux au gré de vocaux répétitifs, d’incursions pop et de climats apaisés ou menaçants
ROCK’N’FOLK N°675
Psychédélique et synthétique, organique et robotique, l’album fait souvent penser aux mondes érigés par Broadcast. A son rock électronique profondément humain et habité. Cet onirisme froid qui traverse tout « Hyperherz » peut, tour à tour, bouleverser, intriguer, remuer.
INDIEPOPROCK
Une de ces expériences musicales, sensorielles, sublimes qui prouvent, une fois de plus, qu’aucun autre artifice que celui de la composition n’est utile pour nous secouer les cinq sens. C’est beau.
À DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
Fantaisie sonore bien pensée, textes extravagants, sorties de route patinées, tout est fait pour qu’on y reste. Il embarque, ce HYPERHERZ, sans avoir l’air d’y toucher…HYPERHERZ, vous l’aurez compris, ne nous quittera pas de sitôt…ichliebelove, doué, dépose au creux de nos lobes un délice continu et immersif au possible.
MUZZART
Hyperherz est un disque abstrait, expérimental mais aussi joueur et résolument inscrit dans l’époque…Est-ce que tout le monde a disparu ? Ou est-ce qu’au contraire, la fusion des hommes et des machines a permis de redonner une chance à chacun ? Hyperherz par sa beauté formelle et les questions qu’il pose semble pencher en faveur d’une poursuite de la vie et du cœur battant par… d’autres moyens…. Les huit morceaux forment une sorte de conte cruel où s’exprime toute la dureté, la froideur du monde, mais aussi ce qui fait qu’on a envie de jouer jusqu’au bout.
SUN BURNS OUT
Depuis dix ans, le Tourangeau Philippe Raymond est au centre de Ichliebelove : cet ancien batteur adepte d’expérimentation électronique donne vie à ses compositions avec l’aide d’une chanteuse et d’un producteur. Se situant dans la mouvance de Broadcast ou Stereolab, mais affirmant toujours ses particularités et sa volonté de décloisonnement inventif, son troisième album est un OVNI qui évolue librement entre recherche sonore et chanson (“De La Viande”), entre musique électronique et psychédélisme, ente instruments traditionnels et machines. Les huit morceaux propagent un charme insidieux au gré de vocaux répétitifs, d’incursions pop et de climats apaisés ou menaçants.
H.M.
Ichliebelove, avec son nouvel album, pousse toujours plus loin sa réflexion sur une musique expérimentale flirtant avec la pop. Ou l’inverse. « Hyperherz » dans tous les cas se pose comme une étrange machine sonore, indéfinissable par nature, hybride par destination.
Si l’on connaît la propension de Philippe Raimond, ici en duo avec Alice Champion, à se jouer des catégories musicales et des familles d’instruments, « Hyperherz » brouille encore davantage les frontières. Toutes les frontières, y compris celles séparant l’avant-gardisme de l’efficacité pop, sont soigneusement et brillamment effacées. On peut aborder le disque sous l’angle d’une fascinante recherche de laboratoire, requalifiant des territoires arides de l’électro en terrains accueillants et dansants.
On peut également entendre de la pop dévoyée, tirée d’un long sommeil conformiste, grâce aux possibilités infinies offertes par les machines.
Psychédélique et synthétique, organique et robotique, l’album fait souvent penser aux mondes érigés par Broadcast. A son rock électronique profondément humain et habité. Cet onirisme froid qui traverse tout « Hyperherz » peut, tour à tour, bouleverser, intriguer, remuer. Il ouvre des perspectives vertigineuses, à l’instar d’autres formations préférant la singularité d’un son aux automatismes rassurants. Autant de possibilités pour la musique indé de se régénérer, de s’enrichir de visions et de sons novateurs. Autant d’expériences qui deviennent, peu à peu, l’expression d’une nouvelle façon d’aborder la musique populaire.
