Les fantômes continuent d’habiter Michael Wookey, mais il a su les amadouer et en faire son backing band.
Qui est Michael Wookey ? Le connaissez-vous depuis le premier album que nous avions sorti (Submarine Dreams, 2013), où il invoquait à la fois le Tom Waits de Black Rider et la pop orchestrale de Beirut ? Si oui, sachez que plusieurs de ses musiciens de l’époque (The Hiddentracks) sont présents sur ce nouveau disque. Ou alors, avez-vous assisté à l’un des concerts épiques qu’il donne avec son orchestre d’instruments jouets, immanquablement de grands moments d’épiphanies émotionnelles (notamment au Théâtre du Châtelet, qui l’a invité à plusieurs reprises) ? Réjouissez-vous : la grande Margaret Leng Tan, qui fut entre autres l’une des musiciennes privilégiées de John Cage, ouvre l’album au toy piano, avant le déferlement terrible de “Sailor”.
Peut-être l’avez-vous vu lors de son inlassable tournée en “Improbable duo” avec Pauline Dupuy, où ils mêlaient, avec une déconcertante cohérence, les relectures de Brassens de l’une avec les chansons de l’autre – qui allaient précisément devenir Hollywood Hex ?
Alternativement, vous êtes sur le point de découvrir sa musique avec Hollywood Hex. Et quelque part, nous vous envions. Ce disque, que nous avons l’honneur de sortir, est tout simplement magnifique !
Hollywood Hex s’inscrit dans la lignée du grand It’s a Wonderful Life de Sparklehorse, dont la lumière baigne certains recoins de l’album, avec en plus un goût prononcé pour les arrangements classieux. Mellotrons et autres claviers précieux, cuivres et cordes pile au bon dosage (les cordes sont interprétées par le Section Quartet, que l’on entend sur les albums des Foo Fighters, Jon Brion et plein d’autres), batteries impeccables (jouées par Ryan Pope des Getup Kids), nombre de sons magiques sans jamais être surrannés… Michael est un collectionneur, et cet album est le moment où il vous présente ses dernières trouvailles sans aucune pudeur.
La générosité de Michael s’est également exprimée dans son travail de producteur ces dernières années (le dernier EP d’Angil & the Hiddentracks, le très joli deuxième album de Contrebrassens, ou encore la formidable BO Wild and Weary du documentaire intitulé Laetitia, sur la championne du monde de boxe thaï). Ses expériences d’arrangeur et de directeur artistique n’ont fait qu’affiner son art, déjà travaillé naturellement par les voyages au gré des invitations et commandes (New York, dans le studio du guitariste de Blondie où ont été enregistrées certaines parties de l’album, mais aussi Berlin, Reykjavik, son Angleterre natale… et Las Vegas, où Wookey a apporté les touches finales à Hollywood Hex).
Vous entendrez également derrière l’acidité toute britannique de Michael quelques ironies à la Why?. Comme chez l’Américain, les paroles de Wookey, poignantes, sont souvent des injonctions que l’on devine auto-adressées. C’est certainement un disque de rupture, comme le sont beaucoup de chefs d’œuvre. Michael le présente, lui, comme un hommage à un ami d’enfance devenu fou. Le chant est toujours aussi hanté, mais sait également se faire calme. Le calme d’avant la tempête ? Plutôt celui d’après. Le paquebot est en miettes, il ne reste que les fantômes : ceux des musiciens de l’orchestre, qui jouent jusqu’après la mort.
Mickaël Mottet
On est souvent proche du Get Well Soon des débuts ou encore de Why ? pour cette même propension à détourner l’ironie et la noirceur, un désespoir qui ne se dit jamais. L’élégance des grands petits hommes en somme, la richesse des disques patients et finalement indispensables.
MAGIC
Il excelle dans la mélancolie distinguée qui relève autant de la pop que de la chanson cabaret…
ROCK’N’FOLK
la pop mélancolique mais pétillante signée Michael Wookey
RADIO FRANCE INTER – l’instant V de Valli
Un déferlement émotionnel…En ressort une fêlure profonde, forgée par la somme de bonheurs et de malheurs. Tantôt obscures, tantôt lumineuses, les deux phases de cet album se croisent et s’entremêlent. Un opus tout en subtilité digne d’un conte moderne, dont la douceur et le romantisme noir sont tels une caresse.
LONGUEUR D’ONDES
Le songwriter britannique signe un grand album, aux mélodies gracieuses et aux arrangements somptueux.
L’ALSACE
Entre cabaret expressionniste conscient de ses limites, pop orchestrale modeste et ballade folk violoneuse, l’ombre de Tom Waits semble s’être éloignée, remplacée par celle de Sparklehorse (celui de It’s a Wonderful Life) mais avec toujours ce qui fait d’un disque de Wookey est un disque de Wookey : il est unique ; et cherche l’essentiel, non dans le dénuement d’un duo guitare / voix ou piano / voix (dont on peine à comprendre ce qu’il aurait, par principe, de plus profond que le reste) mais au contraire dans l’intelligent usage de l’artifice.
FROGGY’S DELIGHT
« Hollywood Hex » s’inscrit d’emblée dans la lignée d’albums exceptionnels, dont on sait qu’ils seront des compagnons pour longtemps…Michael Wookey vient de signer un disque majeur, qui tutoie avec une grâce affolante les sommets d’une pop précieuse, qui ressemble à la vie.
