Après “Lumière d’en bas”, premier disque irisé, féérie découpée en vitrail, le titre “Bois et charbon” annonce quelque atmosphère mettons… plus calcinée.
En effet, “Les remparts”, ombrageuse à souhait, ouvre le nouvel album de Midget! sur un ton menaçant tout en roulements de colère contenue (Flavien Girard, des Hiddentracks à la batterie), chant tendu, presque défiant, à peine apaisé le temps d’un refrain suave que le solo de guitare diffracté final viendra définitivement éparpiller aux quatre coins de son humeur noire. Piège ? Fausse route à tout le moins, puisque dès “L’occident”, ballade ET marche désarmée, menée par deux voix à l’unisson tout à fait lancinant, la température commence à varier pour formuler la promesse d’une oeuvre mouvante et soumise tout entière à milles métamorphoses, hallucinations, mirages et distorsions heureuses.
Et de fait, le disque n’en finira plus d’égarer, de surprendre et d’émerveiller.
Insister sur le fait que tout ça est d’un charme fou, et immédiat, remuant de mélodies supérieures souplement étirées par Claire Vailler, ici à son meilleur, assumant aussi bien une certaine forme de fragilité consentie que le déploiement altier de figures fermement dessinées. De berceuses fixement adressées en polyphonies abstraites, de canons schizos en déclarations d’amour fléchissantes, c’est tour à tour un pur instrument et une voix proche, intime et humaine que cette voix-là. Voix blanche, mais blancheur d’aube plutôt que de chaux, plutôt que de craie.
Il y a aussi , sous les chansons même, comme un double fonds dans “Bois et charbon” qu’on peut considérer comme un discret manifeste théorique et qui serait la poétique même de Mocke (Holden, Silvain Vanot, Arlt…), décidément l’un des guitaristes les plus passionnants de ce pays. Rythmiques opulentes ou décharnées, soli solaires, riffs malingres, harmonies et contrepoints se succèdent en quelque mouvement centripète de siphon d’évier devenu fou. Plus qu’un simple mélangeur de genres, Mocke est botaniste myope, physicien tête-en-l’air, explorateur lunaire et grand rêveur, sachant se perdre et lâcher prise, s’étonnant lui même de ce qu’il découvre sous ses doigts à mesure qu’il joue. Ce que Mocke semble chercher, plus ou moins consciemment, c’est, sous forme de précipité chimique,un possible dénominateur commun aux diverses formes de la beauté, par delà les styles, par delà les écoles.
Ainsi, ballades stellaires et jazz à coulisses ellingtonien, influences classiques diverses (Debussy, Fauré, Ravel mais aussi Honegger et Stravinski, sans trembler), électrocutions post-punks, madrigaux moondoguiens, niger et amérique latine, impressionnisme hirsute et dodécaphonisme doux se cannibalisent les uns les autres et passent comme des ombres amies, pour former une matière autonome dont le duo fait son miel et le véhicule syncrétique de ses obsessions.
Si “Bois et charbon” nous enchante et nous tue à ce point, c’est parce qu’il s’agit bel et bien d’un album véritablement chercheur, qui réussit la prouesse d’être toujours lisible, accueillant, familier. Ceci pas du tout parce qu’il ménagerait la sempiternelle chèvre et le fameux chou, ni même parce qu’il recyclerait les bonnes vieilles recettes des avant-gardes en machins faciles à écouter, mais parce qu’il s’arrime fièrement à ce défi de langage immensément beau: effacer les distances entre le populaire et le savant, l’exigence et le plaisir, l’écriture et l’improvisation et qu’il parvient à transformer ce défi en émotion partageable. Parce qu’il parvient à de nombreux endroits à rendre la musique la plus atonale lumineuse, pop et printanière et, à l’inverse, le plus attrayant des refrains d’amour en équation complexe. Parce qu’il honore la musique, participe à refondre et re-fonder la chanson française. Parce qu’on sait dès la première écoute qu’on trouvera à s’y rafraîchir pendant des lustres. Sing Sing (ARLT)
“Bois et charbon” affine le propos, dans un registre chanson folk gentiment tordue, fluide et retorse à la fois, avec des lignes mélodiques en escalier, des notes qu’on n’attend pas…
DOMINIQUE A – à toute berzingue, le cahier de Dominique A
Un disque absolument magnifique. Une chanson française audacieuse et neuve avec des sonorités et des structures assez expérimentales mais des mélodies plutôt accessibles. Un album long en bouche, à apprivoiser.
