Mais qui est Philippe Raimond, alias ICHLIEBELOVE? Ceux qui côtoient le personnage le connaissent savamment curieux, faussement misanthrope, nourri d’un appétit sans mesure pour les idéologies de biais, théories adultérines héritées des 70’, pensées hors normes ou joliment déviantes. Une appétence couplée à une soif inassouvie pour la chose musicale et la mise en aplat de concepts et trames mélodiques au long cours. Un esprit érudit, inventif et ouvert dans un monde qui ne l’aura jamais autant été.
Or, comment agréger en une synthèse heureuse ces multiples influences ? Parachever dans une alliance lumineuse ascendances affectives et idées de coin de zinc, références bigarrées et tiraillements musicaux contrastés sans en dénaturer la subtile essence? Une véritable gageure, un enjeu de taille pas si évident à relever… Pour autant, l’artiste et son premier album Life-Enhancing Solutions semblent offrir à nos questionnements un début de réponse pour le moins pertinent.
Si l’on connaissait la tenue admirable de ses travaux et compositions folk-lo-fi passées (Taste of cindy, remixs divers pour Laudanum), avec leurs mélodies simples, succession de petites pièces confinées et intimes, répétitives mais efficaces; ce qu’on soupçonnait moins, c’était la capacité de l’individu à apposer sur ses mélodies des univers capricieux, tempétueux, entêtants, nourris d’horizons, épris de chevauchées soniques, offrant au décryptage un étrange sentiment de télescopage audacieux et de mixité consommée.
ICHLIEBELOVE et son Life-Enhancing Solutions contiennent en germe cette énergie eidétique et polymorphe ; substrat dense et intense des profondeurs, appendices ambiantes, distorsions assourdissantes d’un shoegazing bouillonnant, légèreté évanescente d’une pop-folk atmosphérique, malstrom rock planant et psychédélique aux entournures, mouvements liturgiques d’une rare plénitude ou apogées droniennes monumentales, c’est selon. Des climats transfigurés ou apaisés, enivrants, ponctuent cet album. Lentes litanies sonores obsédantes capables dans leur justesse et leur pertinence de ganser ses productions d’une aura de fin du monde et d’un hymne à la vie dans le même temps.
La musique d’ICHLIEBELOVE semble ainsi le fruit de paradoxes et de contradictions. Les compositions amples, denses, harmoniques répondent ainsi à la fragilité et à l’évanescence de phases plus introspectives. La voix lointaine, presque spectrale par instant, même si elle peut surprendre aux premières écoutes reste l’élément de liaison entre ses deux univers. En sus, ce timbre en contrepoint, fantomatique, translucide, « douceur de l’humain » vient mettre en relief la rêche réalité d’une musique spacieuse, ouverte aux vents.
Une évidente grâce à manier et exalter des climats de studio en univers complexes et ubuesques, enclin au foisonnement et à la vie, par le soin porté aux tonalités, aux constructions de nappes, aux alternances de belles mélodies et d’atmosphères tendues. Des compositions savantes dans leurs arrangements, sur le fil de l’introspection et d’une certaine emphase assumée, mais qui n’oublient jamais d’être limpides et immédiates dans leurs effets.
Les morceaux pour la plus grande majorité d’entre eux semblent à la croisée des genres noisy-shoegaze, pop folk rock et symphonique, comme si Laudanum et Primal Scream s’exerçaient à l’apiculture en écoutant du Wagner. Eloge à la saturation diffuse, aux boucles hallucinatoires et aux bourdonnements étiolés de pop (Spiritualized, Spaceman 3, Boo Radleys période Giant Step en ligne de mire); ICHLIEBELOVE se laisse doucement glisser d’un projet intime à une intention philharmonique à géométrie variable.
De perspectives cavalières en perspectives cavalières, Philippe Raimond nous entraîne toujours plus profondément dans les limbes de son esprit créatif, labyrinthe mental et musical où en définitif, il nous importe peu de trouver la sortie, pour peu que dure encore et toujours le plaisir de l’écoute.