INDIEPOPROCK
« Hollywood Hex », tempête mentale versant dans la déchéance et la reconstruction du sensible, est d’un lyrisme à fleur de peau, caressant et pansant les blessures d’un combat perdu d’avance.
INDIEMUSIC
…un petit chef-d’oeuvre. Un de ceux que savent composer The Apartments, Sufjan Stevens ou bien Micheal Head, vous voyez le genre.
MUSIKPLEASE
Il faut croquer dans ce Hollywood Hex de bout en bout. Mille-feuilles sonores qui du papier d’Arménie ont la fragrance subtile et la légèreté, ces chansons s’embrasent et se consument, se consomment sans la moindre modération. Un vrai délice !
A DECOUVRIR ABSOLUMENT
Hollywood Hex peut rapidement devenir l’un de vos albums préférés de l’année.
BREAK MUSICAL
Sur ce Hollywood hex, enregistré en plusieurs endroits (Londres, New-York mai aussi…le Cantal ou l’Aveyron) et suintant la sincérité, l’apport desdits instrumentistes, et la finesse des créations de Wookey, font mouche. S’il reste dans la retenue, le parisien dresse des décors chatoyants, bâtit une pop orchestrale…
MUZZ’ART
Voici donc un nouveau copain anglais, qui sur « Hollywood Hex » nous donne de ses nouvelles et, comme dans sa chanson « Shut up and dance with me », nous donne envie de la fermer et de danser les bras en l’air, avec lui.
FACES
Il ne fait aucun doute que Michael Wookey reste invincible dans son domaine. L’univers théâtral et baroque que forme Hollywood Hex plongera l’auditeur dans un état d’extase avec ses orchestrations vulnérables et incroyablement lyriques à un point que cela en devient troublant.
LES OREILLES CURIEUSES
Si, dans le genre pop aux accents dramatiques ou baroques, Get Well Soon ou Woodkid font figure de référence depuis quelques années, l’anglais Michael Wookey (dans un registre moins emphatique) est également un artiste à prendre très au sérieux, comme on pourra vite s’en rendre compte à l’écoute de ce second album.
HOP BLOG
Hollywood Hex est tout simplement un beau disque, un disque touché par la grâce, transcendé par la chaude voix de Michael Wookey et des instruments divers et variés sûrement qu’on imagine volontiers fabriqués par quelques anges déchus.
ADDICT CULTURE
En dehors des modes – un peu blues, un peu cabaret, un peu sépia « (« Living by the sea », « Red hot dollas ») – on devine des chansons mûries au piano puis arrangées avec un grand soin. Une subtilité que l’on pourrait rapprocher de Ed Harcourt, ou de Eric Matthews, sans pour autant aller jusqu’au classicisme absolu.
SEFRONIA
C’est l’histoire d’un homme. D’un homme habité par l’amour des notes et des mots. De cette passion ressortent onze balades sonores précieuses et acides à la fois. Cet anglais vivant à Paris offre une écoute à fleur de peau (“Sailor”) et se livre sans pudeur au fil des morceaux avec des arrangements raffinés (“Banes”). Un déferlement émotionnel dont les cordes de Section Quartet (Foo Fighters) côtoient les batteries de Ryan Pope (The get up kids). La magie prend tout son sens avec le titre “Hollywood hex”, où l’orchestration accompagne la voix hantée du Britannique. En ressort une fêlure profonde, forgée par la somme de bonheurs et de malheurs. Tantôt obscures, tantôt lumineuses, les deux phases de cet album se croisent et s’entremêlent. Un opus tout en subtilité digne d’un conte moderne, dont la douceur et le romantisme noir sont tels une caresse. Clémence Rougetet
« Hollywood Hex » s’inscrit d’emblée dans la lignée d’albums exceptionnels, dont on sait qu’ils seront des compagnons pour longtemps. Michael Wookey vient de signer un disque majeur, qui tutoie avec une grâce affolante les sommets d’une pop précieuse, qui ressemble à la vie. Soit la somme des bonheurs et des malheurs, parfois les deux mêlés. La rencontre étrange de l’obscurité et de la lumière, qui semblent irrémédiablement liées.
La musique de Michael Wookey est forgée dans ce constat. A l’aide d’instruments nombreux, parfaitement orchestrés, il compose des chansons oniriques et raffinées, explorant l’âme humaine. L’album, enregistré en France, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, est le chaînon manquant entre la pop baroque, merveilleusement bricolée, et le rock sensible mais aride d’une formation comme Grandaddy.
J’arrive tardivement dans le monde émerveillant et troublant de Michael Wookey, mais je suis content de le découvrir avec Hollywood Hex son nouvel album, qui me procure quelque chose d’agréablement nostalgique, d’une tendresse saisissante recouverte d’une mélancolie persistante. J’en tremble.