Yan Kouton
Drôle de rencontre entre votre sentimentale chroniqueuse et ce très bel album qu’est Hyperherz. « De la Viande », deuxième track, est le morceau tribal et hypnotique qui suit l’envoûtant « The beginning and the end of the Anthropocene ». « De la Viande » nous réveille. Nous croyions rêver, non. Nous n’y avions pas prêté attention, c’est que nous étions en train de tomber amoureux de Hyperherz. « De la Viande » nous coupe la conscience en deux. Une conscience débile, bavarde, estivale, et ensoleillée, qui empêchait jusqu’alors la réalisation lucide que nous allions rajeunir de quarante-cinq ans en l’espace de dix minutes.
Ça peut faire pareil avec les champi. Ça peut faire pareil avec Beach House. Ça continue d’ailleurs. Je revois encore la cuisine et le plan de travail, mon ordi posé dessus et cette question, cette hébétude : « C’est quoi ce truc ? Qui m’a fait ce cadeau ? ». Deux albums de Beach House gentiment intégrés aux « Ajouts récents » de ma bibliothèque musicale. Qui donc ? Eh bien je ne l’ai jamais su. Avec Ichliebelove c’est différent. Les premiers albums de Philippe Raimond (qui imagine et concrétise ce projet depuis dix ans) ne m’avaient pas mise en appétit. Peut-être les présences d’ Alice Champion à la production et de Rien Virgule m’auront-elles tapé dans l’ouïe ?
Le premier titre de Hyperherz tentait pourtant de nous prévenir : il allait se mettre à tourner, ce dernier album, dans le minuscule périmètre de notre appartement/cerveau surchauffé par le soleil et malmené par des journées oisives. La basse allait s’incruster dans les entrepôts de notre mémoire la plus profonde, dans le souvenir qu’on avait de certaines partitions de Laurie Anderson. La oh so special Tara Burke partait aussi dans cette direction-là (celle de l’expérience) à ses débuts avec Fursaxa.
Dix minutes, deux titres, le temps d’une aube. « Liquid Time » se met ensuite à rouler sur des percussions puis sur un chant qui emmène l’auditeur, via un sifflotement et une douce voix vers qui ? Belle and Sebastian ? On croit reconnaître un délicat accent britannique en tout cas. Quelques secousses de chicken eggs et il est trop tard, les chœurs apparaissent en retrait ainsi qu’un gong et nous prennent chacun par une main, balançant le petit enfant que nous sommes redevenus en l’espace-temps de quelques mesures (non, de deux minutes). Mais soudain, progressivement, sournoisement même – mon coeur bat à plus de cent – j’entends ce geste de tourner une page en boucle, en boucle, en boucle, en boucle… « Liquid time » constitue une de ces expériences musicales, sensorielles, sublimes qui prouvent, une fois de plus, qu’aucun autre artifice que celui de la composition n’est utile pour nous secouer les cinq sens. Ça fait mille ans que j’ai pas écouté Fennesz. Là j’en ai envie.
La vibration suffit pour être pleinement présent et profiter de ce merveilleux cadeau qu’est la vie. Douze secondes avant la fin de « Liquid time » le clavier nous tient encore par le bout de l’auriculaire pour nous lâcher dans le vide. Nous flottons alors irrémédiablement sur un océan de nuages, pour toujours, éternels. « I must be happy » nous accueille alors dans ses bras maternels et nous berce. Il reste encore quatre titres à écouter. C’est beau. Albertine D.