Une vie de fan de musiques défoncées racontée en un album. Parmi les « solutions qui améliorent la vie » que préconise le titre de l’album, on trouverait sans doute: la méditation joyeuse, la danse de traviole, l’écoute religieuse du rock planant et flamboyant d’une angleterre nineties hagarde de drogues – de Spiritualized à Primal Scream. Pendant son long trip à travers les musiques diffractées, déréglées, du baggy au shoegazing, du krautrock au psychédélisme, le Tourangeau a joué le buvard : il n’en a pas perdu une miette, il raconte toutes ces histoires en une, amoureuse, toute en couleurs impétueuses. Simon Triquet – Les Inrockuptibles n°815 du 12 Juillet – noté 3/5
Life-Enhancing Solutions réalise le tour de force d’avoir extrait la substance psychédélique au coeur de certains morceaux des Beatles, sans la dupliquer scolairement… Marc Gourdon – MAGIC n°154 – été 2011- noté 4/6
Le disque pop psychédélique de l’année. Thomas VDB – Planète Musique Mag – France Télévision (29 octobre 2011)
L’aspect cinématographique de certaines pièces et la maîtrise musicale nous laissent penser que ce musicien peut nous offrir de belles surprises à l’avenir, s’il continue à creuser un univers alambiqué et contrasté tout en gardant ce sens de l’harmonie douce et de l’hypnose. Obsküre Magazine – Juin 2011
Les pièces alambiquées que compose ce frenchy vont lui ouvrir nombre de portes. Pas de celle pour livreur de tubes à la pelle, plutôt les masures…sophistiquées, où se pratiquent le mélange de sonorités luxuriantes dans un abord lo-fi… le psychédélisme se déguste ici maison. Ichliebelove fait partie de ces créateurs rêveurs qui tels Okay ou Angil dessinent un monde à la portée gracile et d’abord facile. Longueur d’ondes N°60 (été 2011)
…synthèse d’une culture musicale visiblement très ample… il y a effectivement de tout dans ces dix titres, et c’est peu de le dire. De la pop, du rock, de la noise voir de l’indus, des sons très organiques et certains bien plus synthétiques. Bien que l’exercice soit fortement casse-gueule, Philippe Raymond s’en sort avec plus que les honneurs…”Life-Enhancing Solutions” témoigne d’un parcours musical riche qui a débouché sur un disque audacieux et très varié. Mickaël Choisi – Popnews.com – 29 juin 2011 (disque de la semaine)
Accessible, un peu expérimental, très mélodique, inspiré et délicieusement surprenant. Froggydelight.com – été 2011
Derrière des couches d’instruments passés par le prisme d’effets (sauf le chant, étonnamment livré brut), se tapissent des mélodies d’une évidence pop imparable. Si on pense maintes fois aux Boo Radleys de la période Giant Steps pour ces cuivres euphorisants, les chansons sont tour à tour noyées dans un bain d’acide ou expédiées vers des volutes aux fumées bienfaisantes – ce qui dénote aussi une certaine filiation avec Spiritualized. Avec l’aide d’un bon nombre de musiciens de haute volée, Philippe Raimond donne enfin corps à son inspiration créatrice, tel un chef d’orchestre pop symphonique. Denis Frelat – Autresdirections.net – Juin 2011
POP REVUE EXPRESS
Salade des sons, patckwork sonore et musical, expérimentations pop, “Life-Enhancing Solutions”, le premier Lp du tourangeaux Ichliebelove c’est un peu tout ça à la fois. Mais c’est aussi et surtout une œuvre riche et imposante qui, à la manière des albums de Beirut, ou de nombreux groupes anglais (Boo Radleys et Spiritualized en tête), mélange les styles, malaxe les sons, propose des arrangements malins et complexes, suffisamment pour aiguiser sans cesse notre appétit avant chaque écoute. Car “Life-Enhancing Solutions” est de ces albums dont on n’a pas fait le tour en trois écoutes.