Chef d’oeuvre en vue. On reconnaît un grand album à la manière dont il ravit tous les sens dès les premières écoutes, comme à la façon dont il définit immédiatement une partie du monde qui nous entoure. Nul besoin d’attendre une quelconque addiction ici, elle va vous sauter littéralement dessus. Rien que les deux premiers morceaux de Hollywood hex suffisent à convaincre de la sensibilité à fleur de peau de l’artiste. Une sensibilité contagieuse. L’album commence avec Sailor. Par moment j’en ai le vertige, avec ce sentiment étourdissant que l’univers du chanteur m’emporte dans des souvenirs brumeux et mélancoliques que je ne connais pourtant pas. What the fuck. On reconnaît un grand album à la manière dont il vous retourne les sentiments, aussi. Celui-ci je l’écoute généralement le soir jusqu’à en mourir de sommeil. Jusqu’à en mourir de plaisir, surtout. Je m’arrête instantanément sur Red Hot Dollas, la chanson musicalement jouissive, l’excellence pour mon espèce, celle qui cherche constamment l’extase devant des morceaux qui brillent d’aussi loin que la musique existe. J’arriverai jamais à me remettre d’une chanson pareille. J’aimerais bien la réécouter pour la première fois. Vous connaissez ce sentiment ? Vous aimez ce sentiment ? Puis-je être grossier ? Bordel de putain cette chanson ! Frissons vertigineux dans tout le corps, et je ne vais même pas me rendre compte qu’ils ne quitteront pas ma chair sur les trois autres titres qui suivent. Living by the sea d’abord, qui est le genre de chanson qui absorbe le temps autour d’elle, jusqu’à l’hébétude. Écouter un titre de Michael Wookey, c’est se laisser transpercer par ses histoires torturées, poignantes, dans une rafale de poésies et d’émotions. L’émotion en fil conducteur. Elle parcourt le disque comme un frisson, et résulte sans contestation possible, de l’immense qualité des compositions d’un artiste total. Rapidement, la troisième et l’entraînante Bane fut la chanson définitive qui m’a fait comprendre à quel point j’étais en train de découvrir un album hors norme. Sans oublier la très pop et féerique Long live the meadows… Magnifique avec ses envolées de chants sortis des pénombres… Avec ses mélodies et sa voix à faire pleurer un insensible, je me sens comme un gamin de dix ans qui court de cadeau en cadeau le jour de Noël alors que j’essaye seulement de chercher quelle serait ma chanson préférée de l’album. Arrivé à la moitié du disque je pense alors avoir tout entendu, mais j’en oublie à quel point Hollywood hex m’écrase le cœur par sa beauté, par son quatuor de cordes. S’ensuit d’autres ballades plus folk qui font également la force de ce superbe album. Motherfucker, Shut your mouth and dance with me et Pistol whipped trio de compositions sensibles, d’une tendresse saisissante alternée d’une énergie subtile… Dernier morceau, ultime berceuse, Small voice of calm, La voix ici, survole les splendeurs édifiées par une mélodie minimaliste, épousée à une orchestration juste monstrueuse. Je ferme les yeux… Les fantômes dansent… Le disque s’arrête… Je retrouve le silence… Le repos d’après la tempête… Chef d’oeuvre en vue.
Un album essentiel aux personnes atteintes d’une mélancolie persistante. Je ne me mouille pas trop, mais je ne peux trouver autre chose à dire : Hollywood hex peut rapidement devenir l’un de vos albums préférés de l’année.
Le label toulousain We are unique! Records, à qui l’on doit (excusez du peu) les deux premiers albums de Midget ! mais aussi les disques de Le Flegmatic, reste décidemment fidèle à ses artistes en publiant le nouvel opus de Michael Wookey (ce même Wookey fut d’ailleurs arrangeur pour Angil and the Hiddentracks, autre signature de taille de cette petite structure).
Si vous aviez connaissance et goûtiez déjà son précédent album, Submarine Dreams, vous ne devriez pas être déçu ; si vous ne connaissiez pas, j’espère que cette chronique vous donnera, au moins, l’envie de découvrir.
Bien qu’heureusement différent du précédent opus, la continuité est bien là et les partis pris artistiques sont forts : toujours l’importance donnée à la voix (encore mixée en surplomb) audible et compréhensible, le chant est incarné, toujours le soin méticuleux accordé aux arrangements et toujours des prises de sons remarquables. Cette façon, si singulière, de faire sonner les instruments – qu’il s’agisse d’instruments connus, familiers, comme les batteries, les pianos, les Mellotrons, les guitares, les violons, etc. ou d’instruments aux sonorités moins familières évoquant une collectionneur bidoulleur de sons inattendus, de sons « inentendus » – le rapproche sur ce point de Pascal Comelade.
Les instruments ont chacun leur place, leur espace sonore – on est assez loin des bouillies de la scène « néo psyché » qui, à force d’être trop mixées, en deviennent bizarrement indigestes.
L’album s’ouvre sur une ambiance toute comeladienne au toy piano (joué par celle qui fut musicienne pour John Cage, Margaret Leng Tan), puis viennent d’annonciatrices scansions de cuivres. Le morceau mute encore, devient un peu hip-hop, pour finir dans la grandiloquence tout en cordes, cuivres et piano lyrique.
L’album se poursuit avec des morceaux reposant sur des rythmiques (simples) de batterie. Sur « Red Hot Dollas » s’ajoute un piano discret, des envolées de cordes et la voix parlée chantée prend une forme exorcisante. « Living by the sea » construit une ambiance plus cuivrée, celle d’un pop orchestrale mélancolique. Puis vient « Bane », morceau plus enlevé reposant sur le duo contrebasse batterie ; une discrète guitare, de douces montées de cordes et de cuivres donnent une ambiance petite fanfare adoucie à ce single. Le final, sorte de ballade folk lo-fi, est en rupture totale avec le reste du morceau.
Les trois titres suivants sont d’esprit plus ballades folk, arpèges de guitares, ambiance aux claviers, piano résonnant, piano en écho et Mellotron (« Long Live The Meadows »), ballade folk mélancolique, tout en retenue (« Hollywood Hex ») très pianistique, guitare étouffée à la phrase rudimentaire jouée en boucle. « Do the Right Fear No Man », enfin, et ses violons expressifs est construit comme un crescendo toujours retenu, une lente progression.