Un pied dans la norme, l’autre dans la quête; Philippe Raimond ainsi avance, sous drapeau ichliebelove. Avec pour mentors l’artiste/chanteuse Alice Champion et Manuel Duval de chez Rien Virgule, qui produit le disque, il bricole une pop qui enchante. Amicalement foutraque, lo-fi, elle dérape lunairement (LIQUID TIME, que tu ne te sortiras pas du crane), s’amorce au gré de ce THE BEGINNING AND THE END OF THE ANTHROPOCENE spatial, au paysage rêveur doté d’un chant léger. D’emblée, on est capté. Il y a chez ichliebelove une flanelle un brin décousue, avec des trous dedans, qui « superbifie » le tout. DE LA VIANDE, électro et pas que, loin s’en faut, dessine lui aussi des formes merveilleuses. Fantaisie sonore bien pensée, textes extravagants, sorties de route patinées, tout est fait pour qu’on y reste. Il embarque, ce HYPERHERZ, sans avoir l’air d’y toucher.
I MUST BE HAPPY, minimal, prolonge le songe. La galette fait du bien, en même temps qu’elle esquisse de nouvelles routes. Sans trop de heurts, elle fait notre bonheur. Elle s’anime, ici, secouant sa torpeur jusqu’à s’insinuer. HAD SOME GOOD TIMES, de ses giclées acides, de ses flux et ressacs, fait sensation(s). On n’en a pas fini, toutefois, puisqu’arrive LET THE FIRE BURN qui de son côté, bourru comme mélodieux, s’en vient valider la dextérité d’ ichliebelove. LIKE A TRAP, qui lui fait suite, joue une électro-pop synthétique céleste, répétée sans ennuyer.
HYPERHERZ, vous l’aurez compris, ne nous quittera pas de sitôt. C’est chez We Are Unique! qu’il sort, il l’est d’ailleurs un peu et traduit parfaitement l’esprit du sieur Raimond, trouvant son terme dans l’éclat de BLAME IT ON THE CORE OF EARTH. Une friandise délicate, réitérative elle aussi mais qui parait, néanmoins, se situer sur le fil. Elle prend de l’ampleur, j’aimerais qu’elle arrache tout. Je suis écorché, ceux qui me lisent le savent. Ca ne se produira pas (l’embardée tarée) mais ichliebelove, doué, dépose au creux de nos lobes un délice continu et immersif au possible.
Will Dum
Après les exploits en série de Laudanum, c’est au tour de Philippe Raimond de donner des nouvelles du pays de l’électro pop déviante française, avec ce retour d’Ichliebelove, groupe tête chercheuse aux talents fragmentés, expérimentaux et poético-scientifiques peu courants.
Même label, We Are Unique!, que chez Malon avec lequel Ichliebelove partagera la scène du Petit Bain pour une release party commune le 27 novembre, mais aussi même obsession pour ce que les machines ont à dire dans une époque où le rock, selon ce qu’on raconte, n’a plus grand chose à faire valoir : Laudanum et Ichliebelove ont de nombreux points communs mais aussi de vraies différences/singularités. Philippe Raimond pousse ainsi, sur ce troisième album, encore plus loin son travail sur le son, sur les boucles et l’écriture sérielle. Le disque est compact (!), 8 titres et moins de 40 minutes, et compte son lot de morceaux qui vont chercher dans la répétition à capturer l’air du temps, cet instant de grande dépression et de doute dans lequel nous baignons. C’est le cas sur le remarquable Liquid Time, variation obsessionnelle sur la nature du temps, chanson métaphysique et intellectuelle, qui a plus à voir avec Brian Eno ou Philip Glass qu’avec le rock ou la pop.
Comme sur ses précédents disques, Ichliebelove essaie de conjuguer expérimentation musicale et travail sur le son et format chanson. La composition est serrée mais organisée de sorte à donner le sentiment que les machines, les synthés, les percussions sont laissées en liberté et peuvent s’exprimer comme bon leur semble. L’ouverture The Beginning and the End of The Anthropocene donne ainsi le sentiment de prendre son temps (ne s’agit-il pas de représenter l’essor et la fin de l’humanité en… un peu plus de six minutes) mais présente un plan ou une feuille de route quasi millimétrée avec un « interlude » chanté (l’acmé de la civilisation humaine peut-être), situé au milieu, qui va venir s’éteindre sur un final frustrant et presque brutal. Le morceau qui suit, de la viande, laisse une étrange impression de malaise comme si le texte soulevait un haut-le-cœur (l’ingestion de viande présentée comme un acte presque cannibale…puisque nous en sommes aussi) tandis que la musique suit son propre cours à travers un folklore kraftwerkien presque entraînant et festif.