RADIO FRANCE CULTURE – émission “Label Pop” – Vincent THEVAL + dans le BEST OF 2014 de l’émission
Toujours dans une veine de chanson faussement triste, avec minimum d’effets et pouvoir poétique légèrement suranné. Ainsi dans Chemin sans chemin (où les voix se conjuguent) et Selda. « Comme la pluie, tu n’es pas tombé de haut… »
TELERAMA – François Gorin
Ces comptines mutines, bien que chantées en français, s’avèrent farouchement apatrides. A la fois graciles et indociles, elles ne se cantonnent à aucun territoire particulier, pour batifoler entre chanosn française, échappée folk et rêverie jazzy – loin, très loin du vieux couplet/refrain et près, tout près, d’une source de pétillante fraîcheur.
LES INROCKUPTIBLES – Numéro du 21 janvier 2015 – noté 3,5/5
Une dizaine de grandes chansons folk inclassables et totalement désarmantes.
RIF-RAF (LE mag musical belge)
Le duo s’est affirmé, tant sur le plan vocal, avec une présence de plus en plus importante de Mocke et une voix plus maitrisée de Claire, que sur celui des mélodies qui sont plus originales, moins linéraires, plus libres.
POPNEWS
Hanté, habité de mille personnages, il arrive à cet équilibre, incroyablement difficile à trouver, entre quelque chose de très savant, de très recherché (mélodiquement, harmoniquement (aussi bien dans la forme que dans la structure des accords) ou rythmiquement) et quelque chose de totalement immersif, facilement assimilable et se rendant rapidement addictif.
FROGGY’S DELIGHT
Bois Et Charbon est un édifice délicat, fragile et toujours gracieux. Un disque défiant l’apesanteur, une sorte de bulle dont la pureté des arrangements rappelle par moment le Ting des Nits ou encore le minimalisme sublime des Young Marble Giants.
ADDICTS CULTURE
Dix chansons telles des bulles légères dans le ciel, une lumineuse élégance, un doux raffinement des textes et des sonorités
MUSIC, BOOKS AND POEMS
Mais une fois encore on est épaté par la qualité des mélodies fragiles, par le son rond et velouté de la guitare de Mocke, par les arrangements délicats qui viennent entourer la voix fragile et charmeuse de Claire Vailler.
BENZINE
C’est débordant de créativité, ça ne ressemble à rien d’autre, c’est tellement inspiré et plein de subtilité que des dizaines d’écoutes suffisent à peine à en percer le mystère
POP AND FILMS
Écouter Midget!, c’est se faire sensation, c’est être cet animal qui hume l’air pour mieux prévenir les dangers, cette créature qui quitte le sentier balisé pour pénétrer les ronces massives comme un naufragé dans le végétal.
À DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
A travers leur musique, il se dégage une belle mélancolie, parfois perturbé par des petits riffs de guitare. (…)une fois le moment trouvé, c’est une grande porte (qui ne grince pas) qui s’ouvrent vers un espace certes intimiste mais tellement spacieux.
FOUTRAQUE
Le travail général sur les sonorités est proprement impressionnant et réjouissant. Hivernal, certes, mais pas glacé.
CLUTCH – mensuel gratuit culturel toulousain
Le duo Midget! revient avec “Bois et charbon”, sur lequel la voix de Mocke se fait plus présente qu’à accoutumée. Pour le reste c’est aussi bon que d’habitude.
HOP-BLOG
Perle délicate que ce « Bois et charbon » de Midget. Sous une succinte apparence de folk vaporeux la guitare agile de Mocke, musicien chez Holden ou Arlt, et la voix éthérée de Claire Vailler déroutent au fur et à mesure qu’elles enchantent.