Vient ensuite « Motherfucker » comme un interlude, puis « Shut your mouth and dance with me », sorte de ballade cabaret déglingué, ambiance harmonica, arpèges country folk, Mellotron élégant, synthés, « noisy » pouet pouet, et petites chorales.
Le classique « Pistol Whipped » prolonge l’ambiance si ce n’est la rupture brutale à la troisième minute comme un deuxième morceau plus en fanfare.
Voilà la fin, on le sent, avec « Small Voice of Calm ». On range le décor, demain la tournée se poursuit et l’on est un peu satisfait, un peu mélancolique aussi. C’est l’heure de l’examen. Tout s’éteint après des crépitements. Les rythmes du cœur. Les lumières du cirque crépitent, s’éteignent, ou grillent.
Par rapport à son précédent opus, celui-ci peut sembler plus classique, moins cabaret expressionniste. C’est vrai ! Ce disque est plus grave, plus introspectif : Wookey semble se parler à lui-même, se donner des conseils comme pour se prémunir contre lui-même.
On note parfois un certain « minimalisme », une économie précieuse et précise plutôt que le déferlement sonore et l’opulence du disque précédent. Ce n’est pas un défaut. L’ensemble saisit autant par sa sincérité, par son sens évident de l’écriture, que par son souci de proposer un son singulier.
Entre cabaret expressionniste conscient de ses limites, pop orchestrale modeste et ballade folk violoneuse, l’ombre de Tom Waits semble s’être éloignée, remplacée par celle de Sparklehorse (celui de It’s a Wonderful Life) mais avec toujours ce qui fait d’un disque de Wookey est un disque de Wookey : il est unique ; et cherche l’essentiel, non dans le dénuement d’un duo guitare / voix ou piano / voix (dont on peine à comprendre ce qu’il aurait, par principe, de plus profond que le reste) mais au contraire dans l’intelligent usage de l’artifice. François Montjosieu
En équilibre précaire entre l’énergie et la tragédie, « Hollywood Hex » de Michael Wookey explore les sensations d’un individu courant vers la célébrité autant que vers sa propre perte, tout en demeurant constamment humble et sincère. Une œuvre subtile et profonde, qui nous accompagne dans les instants de repli sur soi, afin de mieux nous ouvrir au monde qui nous entoure et nous enserre.
On pourrait se perdre dans « Hollywood Hex ». Croiser deux extrêmes : mélancolie et folie. On sent la fièvre monter en flèche, les sueurs froides couler le long de nos colonnes vertébrales, les murmures d’une confidence en harmonie avec la peur de la déchéance. Michael Wookey s’expose, dessine les tableaux de petits riens qui font les grands contes modernes. Grâce à une palette bercée de blues, de pop et, plus que tout, d’une douceur quasi mystique, le disque transpose le quotidien dans son ressentiment, son intériorisation, son analyse. Une virée émotionnelle au ralenti, s’arrêtant sur des aires d’autoroute sensorielles désertes, dans des hôtels miteux où tout se joue dans les bruits provenant des chambres avoisinantes. Une lutte infinie contre la décrépitude et la dépression. Une envie, un délice âpre et brûlant.
Le drame, constant, s’étire dans les passages tendus et soutenus de « Sailor » et « Long Live The Meadows », petites merveilles de spleen au bord du vide, d’un romantisme noir qui n’a pourtant pas envie de baisser les bras. La psyché de Michael Wookey, malmenée et livrée à elle-même, déborde de ces pistes entre ténèbres et lumière, entre obscurité et éclat d’une flamme discrète et inattendue. « Give me space but don’t forget me », complainte centrale du titre éponyme, résumé parfaitement l’intention de l’opus : ce besoin viscéral de se frotter à la solitude, celle-là même qui s’orne de cordes subtiles et délicates, anges gardiens d’une âme en peine mais refusant de céder à l’abandon et à la soumission. « Motherfucker » et ses nappes synthétiques rejettent les brouillons d’amitiés et d’amours impossibles, pied de nez à ces rapports impersonnels et vides de substance, quand « Pistol Whipped » injecte une dose d’adrénaline surannée et collective, une ambiance de veille avant que nos yeux ne s’ouvrent sur un quotidien à jamais métamorphosé. Détresse et envie ; deux substantifs errant dans les couloirs vides d’un esprit en recherche d’une vérité certes cruelle, mais parfaitement exutoire.
« Hollywood Hex », tempête mentale versant dans la déchéance et la reconstruction du sensible, est d’un lyrisme à fleur de peau, caressant et pansant les blessures d’un combat perdu d’avance. Mais dont Michael Wookey connaît à présent les enjeux et conclusions, après avoir volé en se jetant dans le vertige du doute et de la révélation. Raphaël Duprez
S’il était nécessaire de faire au plus vite, pris qu’on serait par l’urgence d’une actualité brûlante, on se contenterait bien, en guise de billet sur le deuxième Lp de Michael Wookey, de renvoyer lecteurs et lectrices à quelques bouquins traitant de la musique pop sous ses formes les plus ouvragées. et particulièrement aux pages consacrés aux cerveaux intranquilles qui s’escrimèrent à la monter en épingle.
