Gagnants du Tarn et Garock 2001 ce groupe originaire de Montauban évolue dans un univers toujours sur le fil du rasoir entre silence et violence maîtrisée. Leurs compositions post-rock d’une évidente maturité rappelleront aux auditeurs avertis le meilleur de David Pajo.
Si ce disque reflète la bright period (période lumineuse) de ces ados chancelants, on rêve déjà d’écouter leur automne, leur hiver. Jean Daniel Beauvallet Les inrockuptibles (20 novembre 2002 n°365)
…une perle post rock lo-fi de toute beauté. RECORDINGS MUSICIEN N°12 Juillet 2002
Dire qu’on avait pas pris une telle claque depuis 1997, à part avec Godspeed you black emperor. Dire qu’il faut écouter cet album les yeux fermés, dire qu’il faut acheter cet album les yeux fermés. SOIT DIT EN PASSANT
… En six titres, APFP nous raconte une seule histoire, belle, mystérieuse à l’image de la pochette.[…] Talentueux, tout simplement. BUZZ Novembre 2002
…On pense à un trio de fantômes poussiéreux et mélancoliques, perdus dans un château abandonné dans une lande grise. Soudain, l’éclair traverse le toit, les guitares se font ultra-saturées et s’énervent, puis le calme revient. Pas d’effets tapageurs, mais des émotions qui restent. NOVA disque du jour
La rythmique inspecte les constellations et les nébuleuses, fouille l’univers de fond en comble. Les mélodies s’occupant, pour leur part, de développer des trames raffinées et nostalgiques, enivrantes et tristes. JADE WEB
Au final, “the bright period” est une histoire aussi belle que triste, qui prouve au moins qu’un beau ciel gris est aussi émouvant dans le Tarn et Garonne qu’à Chicago. POSITIVE RAGE
A place for parks réussi l’impensable, rendre un déplacement terne en ballade triste et gaie. J’ai cette chance immense d’avoir croisé ce groupe. Invitez les dans votre vie, elle aussi en sera bouleversée. A DECOUVRIR ABSOLUMENT
Très beau premier album pour cette formation instrumentale, aussi néo-classique que post-rock, du Sud de la France. On est très pressé de découvrir la suite de leurs aventures tant leur chemin n’en est encore qu’à ses bourgeonnements déjà envoûtants et subtils. MATAMORE
A Place for Parks offre une musicalité opaque et envoûtante, faite d’attributs lo-fi électro-acoustiques.. Disque graduel en six actes, à l’ambiance crépusculaire constante. LONGUEURS D’ONDE
Maduro, emotivo, muy doloroso por momentos, “The bright period” seduce de principio a fin. Una revelación. Juan Manuel Freire – GUIA DEL OCIO de Barcelone
Mélange avec raffinement des ambiances de films noirs et celles plus glauques d’un salon funéraire… ils surpassent la plupart des groupes du genre avec une avance déjà gagnée. EMORAGEI Quebec Canada
Perfect soundtrack to a walk in a park. Closer ‘tidewater’ with its lovely atmosphere piano melodic line. recalls dusty late-night jazz type of emotions, invoking memories of long lost lovers, forgotten joys, and simple pleasures. Melancholy in extreme – should come with an emotional warning. I REALLY LOVE MUSIC United Kingdom
Open All The Windows, comme s’il fallait ouvrir un peu, sortir de ses pensées pour atténuer les jours tristes, la mélancolie qui rôde. Dès l’introduction songeuse de The Bright Period, A Place For Parks, trio de Montauban formé par Rémi Parson (guitare), Anicet Rohee (batterie) et Bruno Galibert (basse), emmène sa musique là où l’on adore malgré tout se lover, vers ces beaux moments de tristesse et d’introspection en solitaire qui donnent les plus grandes émotions. D’abord, la guitare chuchote, puis une batterie, une basse et ce violoncelle sobre et émouvant n’en finissent pas de toucher à l’intime, sur cette lente progression instrumentale qui suggère autrement mieux que les mots. A travers cette forme instrumentale qui se niche à proximité du cœur, dans les bois (le très beau Hidden Landscapes), dans les silences (les fragiles mouvements de Our Screwball Concerto, bel exemple de temps suspendu) ou les tensions répétitives (les circonvolutions bruitistes d’Apparently Empty Room), A Place For Parks n’a d’ailleurs plus besoin d’eux ou presque. En écho aux fragilités humaines, sa musique parle d’elle-même, avec peu, et s’invente un langage concis qui s’échappe du cadre, avec la formule basse, batterie, guitare et quelques instruments à vents venus ajouter ce grain plein de chaleur qui donne à cette musique des couleurs moins monochromes.