L’INFLUX
DOMINIQUE A – à toute berzingue, le cahier de Dominique A
Hexagone toujours, le retour du duo masculin féminin Midget !, dont le deuxième tir, “Bois et charbon”, affine le propos, dans un registre chanson folk gentiment tordue, fluide et retorse à la fois, avec des lignes mélodiques en escalier, des notes qu’on n’attend pas : tout comme sur “L’anguille”, premier disque solo de Mocke, moitié mâle de feu Holden et de Midget !, un disque vinyle instrumental de 13 courtes pièces où son jeu de guitare, extrêmement typé et identifiable, habile mais jamais bavard, continue à produire quelques étincelles. Dominique Ané
Après le “cerf biche et faon” de Julien Gasc il y a quelques mois, voici maintenant le “Bois et Charbon” de MIDGET!, une certaine poésie dans les titres d’albums français, en tout cas d’albums particulièrement beaux et exigeants qui sortent ces derniers mois, c’est le 2e album de MIDGET! ce duo composé par la chanteuse Claire Vailler et le guitariste Mocke, guitariste qu’on a croisé auprès notamment de Sylvain Vanot, ARLT ou HOLDEN, et je le disais à l’instant c’est un disque absolument magnifique une chanson française assez audacieuse, assez neuve, avec des sonorités et des structures assez expérimentales, des mélodies quand même plutôt accessibles, qui en font un album long en bouche, un album à apprivoiser. “Bois et Charbon” vient tout juste de paraître.
Vincent THEVAL (Label Pop – Radio France Musique, 17 novembre 2014)
On retrouve avec joie le Français Mocke pour ce duo charmant.
Deux ans après Lumière d’en bas, premier album d’une clarté joliment insolite, Midget ! – duo formé par Claire Vailler et Mocke (ex-membre de Holden) – est de retour. Avec un album au titre tout à fait de saison et au contenu plus que bienvenu, le duo laisse les auditeurs fureteurs rugir de joie à l’écoute de ces dix chansons élégamment buissonnières. Consolidant ses liens de parenté avec Arlt, autre duo atypique (avec lequel Mocke a d’ailleurs frayé), Midget ! maintient les oreilles et l’esprit en éveil au fil de ces comptines mutines qui, bien que chantées en français, s’avèrent farouchement apatrides. A la fois graciles et indociles, elles ne se cantonnent à aucun territoire particulier, pour batifoler en toute liberté entre chanson française, échappée folk et rêverie jazzy – loin, très loin du vieux schéma couplet/refrain et près, tout près, d’une source de pétillante fraîcheur. Jérôme Provençal
Midget ! est le duo formé par le guitariste Mocke (alias Dominique Dépret, ex-Holden) et la chanteuse Claire Vailler. Premier album en 2012, Lumière d’en bas. Deux ans après sort Bois et charbon. Toujours dans une veine de chanson faussement triste, avec minimum d’effets et pouvoir poétique légèrement suranné. Ainsi dans Chemin sans chemin (où les voix se conjuguent) et Selda. « Comme la pluie, tu n’es pas tombé de haut… » Mes années 10, #128 : The Wannadies, Midget !, H-Burns… La playlist secrète de François Gorin
Après « Lumière d’en bas« , le très aérien premier album de Midget! sorti il y a 2 ans, Claire Vailler et Mocke étaient restés assez (trop !) discret. Une discrétion qui va bien avec leurs chansons bâties sur des poésies épurées et des mélodies graciles et élégantes. Ils reviennent cette année avec « Bois et Charbon », et pour ce nouvel album du duo, nous avons décidé de donner nos impressions en duo également.
Chloro : « Lumière d’en bas » avait un peu des airs de coup d’essai, avec des va-et-vient entre textes en anglais et en français, des chansons atteignant les sommets, et d’autres un peu moins envoûtantes. J’ai l’impression que ces hésitations, qui ont sans doute eu lieu pendant la préparation de « Bois et charbon » (elles sont à la base même de l’art de la musique pop), ne sont plus du tout apparentes ici : le duo s’est affirmé, tant sur le plan vocal, avec une présence de plus en plus importante de Mocke et une voix plus maitrisée de Claire, que sur celui des mélodies qui sont plus originales, moins linéraires, plus libres.
Matthieu : Eh bien, l’idée de chroniquer en tandem cet album était bonne puisque je ne suis pas du tout d’accord. Je considère « Lumière d’en bas » comme une grande réussite (au point de lui avoir donné une place de choix dans mon top 10 de 2012), dont les quelques « hésitations » apportaient justement une grâce certaine à l’ensemble. Une grâce non-dénuée de fragilité, qu’aux premières écoutes, je n’ai retrouvée que partiellement dans ce nouvel opus, qui est certainement plus cérébral que le précédent.