Pour faire bonne mesure, on citerait quelques noms d’instrumens chelous, on dresserait une liste érudite de personnages rares et immanquables – James Mercer et ses Shines, Peter Milton et ses Apartments, Stephin Merritt & ses Magnetic Fields…
Et on synthétiserait tout ça, un brin faux derche, en vantant l’incomensurable beauté de ce Hollywood Hex, sa faculté étonnante à sublimer le pataquès de références sus-tartinées. Un petit nombres d’avertis ne se bousculerait qu’à peine pour choper la galette, et le reste des autres s’en foutrait royalement, plongeant ce disque dans les affres d’une indifférence sèche et crasse où git déjà son excellent prédecesseur, Submarine Dreams.
Après tout ça, on pourrait tranquilou se tirer sur la nouille, convaincu d’avoir senti le chef-d’oeuvre envers et contre tous, naïvement satisfait du devoir un brin baclé mais accompli.
Néanmoins, vu qu’en fait la pression de l’actualité ne nous fait ni chaud ni froid, qu’en fin de compte on a grave le temps – travailler moins pour chroniquer plus, notre credo ! – on va tout reprendre à zéro.
Parce que Michael Wookey et sa clique (toute l’équipe du label We Are Unique records, Margaret Leng Tan la reine du Toy Piano et proche de John Cage, les Hiddentracks sans leur Angil, The Section Quartet aux cordes croisées chez Danny Elfman, Kanye West, Devendrah Banhart) valent mieux que ça, mieux que cete copie bêtement torchée, mieux que ce name-dropping aveugle auquel leur musique précieuse prête si soyeusement les hanches. Parce que Wookey, a contrario, est de ces musiciens rares qui n’ont pas abdiqué la part onirique et ludique de leur pratique artistique, poussant cette logique fantasmatique dans des coinstots improbables. D’où cet album, une pièce montée concise – loin des patisseries hideuses qui jonchent sa jaquette – et onze titres en un peu plus d’une demi heure. Pour autant rien n’est fait par dessus la jambe : plus de cinq ans de boulot tout de même. Chaque minute qui s’écoule porte son lot d’incroyables mélodies ciselées de mille petits bouts, agencées autour de mots acidulés, ironiques, doux-amer que rien ne semblent pouvoir perturber. C’est plutôt nous, auditeurs captifs, qui finissont par être désarçonnés par une telle débauche de bon goût, un tel étalage de talent.
Il faut écouter toutes ses musiciennes et musiciens s’en donner à coeur joie, partant de rien – quelques tintinnabulations, quelques craquements, quelques insultes aussi – à la conquête de l’espace, submergeant leur chanteur, lui tissant un tapis volant aux motifs modernes et inédits, une carpette inspirée sur laquelle la gravité n’a jamais pu frapper.
Il faut croquer dans ce Hollywood Hex de bout en bout. Mille-feuilles sonores qui du papier d’Arménie ont la fragrance subtile et la légèreté, ces chansons s’embrasent et se consument, se consomment sans la moindre modération. Un vrai délice ! L’Oreille de Moscou
Le songwriter britannique signe un grand album, aux mélodies gracieuses et aux arrangements somptueux.
Après Wild And Weary , collection semi-instrumentale conçue comme la bande originale d’un documentaire ( Laetitia , consacré à la championne du monde de boxe thaï Laetitia Lambert), revoici Michael Wookey avec un véritable album de chansons, cinq ans après le remarquable Submarine Dreams. Réputé pour ses symphonies baroques pour instruments-jouets, ce songwriter britannique très présent en France (il collabore notamment avec la contrebassiste et chanteuse Pauline Dupuy, qui revisite Georges Brassens avec son projet Contrebrassens) leur fait un clin d’œil dans l’intro d’ Hollywood Hex , mais il donne ensuite à ses compositions une ampleur nouvelle, impressionnante. Dans la lignée des Sparkle Horse, Sufjan Stevens, Andrew Bird et autres Badly Drawn Boy, les mélodies sont chaque fois formidables, emballées dans des arrangements cinq étoiles, merveilles d’orfèvrerie pop, spectaculaires ou oniriques, matinées de musiques folk, country, classique, caribéennes… La beauté n’empêche pas des dynamiques fortes, la voix passant allègrement d’une douceur veloutée à une diction nerveuse, parfois proche du rap. O. Br.
Depuis la parution de son premier album Submarine Dreams en 2013, Michael Wookey est devenu la référence en matière de pop baroque moderne. Le jeune musicien anglais en a fait du chemin depuis avec notamment un album et une bande-originale à la clé. Cette année, il fait son grand retour avec son nouvel album intitulé Hollywood Hex.
Enregistré entre les Etats-Unis et la France, Michael Wookey reste dans son élément avec ses musiques toujours aussi finement orchestrées avec notamment « Sailor » qui est une introduction à fleur de peau nous rappelant pourquoi il reste toujours aussi inspiré après toutes ces années. Et ce n’est que le début car débarque les titres qui nous procurent autant de frissons comme « Red Hot Dollas », « Bane » et « Long Live The Meadows » qui, eux deux, vous feront tirer une larme avec ses envolées lyriques renversantes. Allant de Sparklehorse à Tindersticks en passant par Grandaddy et Patrick Watson, le britannique nous envoûte une fois de plus à travers des arrangements inventifs de « Do Right Fear No Man » ainsi que les ballades folk de « Shut Your Mouth and Dance With Me » et « Pistol Whipped ».