Hyperherz est un disque abstrait, expérimental mais aussi joueur et résolument inscrit dans l’époque. On pense parfois aux compositions bricolo d’un Pascal Comelade, quand la technologie de pointe sonne si simple et élémentaire qu’elle paraît improvisée, organique et à la portée d’un enfant de trois ans. I Must Be Happy est remarquable et à cet égard l’un des titres les plus marquants du disque. Le chant d’Alice Champion est envoûtant et la pulsation qui mène la danse si primitive et nucléaire qu’elle nous renvoie immanquablement à une déclinaison berlinoise (pour le son glacial) d’une improvisation entre John Cale et Nico, captée durant les répétitions. Au fil du disque, les machines qui nous semblaient bavardes et presque humaines sur les premiers morceaux deviennent plus rigides, plus mécaniques, plus proches en définitive de ce qu’on attend d’elles. Elles deviennent des forces d’appoint à une créativité post-punk humaine et restaurée dans son leadership.
Alors que Raimond leur donnait l’occasion de montrer ce qu’elles savent faire en recourant à l’IA pour le clip de son single Like A Trap, les machines s’en reviennent à leur essence rythmique et prévisible sur un Had Some Good Times, métallique et krautrock. Elles bégaient sur Let The Fire Burn dont la composition est sauvée par un trait de guitare organique, avant de foncer tête baissée dans une « chanson à l’ancienne » sur le sublime Like A Trap. Alors qu’on était à deux doigts de leur abandonner la conduite des opérations, on les retrouve asservies et converties aux charmes de la voix et de la mélodie. Like A Trap peut se lire comme la manière dont la poésie reprend le contrôle de la situation et fait rentrer la technologie dans le rang et la magie du format pop. Les forces digitales sont de nouveau canalisées et dirigées, avec leur électricité baveuse et grésillante, leur capacité à servir un crescendo, dans un format conventionnel. Ce n’est pas un hasard si Hyperherz se termine par son titre le plus harmonieux et fusionnel, Blame It On The Core of Earth, qui semble sceller la réconciliation générale.
Est-ce que tout le monde a disparu ? Ou est-ce qu’au contraire, la fusion des hommes et des machines a permis de redonner une chance à chacun ? Hyperherz par sa beauté formelle et les questions qu’il pose semble pencher en faveur d’une poursuite de la vie et du cœur battant par… d’autres moyens. Il n’est même pas certain que la clé soit dans ce rapport de l’homme à la machine mais plus sûrement dans celui de l’homme à son environnement. Ichliebelove renvoie avec ce disque à la question de l’envie et de la direction des choses. Que faire et pourquoi ? La réponse est musicale, artistique, ambivalente et par nature incomplète. Les huit morceaux forment une sorte de conte cruel où s’exprime toute la dureté, la froideur du monde, mais aussi ce qui fait qu’on a envie de jouer jusqu’au bout.
Se pourrait-il que le monde soit sauvé un jour par une ligne de basse et deux accords de guitare ? Raimond n’est pas le seul à y croire… Hyperherz fait partie de ces disques qu’on pourrait sortir de leur étui quand on sera au bout du bout.
Benjamin Berton
Le titre “Liquid Time” en libre téléchargement sur le volume 61 des compilations du webzine A Découvrir Absolument
Le titre “Had some good times” sur la playlist Nouveautés Indie France de Qobuz du 03 Novembre 2023
2023 © We Are Unique! Records ⋮ CGV ⋮ Contact ⋮ Mon Compte