Chloro : C’est peut-être ce côté cérébral qui me plait. Cérébral et encore fragile (je trouve). L’album commence très fort avec « Les Remparts », une rythmique lancinante, une guitare plus aérienne que jamais et la voix de Claire Vailler mise (enfin) en avant. Une voix qui assume sa fragilité. Une fragilité troublante qui lui donne son intensité. Inquiétante et vibrante, « Les Remparts » est à la fois un très bon début et une assez bonne synthèse de l’ambiance de cet album.
Matthieu : Ce qui m’impressionne dans ce titre d’ouverture, c’est cette capacité à nous plonger, en une poignée de notes – la guitare de Mocke, quelques sonorités subtilement électroniques – dans une atmosphère ouatée des plus évocatrices, que je placerais non loin du « Come from heaven » d’Alpha (1997), dans son aptitude à jouer de la pop en nous faisant croire que c’est du jazz (ou l’inverse). Et puis, Claire et Mocke écrivent toujours des phrases à la poésie trouble – à l’image de leur musique – dont on a peine à délimiter les contours : « Il m’en coûte, j’ai de fausses joies, mais les arbres s’enroulent, se courbent au moindre de mes pas, puis se bousculent comme s’il n’y avait pas ce serpent sur ma nuque, ces aiguilles au bout de mes doigts ».
Chloro : Là, on est d’accord, et pour moi, « Rhapsodie » est dans la même veine que « Les Remparts » : on y retrouve cette voix qui tremble légèrement (« et tout ce qui tremble est vrai »), les enlacement entre cette voix et les arpèges sinueux de la guitare de Mocke, une mélodie à tiroirs savante et une construction audacieuse. « L’Occident » paraît plus classique, plus lumineuse. La bonne surprise sur le deuxième titre de cet album, c’est qu’on entend la voix de Mocke. Un duo d’auteurs compositeurs, c’est bien, et si ils chantent tous les deux, c’est encore mieux. Surtout quand les deux voix se complètent aussi bien qu’ici… jusqu’aux chœurs du pont mitant.
Matthieu : Alors, entre les acrobaties mélodiques (dangereuses) de « Rhapsodie » et le (faux) classicisme de « L’Occident », je n’hésite pas une seconde… À la construction tarabiscotée du premier morceau – que l’on pourrait apparenter à du folk progressif ! – je préfère nettement le groove subtil et assuré du second (cette rythmique, cette basse ronde…).
Chloro : Mocke chante aussi sur « Les Soupirs encore », qui commence gentiment, comme une autre chanson pop classique. Mais avec l’aide d’une guitare qui lui donne petit à petit des ailes, cette chanson s’envole, déclaration de liberté et belle illustration du « lâcher prise » du duo. Une de mes préférées de l’album.
Matthieu : Là, nous sommes d’accord. « Les Soupirs encore » est une grande chanson pop, lumineuse, avec toujours cette guitare inexorablement libre. Et la voix de Mocke n’est pas sans rappeler celle du jeune Dominique A, avec qui Holden, son autre groupe, a partagé le label Lithium à ses débuts.
Chloro : 100 % d’accord en effet ! « Gorge s’enflamme », ou « Echo » qui sont mes deux autres chansons préférées de l’album sont dans un style totalement différent. Sur la première, justement pleine d’échos, et d’harmonies enchanteresses, la guitare de Mocke se laisse (enfin) complètement aller. Sur la seconde, la voix de Claire Vailler me happe et me touche dès les premiers mots, et ne me lâche que sur le final. La guitare de Mocke qui semble plus sage ne fait que serpenter à nouveau entre facilité apparente et enchainements experts. Le tout au service de l’émotion qui atteint ici des sommets.
Matthieu : J’ai, pour ma part, une nette préférence pour des morceaux comme « Sans ombre cristal » ou « Chemin sans chemin ». Pour être plus précis, j’admire l’introduction musicale à rallonge du premier, qui semble convier Olivier Messiaen chez David Lynch, et le final presque post-rock du second.
Chloro : Je peux comprendre ça, et du coup, je suis sûr qu’on va être d’accord à propos de « Selda », qui termine l’album, et n’est pas en reste non plus niveau émotion. Mocke y est beaucoup plus discret (on n’entend sa douce guitare qu’à la toute fin), et c’est un piano qui tente de prendre le dessus, mais, ici encore, c’est la voix de Claire Vailler qui guide notre émotion. Un final sublime et délicat, à l’image de cet album que, vous l’aurez compris, j’adore.