Il ne fait aucun doute que Michael Wookey reste invincible dans son domaine. L’univers théâtral et baroque que forme Hollywood Hex plongera l’auditeur dans un état d’extase avec ses orchestrations vulnérables et incroyablement lyriques à un point que cela en devient troublant. Les Oreilles Curieuses
Si, dans le genre pop aux accents dramatiques ou baroques, Get Well Soon ou Woodkid font figure de référence depuis quelques années, l’anglais Michael Wookey (dans un registre moins emphatique) est également un artiste à prendre très au sérieux, comme on pourra vite s’en rendre compte à l’écoute de ce second album. Bénéficiant d’orchestrations ambitieuses mais aussi de mélodies bouleversantes, Hollywood Hex a tout pour devenir un trésor caché… à moins que le petite monde de la musique pop-rock indé décide de s’emballer pour ce garçon de la même manière qu’il s’était emballé pour Sparklehorse, Eels ou Beirut il y a quelques années. Des artistes que l’on aime toujours autant et que l’on a envie d’associer à ce talentueux Michael Wookey accompagné ici d’anciens musiciens du groupe The Hiddentracks. Benoît
L’air de rien, Michael Wookey fait partie de la caste de ces grands songwriters, ceux que l’on a envie de ne partager qu’avec ses meilleurs amis, juste pour le meilleur…
Découvrez Hollywood Hex, vous ne le regretterez pas !
Derrière cette pochette un brin écœurante, se cache donc un petit chef-d’œuvre. Un de ceux que savent composer The Apartments, Sufjan Stevens ou bien Micheal Head, vous voyez le genre. Le toy piano de Margaret Leng Tan (John Cage) ouvre le bal, avant que cuivres, cordes, claviers classieux et arrangements en tous genres ne prennent le relais.
Au détour d’une chanson, on pense à l’influence de Eels (et pas seulement pour son goût du mot Motherfucker), avant de croiser un peu plus loin l’univers du regretté Mark Linkous de Sparklehorse. Il est comme ça Michael Wookey, tout l’art de brouiller les cartes, mais avec une fêlure profonde au fond du cœur. Son duo avec Pauline Dupuy est un autre moment de pur bonheur intimiste.
Michael présente son album comme un hommage à un ami d’enfance devenu fou. Hollywood Hex est pourtant un album d’une grande cohérence, même si l’on peut y voir flotter quelques fantômes ici ou là.
Les gros gâteaux sur l’étrange pochette d’Hollywood Hex, le nouvel album de Michael Wookey, ont quelque peu l’air écœurant. Heureusement, l’image est trompeuse car la musique, a contrario, saura vous titiller les papilles avec légèreté et un plaisir même pas coupable.
C’est d’ailleurs plutôt autour d’un verre qu’on conseillera l’écoute de l’album, entre vins légers et quelques bonnes rasades de bourbon.
Même si Michael Wookey, jeune musicien anglais a déjà quelques albums derrière lui, c’est paradoxalement les musiciens qui l’accompagnent, superbement d’ailleurs, qui ont suscité en premier lieu notre vif intérêt.
En effet, pour Hollywood Hex mais également pour son précédent disque, Submarine Dreams sorti en 2013, ce jeune anglais né à Southampton en 1983 est accompagné par les habituels collaborateurs de Mickael Mottet au sein d’Angil & The Hiddentracks, à savoir Pierre-Alain Giraud, Pauline Dupuis et Jean-Christophe Lacroix.
Parmi les autres participants à l’album, enregistré entre le Cantal et New-York, l’Aveyron et Londres, pour n’en citer que quelques uns, on notera également la participation de Margaret Leng Tan, collaboratrice de John Cage, Ryan Pope des Getup Kids ou encore The Section Quartet.
Auparavant, Michael Wookey avait sorti quelques disques auto-produits, sillonné la terre entière avec ses pianos jouets, certains fabriqués par ses soins, et composé quelques bandes originales.
Hollywood Hex, financé via Microcultures, devrait mettre une bonne fois pour toutes, ce très talentueux artiste sous le radar des amateurs de belles chansons un poil décalées.
L‘album débute par Sailor et se termine par Small Voice Of Calm, résumé idéal de l’album qui se décline sous 11 chansons, entre envolées lyriques et petite musique douce. Michael Wookey joue avec les nuances et les contradictions, Give Me Space But don’t Forget Me chante-t-il sur le très mélancolique morceau titre.
Pour vous convaincre de vous plonger dans ce petit bijou, j’aurais bien envie de sortir tous les noms prestigieux qui me sont venus à l’écoute de ce splendide album, à l’orchestration d’une finesse rare, de Sparklehorse à Patrick Watson. Les atmosphères extrêmement variés d’un morceau à l’autre, sans que l’unité d’Hollywood Hex en soit perturbé, nous donnent même le sentiment d’une rencontre improbable entre Tom Waits et l’abstract hip-hop d’un Why? ou d’un Buck 65.
Il se dégage de ses chansons à la fois lumineuses et désespérées, une humanité chaleureuse et bouleversante, qui vous entraine rapidement du rire aux larmes, il vous suffira d’enchainer les magnifiques Bane et Long Live Meadows, pour mieux comprendre mon propos.
