The Purcells : 4 chansons du compositeur anglais du XVIIe relues comme si Pavement jouait du krautrock. Avec une participation de Laetitia Sadier.
Un beau jour de juillet 2015, Mickaël Mottet tombe sur une émission d’Amaury Chardeau sur France Culture consacrée au compositeur baroque Henry Purcell. Il remarque que les compositions courtes de Purcell sont construites comme des pop-songs, et qu’en les adaptant un peu, elles pourraient facilement sonner comme du Pavement un peu teinté de krautrock. Une énorme ampoule apparaît au-dessus de sa tête.
L’idée de relire les compositions de Purcell sous une forme moderne se présente comme un défi idéal à Mottet et son acolyte de toujours, Flavien Girard. Ils appellent pour l’occasion Jean-Christophe Lacroix, talentueux multi-instrumentiste lui aussi ex-membre d’Angil and the Hiddentracks. The Purcells sont nés.
Mottet trouve aussi dans cette nouvelle aventure le prétexte pour investir dans un multipistes (sur lequel il enregistrera plus tard le 1er album de Lion in Bed puis son album solo Glover’s Mistake), qu’il va lui falloir maîtriser, lui qui n’a jamais été un grand technicien. Il jette son dévolu sur un Zoom. Non, pas l’entreprise qui deviendra notre quotidien quelque 5 ans après : un fabricant japonais d’enregistreurs numériques simples d’utilisation, et de qualité suffisante pour les sortir sans rougir. Le fond : check, la forme : check.
Reste le choix des morceaux, que voici : Oh Solitude, avec l’amicale participation vocale de la cultissime Laetitia Sadier (amie des trois musiciens stéphanois et grande amatrice du projet The Purcells), relue dans une sorte de froideur germanique. Wondrous Machine, comme revisitée par Stephen Malkmus à ses débuts. Here the Deities Approve, qui se termine par un grandiose crescendo des violons de Lacroix (que Sadier a également sollicité sur l’un de ses albums solos) ; quant à la fameuse Winter Song, elle est sculptée jusqu’à l’os par le trio, histoire de mettre une note finale glaciale à cet hommage à Purcell par le prisme pop.
On ne peut que donner raison à l’intuition de Mickaël Mottet : certaines partitions de Henry Purcell ne sont pas si éloignés de la pop d’aujourd’hui.
RADIO FRANCE MUSIQUE
Le résultat est étonnant et franchement réussi surtout quand on sait que les titres originaux sont des airs d’opéra….
BENZINE
On y retrouve donc tout naturellement tout ce qui fait le sel de la musique de Mottet : son intérêt pour les mélodies, pour le rythme, des arrangements comme du velours, le rapport avec la langue (anglaise ici) et la prosodie. Une relecture de quatre titres étonnante mais pas si surprenante.
FROGGY’S DELIGHT
Touche à tout aux identités multiples, Mickaël Mottet n’a pas froid aux oreilles… accompagné sur l’un d’entre eux par une surprise de taille au chant : leur amie Laetitia Sadier sur cet O Solitude minimal, métronomique et poétique.
SECTION 26
La version synthétisée de O Solitude, relevée de cuivres, sonne comme une parfaite pop song et reçoit le renfort de Laetitia Sadier (Stereolab) au chant.
ÉCRAN DU SON
Aujourd’hui Max Dozolme nous parle d’un groupe français nommé The Purcells. Pourquoi ce nom ? Car ils sortent aujourd’hui quatre reprises rock de chansons d’Henry Purcell, le plus grand des compositeurs baroques anglais.
D’un côté il y a Henry Purcell, l’Orpheus Britannicus, un compositeur incontournable de la deuxième moitié du 17e siècle. On dit souvent qu’après Purcell, l’Angleterre s’est retrouvée orpheline et qu’il aura fallu attendre le 20e siècle et l’émergence d’un Benjamin Britten pour qu’elle retrouve une personnalité aussi créative et inspirante ! Une créativité que l’on retrouve par exemple dans les semi-opéras de Purcell. Un genre musical qui, comme son nom l’indique est un mélange entre l’opéra et le théâtre. Purcell en écrira plusieurs et son plus célèbre est sans nul doute le Roi Arthur avec son terrible Air du Génie du Froid…
De l’autre, on trouve Mickaël Mottet, un musicien de rock qui par une journée de juillet 2015 tombe sur une émission sur France Culture de notre confrère Amaury Chardeau. Le thème du jour est Henry Purcell et le producteur de l’émission diffuse des airs extraits de semi opera mais aussi des chansons et des hymnes religieux du compositeur anglais. Mickaël Mottet est frappé par les compositions du musicien baroque. Il a l’impression que ces titres sont construits comme des pop songs, et qu’il suffirait de seulement changer de technique vocale et d’instruments pour que ces musiques sonnent comme des ballades rock froides et contemporaines à la manière du krautrock, ce rock expérimental allemand né à la fin des années 60…
Avec son acolyte de toujours, Flavien Girard mais aussi Jean-Christophe Lacroix, Mickaël Mottet se lance donc dans l’arrangement de quatre œuvres de Henry Purcell. Avec un petit enregistreur multi-piste et peu de moyens il réinvente l’air du Génie du Froid extrait du Roi Arthur mais aussi l’air de basse Wondrous Machine extrait de l’Ode à Sainte Cécile, O Solitude avec Laetitia Sadier (Stereolab) ou encore l’air Here The Deities Approve.
On ne peut que donner raison à l’intuition de Mickaël Mottet : certaines partitions de Henry Purcell ne sont pas si éloignés de la pop d’aujourd’hui. Klaus Nomi au début des années 80 ou Nora Fischer et Marnix Dorrestein il y a quelques années avaient déjà proposé des arrangements particulièrement réussis de la musique intemporelle de Purcell.