Cette façon d’appréhender la musique avec les sens plutôt qu’avec les formats, de respirer intensément à travers les mélodies et les ambiances électriques, acoustiques, on l’a vraisemblablement croisé chez Mogwai ou quelques autres, à la recherche eux aussi d’une autre écoute, d’une autre façon de jouer : spontanée, en prise avec les fluctuations nerveuses et les espaces vierges. A Place For Parks n’a peut-être pas encore totalement saisi la violence qui en découlera un jour peut-être, mais capte déjà avec justesse et sensibilité ce qui l’entoure, ces Hidden Landscapes que seules les errances de l’esprit savent capturer. Etrangement pourtant, si la musique qui se joue sur The Bright Period esquisse un univers parfois abstrait, fait de petites touches et d’impressions fugitives, il est toujours question d’intimité, d’expressions vivantes et de douceurs mélancoliques qui s’accrochent simplement aux instruments, de rapports à un quotidien en fuite qui se redécouvre seul. Enfin. Jérôme Olivier
Sur son très beau premier album, le jeune trio A Place For Parks dessine un univers en quête d’émotions, qui regarde et écoute la fenêtre ouverte, l’œil vaguement fixé sur les plus belles musiques sensitives échappées du rock qui, de Godspeed You Black Emperor ! à Mogwai, font des mots et des images fortes avec leurs seuls instruments. [ interview : Jérôme Olivier / photos : ]
Le morceau qui ouvre The Bright Period s’appelle Open All The Windows. J’ai justement toujours pensé qu’écouter des disques dans sa chambre était un peu une façon d’ouvrir les fenêtres. Qu’en pensez-vous ?
Rémi Parson : Je crois que l’on avait donné ce titre pour donner cette idée qu’on allait tout vider, un peu comme un grand nettoyage de printemps. Ouvrir les fenêtres en grand. Ecouter de la musique dans sa chambre, c’est à la fois une ouverture et aussi se replier sur soi.
C’est un morceau qui parle beaucoup, même sans paroles, et que je rattache inconsciemment aux quelques mots de la pochette : « I don’t think we would die. I still hope ». Est-ce que vous trouvez une forme d’espoir dans une musique (la votre, celle des autres) qui évoque un certain spleen, une certaine solitude ?
On écoute beaucoup de musique triste, comme je disais elle souligne beaucoup de choses, elle donne un goût particulier, notamment à la solitude. L’espoir, ce serait de suggérer tant de choses avec notre musique. On cherche beaucoup d’émotion dans la musique, une écoute où l’on s’investisse.
Je pense bizarrement à Gilbert Bécaud. Pas d’affection particulière pour sa musique mais j’ai appris qu’il avait chanté « la solitude, ça n’existe pas ». Or, c’est je crois tout le contraire. Est-ce que votre musique a justement besoin de ça, d’un certain recueillement pour exister, s’épanouir ?
L’impression que notre musique nous a faite, c’est effectivement qu’elle gagne beaucoup à être écoutée seule. Malgré son apparente sécheresse, on découvre beaucoup de choses lorsqu’on prend un moment pour s’y plonger vraiment.
Il semble que le nom A Place For Parks vienne d’un morceau de Mogwai. Quelle est votre relation avec ce groupe, sa musique ?