Hollywood Hex est tout simplement un beau disque, un disque touché par la grâce, transcendé par la chaude voix de Michael Wookey et des instruments divers et variés sûrement qu’on imagine volontiers fabriqués par quelques anges déchus. Beach Boy
Michael Wookey fait partie d’une caste assez rare d’auteurs-compositeurs raffinés et nomades. Francophile, installé à Paris, il collabore à des projets dont la versatilité atteste de son talent de musicien : premières performances scéniques avec un orchestre de pianos-jouets (qu’il fabrique en partie lui-même), relectures de chansons de Georges Brassens avec la contrebassiste Pauline Dupuy (Contrebrassens 2016), composition de musiques de films et un premier disque « Submarine dreams » en 2013. Toujours bien mis, Wookey semble aussi éloigné de la vulgarité que d’autres de l’intelligence.
En dehors des modes – un peu blues, un peu cabaret, un peu sépia « (« Living by the sea », « Red hot dollas ») – on devine des chansons mûries au piano puis arrangées avec un grand soin. Une subtilité que l’on pourrait rapprocher de Ed Harcourt, ou de Eric Matthews, sans pour autant aller jusqu’au classicisme absolu. Michael équilibre électronique, cordes et instruments acoustiques pour un disque en forme de portrait sensible, à peine émaillé d’une dose d’autodérision et d’ironie so british. C’est quand il abandonne cette forme de mise à distance qu’on le retrouve au cœur de son art, avec la belle et concise « Hollywood hex » ou la fanfare triste « Pistol whipped ». Michael semble affectionner les ambiances entre chien et loup (la faussement vulgaire « Motherfucker ») et prend un grand plaisir à confectionner ses arrangements, par exemple sur l’ouverture de « Sailor », éveil et bruissements de cordes frottées et d’instruments à vent qui se font déloger par une rythmique appuyée, le tout cohabitant ensuite dans un lyrisme de générique de film à la James Bond. La qualité des orchestrations renforce presque paradoxalement l’intimisme qui se dégage de ce « Hollywood hex » à la tenue impeccable. Jérôme Florio
Ex-pat Brit Michael Wookey lives in Paris, where I’d imagine his music’s very European sensibilities find a more receptive audience than at home, especially in these insular times. His sixth release, 2018’s Hollywood Hex, is a singer-songwriter album filtered through a raft of influences, not least Scott Walker, old-time waltzes, circus music, klezmer… You probably get the picture; fittingly, as this is very visual music. Highlights? Opener Sailor, Long Live The Meadows and closer Small Voice Of Calm, maybe.
Wookey plays his M400, with strings on Living By The Sea, flute and string lines on Long Live The Meadows, more flutes on the title track, alongside real strings, flutes and cellos on Do Right Fear No Man, a high string line on Motherfucker, chordal flutes on Shut Your Mouth And Dance With Me and flutes on Pistol Whipped. An album that started off looking as if it would be a minor Mellotron release ended up being anything but. Worth hearing.
Avis aux gourmands, la pochette de « Hollywood Hex » et ses nombreux gros gâteaux bien crémeux n’est pas à dévorer ! Je vous préconise plutôt que de vous faire une belle indigestion de vous poser et de savourer le nouvel album de Michael Wookey au doux parfum d’une pop folk orchestrale des plus goûteuse. Auteur, compositeur, producteur et performer anglais, ce touche à tout allie à la perfection l’excentrique et le mélancolique dans ses chansons usant de tout ce qui lui tombe sous la main afin d’en extraire un subtil cocktail de sonorités magiques. Avec une déconcertante imagination et un goût prononcé pour les arrangements classieux (Mellotrons et autres claviers, cuivres et cordes interprétés ici, par The Section Quartet et section rythmique) qui se mettent au service de la voix et des textes poignants à l’acidité toute britannique de Michael Wookey, cet album trouve le bon dosage pour faire papillonner nos papilles auditives ! Les onze titres de « Hollywood Hex » sont à déguster sans modération, alors régalez vous bien et surtout n’hésitez pas à partager !
La musique de Michael Wookey est une musique nocturne, bricolée, bancale et profondément touchante. Elle semble faite de bric et de broc, comme des poupées fragiles dont les membres épars et disparates ont été assemblés par un savant bienveillant (ça change des savants fous, non?). Peut-être est-ce du au fait qu’il fabrique lui-même certains de ses instruments, toy pianos, orgues aux soufflets fatigués… Peut-être en est-il de ses chansons comme de ses outils, une cour des miracles musicale qui rassemble pêle-mêle l’ombre de Tom Waits, de Mark Everett (Eels) ou de Patrick Watson. On se rapproche parfois des mélodies acides et orchestralement foutraques de Cocorosie, on oscille entre cabaret et bande son pour road movie.
Le morceau qui ouvre cet album a quelque chose de fantomatique avec ses arpèges de piano lointains, étouffés et ce chant qui exprime une frustration, comme un cri retenu. On imagine le port sombre aux bouges mal famés qui abritent le marin de Sailor avec ces trombones illustratifs qui ponctuent le morceau, telles des cornes de brumes qui résonneraient sur les flots d’un océan mystérieux. Je retrouve aussi dans ce travail musical ce que j’ai aimé chez un autre artiste qui navigue dans des eaux proches, Marteen Devoldere (Warhaus), ces rythmes lents et envoutants, cette irrésistible envie de prendre un verre de whisky et de taper deux trois notes sur le clavier fatigué d’un piano désaccordé (vous voyez Harrison Ford dans Blade Runner? Humphrey « Play it again, Sam » Bogart dans Casablanca?) .
Red Hot Dollas est de ces titres. Le musicien y égrène la nostalgie d’une relation qui n’est plus celle d’avant, évoquant des images fulgurantes de voitures fonçant dans le salon de l’ex, convoquant des regrets mal digérés au travers d’un texte mi-chanté, mi-rapé.