Mickaël Mottet, L’ancien Angil (and the Hiddentracks), de retour avec un nouveau projet autour du compositeur Henry Purcell.
On l’avait quitté avec le groupe Angil Was A cat, en compagnie de Mathieu Lozinguez, ex-guitariste de Melatonine), on le retrouve cette fois avec The Purcells, un projet où il est question de reprises du compositeur anglais du XVIIème siècle Henry Purcell.
The Purcells est trio formé par trois ex-Hiddentracks : Mickaël Mottet, Flavien Girard à la batterie, Jean-Christophe Lacroix aux cordes et cuivres. Ensemble, ils proposent un Ep 4 titres pour autant de reprises dont une en compagnie de Laetitia Sadier.
Le résultat est étonnant et franchement réussi surtout quand on sait que les titres originaux sont des airs d’opéra… le dernier des quatre étant sans doute le plus connu depuis que Klaus Nomi l’a repris en 1981 sur son premier album. Benoît Richard
“Depuis qu’elle repose entre les mains expertes de Mr Purcell, la musique est parvenue à une perfection jamais atteinte auparavant en Angleterre” John Dryden
“O Solitude, O solitude, my sweetest choice! Places devoted to the night, Remote from tumult and from noise, How ye my restless thoughts delight ! O solitude, my sweetest choice !”
Si certains s’attaquent à la réinterprétation d’une œuvre ou d’un compositeur par la face la plus facile ou la plus molle, comme Max Richter avec sa version recomposée fade et sans intérêt des quatre saisons de Vivaldi, d’autres préfèrent des côtés nettement plus délicats et donc plus intéressants, comme Nicolas Godin pour Bach avec Contrepoint.
Mickaël Mottet (ex Angil and The Hiddentracks) fait partie de ses musiciens. Il revient avec une partie de ses Hiddentracks (Flavien Girard à la batterie, Jean-Christophe Lacroix aux chœurs, au violon et à la trompette) sous le nom de The Purcells et avec la ferme envie de se réapproprier le répertoire du compositeur baroque Anglais.
“Je suis tombé sur une émission d’Amaury Chardeau consacrée à Henry Purcell. Je ne sais plus où j’allais mais c’était un trajet suffisamment long pour que je puisse écouter l’émission de bout en bout… Et là, une épiphanie. Purcell –> le krautrock. Les basses obstinées, les jeux autour des décalages rythmiques, les mélodies labyrinthiques… Je me suis dit que, quand je retrouverai l’énergie, j’allais faire un disque autour de cette idée.”
Les meilleures idées naissent parfois d’un presque rien. Purcell comme une évidence. Le compositeur Anglais n’ayant strictement rien perdu d’une certaine modernité, peut-être parce que sa musique dépasse ses influences : Byrd et Gibbons pour l’Angleterre, Lully pour la France ou Corelli en Italie, et se partagera entre tradition (avec le courant Anglais) et grands courants plus novateurs (en France et en Italie) mais avec une écriture toujours pleine de finesse, de sophistication. Une écriture complexe également, jouant continuellement avec les lignes de basse continue (ou obstinée (ground) comme les prémices en exagérant beaucoup de la musique répétitive), les dissonances, la langue Anglaise (on peut parler de génie lyrique) avec les tonalités et les modes et avec de superbes mélodies.
Et puis il y a chez le compositeur Anglais cet accord parfait entre musique et textes qui puise ses aspirations auprès de poètes comme Thomas Shadwell, Dryden ou Shakespeare. Comme le dit Xavier de Gaulle dans L’Univers de l’opéra à propos d’Henry Purcell : “au lieu d’encadrer le mot, la musique le porte, l’enveloppe et lui donne toute sa charge émotive, quitte à creuser parfois des abîmes par ses frottements, chromatismes et dissonances expressives”.
Mais si la voix est l’élément primordial, les parties instrumentales sont toujours d’une grande force expressive et dramaturgique. On y retrouve donc tout naturellement tout ce qui fait le sel de la musique de Mottet : son intérêt pour les mélodies, pour le rythme, des arrangements comme du velours, le rapport avec la langue (anglaise ici) et la prosodie. Une relecture de quatre titres “O Solitude” (avec Laetitia Sadier), “Wondrous machine”, “Here the deities approve” et “Cold song” étonnante mais pas si surprenante.
A la première écoute on est saisi, à la suivante on est définitivement conquis. Le résultat est, même si l’on reste un peu sur sa faim : quatre titres c’est court et puis nous regretterons une batterie peut-être un peu trop en retrait ou en tout cas trop feutrée, absolument convainquant. “Music for a while, Shall all your cares beguile : Wond’ring how your pains were eas’d, And disdaining to be pleas’d”, n’est-ce pas ? Le Noise (Jérôme Gillet)
Touche à tout aux identités multiples, Mickaël Mottet n’a pas froid aux oreilles. Après Mark E. Smith, le voici rendant hommage à Henry Purcell, compositeur baroque britannique du XVIIème siècle. Ses pièces courtes sont pour lui construites comme de parfaites petites pop songs, qui pourraient facilement sonner comme du « Pavement teinté de krautrock« . Si on ne peut oublier la fabuleuse Cold Song de Klaus Nomi, il fait signe à son comparse Flavien Girard, accompagné du multi instrumentiste Jean–Christophe Lacroix pour un 4 titres, accompagné sur l’un d’entre eux par une surprise de taille au chant : leur amie Laetitia Sadier sur cet O Solitude minimal, métronomique et poétique. Thomas Schwoerer
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