Matthieu : « Selda » conclut effectivement en beauté ce savant et bien souvent passionnant « Bois et Charbon », avec ses arpèges de piano complétant à merveille la voix de Claire, qui va chercher les aigus telle une Jane Birkin insondable, accompagnée par un Gainsbourg qui aurait préféré Debussy à Chopin. ChloroPhil
Après un premier album aux allures de miracle, Midget !, duo composé de Mocke (Holden) et Claire Vailler est de retour avec Bois & Charbon. Cette fois, tous les textes sont en français, donnant l’impression d’ouvrir un grand livre de sorts. La guitare de Mocke et la voix téméraire de Claire Vailler nous entraînent dès les premiers titres, Les remparts et L’Occident, dans un ailleurs, un autre temps dont on peine à dire s’il est ancien ou s’il s’invente progressivement en nous caressant les oreilles. Les mots s’enchaînent comme des formules magiques, les notes partent dans tous les sens pour former un résultat harmonieux, étonnant. Plus que jamais, ce second album est l’occasion pour le duo de prendre des risques, de chercher, de s’abandonner, de se perdre. C’est débordant de créativité, ça ne ressemble à rien d’autre, c’est tellement inspiré et plein de subtilité que des dizaines d’écoutes suffisent à peine à en percer le mystère. Bref, c’est aussi bien que le précédent, tout aussi emballant, différent, cohérent, fou et à pleurer.
Les mélodies limpides sont le fruit d’un travail complexe et ensorcelant, les paroles sont des poèmes, tout n’est que raffinement et délicatesse. Une succession d’éclats de beauté, la sensation grisante de se dire qu’on écoute quelque chose au goût d’inédit, qui détonne, qui surprend en permanence sans pour autant jamais prendre de haut. Les titres impressionnent, fascinent tout en paraissant simples, taillés pour chacun de nous. Le plus simple pour se laisser emporter au cœur de ce troublant voyage est de fermer les yeux et de se laisser aller. S’il y a bien une chose que Midget ! sait faire, c’est incruster dans nos petites têtes, instantanément, une multitude d’images, de bribes de souvenirs ou d’émotions. Et à chaque écoute tout change, se renouvelle, comme si les morceaux se réinventaient au fil du temps, jouant avec notre imaginaire.
Parvenir à une telle grâce en étant tellement sur le fil, comme parfois au bord d’un précipice même, force l’admiration. On commence à bien le savoir : Mocke est un guitariste aventureux. Ici il semble vraiment se faire plaisir et sa guitare saisit le corps et l’esprit, nous attrape pour mieux nous plonger dans un état sécond, entre un doux sommeil et un embrasement qui nous amène à nous sentir plus vivant que jamais. Claire Vailler, elle, donne sans cesse le frisson : sa voix n’en finit plus d’oser, de se mettre en danger, bouleversante de vulnérabilité une seconde et majestueuse de maîtrise la suivante. Mi-fée mi-sorcière, toujours intrigante, toujours insaisissable. Gorge s’enflamme se déploie : un enchantement total, une piste imprévisible. On s’emballe, encore : mais c’est complètement dingue ! C’est complètement beau ! Comme un conte ou une invocation.
Midget !, c’est à part, c’est de la magie des mots et des sons, c’est obsédant. Bois et charbon, on arrive pas à en sortir alors on y revient. On reste bloqués et enivrés dans ce labyrinthe. S’il faut lâcher d’autres préférences pour quelques tours en particulier : Sans ombre cristal, Terre Folle et Echo s’imposent sans doute naturellement au bout de quelques jours d’écoute. Mais ils seront vite rattrapés par d’autres histoires, d’autres chapitres. Il y a des artistes qui vous touchent tellement que vous avez juste envie de leur envoyer des petits cœurs. Gaspard Granaud | 19 novembre 2014
Je vous ai déjà dit combien j’aime tout ce qui est organique, sybillin, imparfait. Combien j’aime ce qui désaxe nos angles de vue habituels. Pour adhérer à un univers, pour aimer les mots, la musique d’un autre, il me faut entrer en reconnaissance, à tâtons dans ces territoires là.