Sans se situer dans un style proprement dit, Ichliebelove préfère jouer avec les genres et les époques, superposer les couches, enfiler les sons les uns dans les autres, à la manière d’un jeu de construction sonore et psychédélique des plus ludiques qui soient. Bien entouré (Laudanum, etc…) Ichliebelove signe un premier album étonnant et intense, tantôt rêche et sonique, tantôt chaud et cuivré qui, en tout, cas se révèle d’une grande diversité et constitue une des belles surprises “made In France” pour cette année 2011. [8/10]
Comme ça, naïvement, en écoutant ce disque on pourrait facilement se dire qu’il a été fait par nos voisins d’outre Manche. Bon évidemment, on se trompe lourdement. On regarde la fiche technique et on comprend vite qu’on n’est pas vraiment sorti de l’hexagone. Sous le pseudonyme Ichliebelove il y a Philippe Raimond. Ca ne fait pas très british. Mais ça ne fait rien. On prend quand même. On ne peut pas faire autrement puisque ce disque est très bon. C’est assez facile de le dire comme cela mais on ne travaille pas deux ans sur un disque avec une floppée de musiciens chevronnés pour accoucher d’une bouse. De qui se moquerait-on dans ces cas là ? Je vous le demande ? Fort heureusement Life-enhancing Solutions est plein de ressources et fait ressortir des influences très diverses mais toutes orientées vers la perfide Albion. Des Boo Radleys à Barry Adamson en passant par Stereolab ou toutes autres formations qui axent leurs efforts sur des orchestration riches, classieux et qui semblent évoluer avec aisance et un certain flegme. Ce qui n’empêche pas Ichliebelove d’avoir des morceaux plus explosifs. L’un n’empêchant pas l’autre.
Quoi qu’il en soit Life-enhancing Solutions possède de nombreuses sources de satisfaction. Disque bien écrit, formidablement bien produit, il est mené d’une main de maitre par un Philippe Raimond qui sait véritablement où il va. On croirait avoir affaire à un érudit de la chose indie-pop. Notre homme va puiser au plus profond des valeurs du style et il parvient à en tirer le meilleur. Mais là, justement, où l’on aurait pu croire que Life-enhancing Solutions n’est qu’un disque de genre on se surprend à voir en lui une bien belle perfomance qui ne donne pas l’impression de la redite. C’était bien sur le piège à éviter comme la peste. Pour résumer la situation Ichliebelove réalise pour son premier essai un coup de maître qu’il sera peut-être difficile de rééditer. Mais qui sait ? Comme il aime prendre son temps et s’entourer de gens compétants il se pourrait bien qu’il nous livre un autre album du même tonneau. En attendant c’est bien Life-enhancing Solutions qui prend la majeure partie de notre temps. Et cela risque de durer.
LA MAGIC BOX
Pour son album Endtroducing, DJ Shadow avait écrit : « toute une vie dédiée à la culture vinyle » et d’énoncer ensuite la liste de tous les artistes qui l’avaient marqué et qui avaient abouti in fine à sa musique à lui. Philippe Raimond aurait pu s’en inspirer, tant on sent que son projet Ichliebelove est le résultat d’une vie de mélomane, parfaitement digérée, pour créer une musique télescopant les genres musicaux dans un grand-tout génial. Les références du Tourangeau ne sont pas les mêmes que celle de DJ Shadow (encore que, en cherchant bien) mais l’ouverture est identique. Tout d’abord Ichliebelove adopte le credo des Beatles qui affirme que recherches sonores et musique savante doivent se mettre au service d’une musique facilement abordable et populaire. Life-enhancing Solutions s’écoute donc d’une traite avec gourmandise, ce qui n’était pas gagné au départ car le disque est riche et ses ingrédients ne sont pas tous faciles. On notera dans le désordre et sans hiérarchie, es influences de Cure, d’Elbow (Rev III, Whisky and Downers) de la folie Madchester (Bad with Faces, worse with names vous invite à un party débridé digne des Happy Mondays), d’un psychédélisme cosmique proche de Spiritualized (Born Again Sinner) de l’électronique tendance de Jay Jay Johanson, de John Barry en filigrane de l’ haletant My Guru Friend. Contrairement à DJ Shadow précédemment cité, chez Ichliebelove pas de sample (si ce n’est des dialogues radiophoniques) : tout est joué et de ce côté là, le Tourangeau s’est donné les moyens de ses ambitions en invitant pas de moins de 15 musiciens (notamment des cuivres) pour faire de Life-enhancing Solutions d’ores et déjà sa grande oeuvre. Parmi eux, Laudanum apporte la puissance de sa guitare noise sur l’ antérieurement zen Low Connection. Ichliebelove a sans doute peur du vide mais en grand ordonnanceur, il utilise chaque son, chaque influence et chaque musicien à merveille.
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