Hollywood Hex est le deuxième album studio de l’artiste. En 2013, il sort Submarine Dreams, puis, en 2015, écrit Wild and Weary qui sert de B. O. au film documentaire Lætitia sur la championne du monde de boxe thaï, Lætitia Lambert.
Pour ce deuxième album donc, l’anglo-américano-cantalo-aveyrono-parisien (originale comme nationalité. En fait, il est né à Southampton en 1983) s’est entouré d’habitués de ses sessions précédentes. Notamment Margaret Leng Tan, pianiste de Singapour qui collabora du début des années 80 jusqu’à sa mort en 1992 avec John Cage, et Pauline Dupuy, contrebassiste et Contrebrassens -iste, du nom d’un projet mené avec Michael Wookey autour des chansons du grand Georges. Sans oublier les arrangements de cordes suaves et douces joués par The Section Quartet. Jamais envahissante, la musique enrobe la voix grave et les mélodies trainantes du chanteur, lui laissant un large espace sans jamais permettre qu’on l’oublie au détour d’une envolée trop lyrique ; il n’y en a pas. Tout comme la production se refuse à tout effet grandiloquent et nous donne l’impression que l’artiste s’est assis près de nous pour nous conter une histoire. Toute l’émotion nait de ce subtil mélange entre une voix cassée et des instruments réparés, des sons aquatiques lointains, comme étouffés par l’épaisseur des sentiments, échos sonores d’une folie qui se glisse insidieusement sous les couches de raison. Car Hollywood Hex, comme l’évoque le musicien, pourrait bien être cet hommage à un ami d’enfance que nous avons perdu. Dans la folie ou dans la mort, peu importe, lorsque la conscience s’étiole, c’est le manque qui s’installe.
Bane, un voyage qui se termine sur un lit et parle du manque de l’autre que créée la distance. Physique ou psychologique.
Small Voice of Calm, qui vient clore cette descente dans les profondeurs de l’esprit, clame haut et fort que, oui, « je contrôle ». Pourtant, la musique vient démentir une telle assertion, puisque, comme pour prouver que tout part en sucette, des sons parasites s’installent, des crépitements couvrent progressivement la musique, des grincements viennent casser la mélodie. La voix se fait atone et éteinte, un peu comme Hal dans 2001 : a space odyssey lorsqu’on le débranche. En fait, rien n’est vraiment contrôlé, tout a lentement dérivé depuis ce Sailor d’ouverture pour nous amener au dénouement et nous laisser seul, dans le silence de ce couloir d’hôpital psychiatrique intérieur à crier dans le vide¹. Puis l’ensemble s’éteint, d’un seul coup. Nous laissant seul.
Alors, lorsque se rallument les lumières, nous restons assis, étourdis dans notre fauteuil, incapable de se sortir de ce que à quoi nous venons d’assister. Un moment de magie fugace a opéré et nous laisse tout chose. En réalité, toute l’habileté de Michael Wookey est d’avoir construit un récit sonore qui se suit comme autant de scénettes qui ne forment un tout qu’à l’écoute du morceau final. Hollywood Hex est certainement une des découvertes majeure de cette année, et 2018 commence pourtant musicalement très fort. Mr Moonlight
Il est de ces disques qui vous bousculent, vous secouent pour au final vous laissez pantois, limite K.O. Cet état dubitatif, le nouvel album de Michael Wookey l’atteint non pas par la puissance sonore, classique, commun et trop facile, mais par un soupçon de dinguerie caractérisée débordant du cadre. Il ne fait aucun doute cependant qu’à la base, les chansons composées par Wookey sont pour le moins classiques entre folk et rock (cf. « Bane », « Living by the sea »). C’est ensuite que tout se joue lorsqu’il s’agît d’enluminer ses compositions. A la lumière blanche, Wookey préfère la noire transformant son disque en cabinet de curiosité baroque à l’instar du Tom Waits des années 1980 (cf. « Do right fear no man »). Wookey c’est le spécialiste du petit grain de sable qui empêche le tout de tourner rond, le génie du cabossage, de l’art du dérèglement. C’est le toy piano qui ouvre « Sailor », c’est la basse subtilement dissonante de « Red Hot Dollars », c’est la sensation d’apesanteur qui enrobe « Long live the meadows » et « Hollywood Hex » d’un voile fantomatique et planant, transportant l’auditeur dans un manoir gothique à la Tim Burton. En totale contradiction avec l’époque, qui veut tout et tout de suite, Michael Wookey est un musicien qui réclame du temps, de l’attention. Un grand disque, pas nécessairement facile d’accès, dont la beauté se dévoile par couche et écoutes successives pour peu que l’on soit disposé à lui accorder l’égard qu’il mérite. Le voyage le mérite amplement.
Michael Wookey invité live de L’instant V de Valli à écouter en podcast sur Radio France Inter.
Michael Wookey invité de l’émission le Grand Soir du 30 Avril 2018 sur RTL
Michael Wookey en session live vidéo le 27 avril 2018 pour Popnews
Ecoutez l’émission Encore Autre chose Episode 13 avec Michael Wookey
Rencontre entre Michael Wookey et le webzine pop en noir et blanc Faces
Chronique de l’album dans Rock’n’Folk Mai 2018
Chronique de l’album dans Magic
Chronique de l’album dans Abus Dangereux
Article sur Michael Wookey dans Oh My Mag
Article sur Michael Wookey dans Femme Actuelle
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