Entrer dans le lumineux “Bois Et Charbon” de Midget, projet mené par Claire Vailler et Mocke, c’est comme quelque part ré ouvrir “La Question” posée par la grande dame aux longs cheveux bruns en 1971. Univers fort et fragile à la fois, délicat et ample. Jamais très éloigné des ambiances de Holden, un des autres groupes de Mocke, parfois proche de la mélancolie empathique de Valérie Leulliot (“Les Remparts”). Il y a ces arrangements savants mais toujours attirants, toujours magnétiques qui ne sont pas sans rappeler le travail d’Arlt, Bizarre isn’it ?
Midget fait partie de cette scène française que j’aime, aventureuse et audacieuse dans la multitude des teintes qu’elle propose, à des années lumières des discours trop lisses, de l’emphase empesée des précieux ridicules qui pense que poésie et créativité riment prosaïquement avec posture et facilité. Que l’on jette la pierre à celui qui ose dire que la chanson de par ici est trop ancrée dans le patrimoine, à cet autre qui dit qu’elle est trop sous l’influence des anglais, à celui-là qui ne jure que par les figures tutélaires, les commandeurs d’ici, Bashung, Brel, Barbara,Brassens, Ferré, Dominique A. Que l’on jette la pierre à ceux-là qui préfèrent les raccourcis à la curiosité. Car la scène française est belle et bien riche avec ses propositions comme des patchworks d’envie. Quoi de commun entre les créations du label Le Saule (Philippe Crab, Antoine Loyer, Léonore Boulanger), Mickael Mottet avec ou sans ses Hiddentracks, Delphine Dora . Sans doute une envie de corrompre cette musique pour mieux la renouveler.
Raconter cette maîtrise Pop à l’oeuvre ici, c’est retrouver le palpitant, le vivant, le chaleureux, ce qui brûle en nous comme un combustible incandescent, comme du Phosphore qui irradie et aveugle (“L’Occident”). C’est se regarder dans le miroir, dans ce reflet trop lourd qu’on néglige si souvent, ne pas reconnaître les traits familiers, ne pas en comprendre la raison, rire sans joie de cette impression ressentie, être bouleversé par ce premier cheveu blanc, comme le début de la démission de nos corps. C’est entendre cette voix que l’on ne reconnaît pas.
C’est parfois se laisser porter par ces chants mêles entre réminiscences des choeurs en canon de nos bancs d’école et prédictions des Pythies (“Gorge S’Enflamme”). C’est convoquer l’irraison calme de celui qui a déjà touché le fond, qui ne sait pas s’il veut remonter à la surface ou cloué dans la boue épaisse et visqueuse. C’est se perdre dans les ruelles de John Martyn, d’un Henri Crolla apathique (“Rhapsodie”).
C’est retourner aux déambulations qui ne mènent nulle part. C’est traverser la jetée, monter à bord de la barque, prendre à pleines mains les rames lourdes qui font mal aux bras et petit à petit couvrir les distances qui séparent. Accoster sur une plage ni laide ni belle, d’une neutralité terne, rejoindre la passerelle plus haut, s’abriter du vent et deviner parmi les algues en contre-bas les corps qui déjà se relèvent. Parmi les brumes légères comme un linceul fin apparaît cette île, ni menace, ni abri. Je n’ai pas d’autre choix que de rejoindre la cohorte, la meute beuglante , les rejoindre ou me dissoudre (“Sans ombre/Cristal).
C’est retrouver la grâce de Rickie Lee Jones, de Nina Simone dans ces aventures là (“Terre Folle”). C’est être léger sans oublier d’être profond. La joie sera ancienne, elle aura les couleurs délavées des bonheurs à venir.
Penser musique c’est penser sons mais pour moi c’est aussi penser couleurs. Quand j’écoute Midget et “Bois et Charbon”, je retourne à l’ocre de certains des paysages de Millet, entre gravures presque épurées et apologie de tous les contrastes de l’orange. Ecouter Midget, c’est se faire sensation, c’est être cet animal qui hume l’air pour mieux prévenir les dangers, cette créature qui quitte le sentier balisé pour pénétrer les ronces massives comme un naufragé dans le végétal. Sentir les épines qui déchirent la chair sans plaisir.