Mogwai, ça a été une révélation pour nous : Ten Rapid (Bruno nous a rejoints quand je lui ai fait écouter Ithica 27Ø9) est un de nos monuments puis Young Team et quelques singles. Après plus rien ; on est déçus et pas très convaincus. Le morceau A Place For Parks, ça fait partie de cette formule magique qui nous a fascinés : deux minutes, répétitif, simple, beau.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Que faisiez-vous avant ?
On était au collège ensemble où on a commencé à se passionner pour la musique. Ça doit faire plus de six ans qu’on joue ensemble. Avant, on devait collectionner des cartes de basket US ou écrire des poèmes, jouer au handball à l’U.N.S.S. Anicet, on sait pas trop ce qu’il faisait.
Le deuxième morceau incorpore des craquements de vinyle. Que vous évoquent ces sons ? Avez-vous un rapport passionnel avec certains disques ?
En fait, ce sont des bruits de radio captés sur les MW. J’aime le coté organique qu’ils apportent. Ils « brouillent » un peu les pistes. Le vinyle, ça nous fait rêver, ça aurait plus de gueule. Un bel objet, un rapport plus intime, plus physique. On a chacun plusieurs disques-clefs qui nous accompagnent sans cesse. C’est très dur de piocher, faire des listes.
Avec quels musiques, images, mots avez-vous grandi ?
C’est une question difficile : on a juste vingt ans et on grandit encore sans cesse. Je crois que notre arrivée à Toulouse pour nos études nous a ouvert beaucoup de champs de découvertes nouveaux. On a grandi avec la britpop sans doute, des trucs relativement banals. Nos goûts s’affinent beaucoup ces derniers temps. Anicet se passionne pour la photographie, Bruno écoute beaucoup de musique, du punk jusqu’à Hood en passant par Godspeed You Black Emperor ! ces derniers temps. Moi, j’adore la bande dessinée, des auteurs comme Seth, Daniel Clowes, Jason… On va beaucoup au cinéma, on essaie de voir un peu tout. Je crois que c’est très dur de résumer en quelques références, ça ne renseignerait pas énormément sur notre vision. C’est surtout plein d’envies.
Votre musique s’exprime essentiellement par les instruments. Il n’y a pas de voix, pas de paroles sur le disque. En même temps, les titres sont très évocateurs. La musique seule vous parle plus ?
Non, pas spécialement. On en écoute énormément mais je chante dans les autres projets ou sur certains morceaux d’A Place For Parks, notamment en concert. Pour les albums, on préfère façonner autrement. Il y a eu quelques tentations, mais pour dire quoi de plus ? Les titres donnent déjà une direction. On adore donner des titres.
Vous jouez à la fois sur les accalmies et les tempêtes. Qu’est-ce qui vous attire dans cette dualité ?
Il me semble que c’est moi net que chez GYBE ! ou Mogwai, à part sur Apparently Empty Room. On joue sur la tension, la répétition, il me semble que ce n’est pas si contrasté. En concert, cette dualité est plus vraie mais ce qui nous attire, c’est l’intensité et le silence. On va y arriver peu à peu sans doute.
Votre musique a un coté contemplatif. Est-ce que le morceau Hidden Landscapes est une bonne façon de présenter votre musique ?
Malgré sa carrure patibulaire, ce n’est vraiment pas notre manifeste, il porte en lui les ingrédients de notre recherche mais il tient surtout grâce à la rencontre avec les instruments à vent. Seul son titre évoquerait le coté visuel que l’on affectionne dans la musique.
Ça me fait penser à une pochette de disque de Papa M (le disque s’appelle Whatever Mortal). Il y a ce type assis sur une chaise, avec son chien, et j’aime bien l’idée qu’il ne fait rien, qu’il prend son temps pour observer et se laisser aller à ses pensées. Vous connaissez cet album ?
David Pajo, on aime beaucoup. Il n’en fait jamais trop et c’est là un sixième sens enviable. Cette idée dont tu parles, on connaît bien je crois. C’est sans doute un peu ce que l’on ressent quand on joue : se laisser porter. Envahir. Attendre.
Qui est à l’origine de la pochette ? Il y a des choses à priori mortes qui paraissent en même temps vivantes.
