Delphine Dora & Half Asleep - You're not mad, you're just lonely
14 Février 2012
– UR30
Delphine Dora & Half Asleep You’re not mad, you’re just lonely
par
Half Asleep
Date de sortie : 14 Février 2012
Lorsque Delphine Dora et Half Asleep se réunissent on contemple une dualité faite d’étincelles. Les deux artistes ne se sont jamais trahies, dans de déplorables compromissions, et la collaboration déjà tentée lors d’une sortie sur Greed Recordings avait montré ce que leurs univers respectifs partagent. C’est donc pour un album concept sur la folie que les deux jeunes femmes se retrouvent avec comme guest stars : Janet Frame, Robin Cook, Samuel Beckett, entre autres et l’incontournable président Schreber. Parmi leurs patients incurables : Thomas Boudineau au trombone (Hiddentracks, eUd), Dana Hilliot au mixage, un chien facétieux couleur café ainsi que votre serviteur autorisé pour quelque temps encore à écrire, en attente d’une MDT (Musique sur Demande d’un Tiers).Un rapide constat s’établit lors des premières écoutes : la créativité est omniprésente dans ces variations sur un même thème. Si ce disque a été jusque là incompris c’est à cause de la part d’élégance et de fantaisie que les deux artistes ont amené afin de nous sauver de l’austérité qui menace tout propos rationnel sur la déraison. Nietzsche n’est-il pas plus fou dans sa philosophie du Gai Savoir que dans les ténèbres de son Antéchrist ? Le mélomane féru d’expérimentations en tout genre sera aussi déçu par cet album car il est fait en majorité de chansons. Et oui ! Il ne s’agissait pas de confondre inspiration sur la folie avec l’écriture d’un pléonasme, ou avec une interprétation au premier degré.
Un psychanalyste devrait-il s’excuser parcequ’il aura permis à certains symptômes de disparaître ?Plutôt que de poser d’emblée l’impossible quota d’une altérité viciée par nos représentations, cet album, fondamentalement cohérent dans ses divergences et dans ses aspects chaotiques, propose de nous ramener sur les territoires de la folie familière. Il s’agit ici de formuler un mythe musical sans archétype, enseignement tiré par une longue réflexion sur l’art brut ou sur l’histoire de la psychiatrie. La folie nous pousse à une musique raisonnée où l’outsider revient à la pop qu’il a pourtant contestée. Pas de musico-pathologie en vue mais le minutieux passage en revue d’exemples insaisissables. Plus que tout : ce disque nous apprend que parfois ce sont les chansons qui nous écrivent, sans angoisse, sans la violence du matraquage mais par la douce rencontre avec les disques. Voilà peut-être le plus grand enseignement à tirer d’une psychose musicale. Gilles Deles
Ce disque a été édité à édition limitée à 500 exemplaires, pour les membres bienfaiteurs du label et uniquement disponible à la vente sur Bandcamp et le site web du label.
L’instrument de prédilection est le piano, canevas sur lequel les mélodies vocales prennent forme, souvent fantaisistes et curieuses. Parfois le chant invite à la tristesse (« Now everything is quiet »), à la méditation (« The Rupture begins »), au liturgique (« Body and Soul can never be married ») ou au délire (» You don’t like to be touched, remember that »), mêlant les combinaisons de voix féminines déjantées des Raincoats aux incantations dépressives et aériennes de Astaron. OBSKÜRE MAGAZINE
Ces deux musiciennes , étaient définitivement faites pour se rencontrer tant leurs univers intimes partagent d’indéniables points communs. Leurs recherches d’harmonies vocales étranges sur un fond musical minimaliste et sensible ne demandaient qu’à dialoguer, et le résultat est à la hauteur des attentes. Pour cet album concept enregistré en cinq jours à l’été 2010, elles ont pris la folie pour thème central, en se basant sur des personnages réels ou fictifs Molloy de Samuel Beckett (pour une superbe complainte douce amère, « And suddenly I remembered my Name »), la romancière Janet Frame, la dramaturge Sarah Kane ou encore Zelda, la femme de F. Scott Fitzgerald. À travers ces figures, c’est également à une réflexion sur le lien entre féminité et aliénation que nous sommes conviés. L’instrument de prédilection est le piano, canevas sur lequel les mélodies vocales prennent forme, souvent fantaisistes et curieuses. Parfois le chant invite à la tristesse (« Now everything is quiet »), à la méditation (« The Rupture begins »), au liturgique (« Body and Soul can never be married ») ou au délire (» You don’t like to be touched, remember that »), mêlant les combinaisons de voix féminines déjantées des Raincoats aux incantations dépressives et aériennes de Astaron. L’ensemble bénéficie d’une ambiance un peu surannée, accentuée par les vinyles qui craquent (« In Search of pure Language ») et l’aspect film muet de certaines pièces de piano (» Schreber’s Waltz »). La folie apparaît comme un pléonasme pour l’inspiration, et l’aspect spontané et improvisé de ces sessions rend les émotions bien plus palpables qui si elles avaient été noyées sous une grosse production. Max Lachaud