C’est se lover dans cette sensualité amicale, cette intimité qui ne durera pas (“Echo”). C’est se laisser bercer par un Doo Wop arythmique, un gospel païen en regardant cet enfant, héros de papier dans ces lacs de delta. C’est découvrir la ville inconnue, sentir à nouveau le sang qui coule dans nos veines. Se surprendre à être au monde, de ce monde (“Chemin sans chemin”).
Ouvrir cette fenêtre, regarder au fond de soi, en finir avec ses questions… C’est vivre ces aubes, ces lumières dans l’immeuble d’en face qui doucement apparaissent comme des guirlandes taiseuses, comme un puzzle aux pièces dépareillées (“Selda”)
C’est enfin sortir la chaleur du bois, du charbon, savoir que tout cela ne sera bientôt plus que braise rougissante comme un timide qui s’excuserait d’être là. Alors pour quelques instants, nous retournons aux sens, à l’urgence d’être à nous même. Pour un instant, je viens me réchauffer à ce feu entre bois et charbon, je t’observe, toi qui brûle, qui brûle doucement…Greg Bod
On avait trouvé dans le premier album de Midget! un moyen de se consoler de l’absence prolongée (entre 2009 et 2013) du duo formé par Mocke et Armelle Pioline. Deux ans après, le très beau »Lumière d’en bas » Midget! est de retour avec »Bois et charbon ». Un disque aussi subtil et brillant que pouvait l’être le précédent. Un disque dans lequel le duo poursuit un travail de composition et d’écriture là encore très abouti tout en étant un poil différent que sur Lumière d’en bas, avec notamment la présence d’une batterie (Flavien Girard, des Hiddentracks d’Angil). Mais une fois encore on est épaté par la qualité des mélodies fragiles, par le son rond et velouté de la guitare de Mocke, par les arrangements délicats qui viennent entourer la voix fragile et charmeuse de Claire Vailler. [4.5] Benoit Richard
Lumière d’en bas, le premier album de Midget!, avait été une source intarissable de plaisir. Il faut dire que pour ceux qui aiment les disques qui sortent des sentiers battus, ce Lumière d’en bas proposait une musique étonnante, un folk enchanteur, presque en apesanteur, un précis de surréalisme musical.
Bois & Charbon est du même acabit. Plus sombre peut-être. Ce disque aurait très bien pu se nommer “Poésie onirique & Comptines chimériques”. Il se passe quelque chose de magique ici. Peut-être est-ce la voix magnétique et si délicate de Claire Vailler ? Le jeu de guitare tout en subtils méandres hypnotiques de Mocke, guitariste devenu un incontournable de cette scéne française poétique et aventureuse ? Ou ces compositions, dédales de genres et de styles, pièges où se cachent douces dissonances, ghost notes, mélodies piquantes en cascades, explorations lunaires… Tout semble si fragile, si léger, et pourtant chaque note, chaque mélodie nous happe irrémédiablement. Ce disque est un lent poison qui aiguise, exalte nos sens, avec comme but, notre petite mort.
Mais Bois & Charbon est aussi un disque épineux, qui ne se donne pas au premier venu. Hanté, habité de mille personnages, il arrive à cet équilibre, incroyablement difficile à trouver, entre quelque chose de très savant, de très recherché (mélodiquement, harmoniquement (aussi bien dans la forme que dans la structure des accords) ou rythmiquement) et quelque chose de totalement immersif, facilement assimilable et se rendant rapidement addictif. Pas vraiment pop ou folk rêveur, ni jazz, ni tropicalisme psychédélique alangui, pas chanson française non plus, mais peut-être tout à la fois, Bois & Charbon est le passionnant fantasme d’une rencontre entre Honegger, Poulenc, les Beatles, Françoiz Breut et Holden, une ruée vers un ailleurs musical, une autre dimension enivrante. On lévite, on palpite, ô que ce disque est bien ! Le Noise (Jérôme Gillet)
Interview du groupe le 21 Mai 2015 pour l’émission Les Carnets de la création sur RADIO FRANCE CULTURE
Interview du groupe parue le 01er février 2014 avec FROGGY’S DELIGHT
Session vidéo live (2 titres) du groupe pour POPNEWS
Session vidéo live (4 titres) du groupe pour FROGGY’S DELIGHT
“Les remparts” en libre téléchargement sur La Compilation Volume 34 – À DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
Carte blanche au groupe sur Radio Campus Bruxelles à retrouver sur MIXCLOUD
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