C’est Laurent, mon grand frère. C’est une page de son journal Residual Works : « des mouches trouvées au bas du rideau de la cuisine, des bouts de choses comme des peaux mortes rassemblées au fil des jours et décrivant ni plus ni moins des états passagers ».
Comment travaillez-vous votre musique ?
On travaille tous les trois notre morceau qui n’est souvent qu’une boucle qu’on répète à différentes intensités. Après on va en studio et les musiciens classiques se posent là ou alors des arrangements discrets que l’on trouve en fouillant dans les instruments présents au studio. On réfléchit beaucoup, j’aime beaucoup le coté formaliste s’il apporte du sens. La plupart du temps, on part avec une idée précise et on se fait surprendre. On a adopté un fonctionnement live qu’on connaissait très peu et un parti pris de spontanéité un peu trafiquée.
Votre album ne comporte que six morceaux. Est-ce un choix délibéré ? Portez-vous une attention particulière à une cohésion d’ensemble, à former un genre de tableau ?
Il y a plein d’albums qui nous ont marqués qui ont six titres, notamment Slint ou The For Carnation, Labradford. Ceci dit, je ne crois pas que cela soit entièrement délibéré car on a du enregistrer une dizaine de morceaux. Je crois qu’on a simplement gardé ceux qui marchaient le mieux ensemble. Cette idée de cohésion va de pair avec celle de concision : quarante minutes, c’est la bonne durée d’album. Au-delà, ça commence à faire trop. Je crois que la musique est plus belle fugace, un peu frustrante.
Les instruments classiques utilisés sur certains titres apportent beaucoup de chaleur et d’intimité. Etes-vous attirés par le son des instruments en bois, par le rapport sensitif et émotionnel qu’ils ont ? Sont-ils intervenus naturellement dans la composition ?
On adore la notion de résonance. Les instruments classiques ont été essentiels, je crois. Ils font partie de notre démarche. Nous construisons seulement des trames rêches prêtes à accueillir ce jeu fluide et nuancé qu’ils sont capables d’apporter. Ce mélange est important pour nous. L’intensité de notre structure « rock » et leur finesse, leur puissance organique. Jérôme, le trombone, s’est beaucoup investi. Il joue du piano sur Tide Water et il est resté avec nous pendant l’enregistrement. Cécile est venue pour ses prises de violoncelle uniquement. Ça fait longtemps qu’on en avait envie et la greffe s’est faite sans problème.
Votre musique s’exprime dans la durée. Avez-vous besoin d’espace et de temps pour « capturer » votre musique ?
Pas forcément. Comme on disait, le coté fugace, le bon dosage est dur à obtenir. C’est vrai qu’il faut développer sans empressement pour taper juste il me semble. Mais à coté des seize minutes d’Hidden Landscapes il y a He Meant The Words qui fait une minute trente et qui est très loin d’être un interlude. Empress, un groupe merveilleux, joue sur des durées très courtes, des fragments. Je crois que ça nous attire. On se laisse aller, on essaie de pas trop contrôler mais à priori, on n’est pas fanatiques du morceau le plus long. Si on peut aller à l’essentiel en un clin d’œil, on le fera.
Tu joues également dans Hinterland. Y-a-t-il d’autres projets parallèles ?
Je joue dans Hinterland avec mon ami Thomas, et justement on fait un folk très minimaliste, des morceaux de deux minutes. J’ai sorti un 45t sur la structure montalbanaise Plastic Pancake sous le nom d’Electrophönvintage. Sinon, en ce moment, on joue dans les bars avec notre groupe pop The Prussians.
Vos projets pour la suite ?
On enregistre notre deuxième album. On va sortir l’album d’Hinterland sur Unique en 2003. On aimerait enregistrer des chansons de The Prussians (entre Lambchop et The Moldy Peaches). Avec Anicet, on aimerait monter notre petit label Rèkôdo pour faire de beaux objets avec mon frère, nos amis.
A Place For Parks The Bright Period (Unique Records/La Baleine)
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