On dit d’une période de 7 années que c’est un cycle. Il s’est donc écoulé un cycle entre l’enregistrement (2003) et la sortie (octobre 2010) de « Songs we wrote ».
Il faut dire que Del a un rapport au temps particulier. Comme à tout le reste, du reste.
Avant de s’initier à la musique, les cousins Mickaël Mottet et Francis Bourganel inventaient déjà des scénarios avec les moyens du bord. Vers 1991, ils commencent à troquer les jouets pour des claviers, et plus tard des guitares, des batteries… Assez pour faire de la pop musique. Et enregistrer des balbutiements, des recherches, des harmonies vocales. Bref, des chansons, pour le plus grand bonheur des intéressés.
Brigitte Vautrin rejoint Del vers 1995. Le trio étant souvent une formule magique en musique, Del trouve là une réjouissante deuxième vie, et ce petit monde continue à créer ensemble.
Premiers passages radio (Radio Dio, à Saint-Etienne), premiers fans.
Nous aimons dire que « Del est un groupe à géométrie variable ». Nous intervertissons régulièrement nos instruments, parfois même au milieu des chansons, comme dans le morceau « The songs we wrote » : Brigitte passe de la batterie au Rhodes, Francis du Rhodes au saxophone et Mickaël de la guitare à la batterie. En dressant l’oreille, on l’entend sur le disque, puisqu’il a été enregistré en prises live.
Géométrie variable, donc, mais aussi géographie, et temporalité. Des fins de week-end à répéter dans une cave, quelques concerts ça et là, mais aussi quelques parenthèses quand l’un de nous s’expatrie (Londres, Montbéliard, Beyrouth, Amman, Nantes…), sans pour autant en perdre le goût. Et nous voilà enfin revenus dans les parages.
2003 : Del se retrouve, au début du mois de Juillet, pour enregistrer « Songs we wrote ». Sans répétition préalable. Sans studio. En trois jours.
« Songs we wrote » a été enregistré par Ives Grimonprez (qui a depuis, entre autres, produit tous les albums de Raymonde Howard, sur notre label). Nous disposions d’un magnétophone 8 pistes, d’une maison de campagne dans la Loire, et d’une joie sans égale.
La batterie était dans un sous-sol pour table de ping-pong, aux murs nus et à l’acoustique garage, littéralement. L’ampli guitare était dans le jardin, sous un poirier. Le Rhodes était parfois dehors, avec les câbles passant par les fenêtres ouvertes. Et c’était la canicule, la vraie. La campagne presque auvergnate ressemblant curieusement à la Toscane, pour les couleurs…
Août 2010 : Gérald Guibaud, boss du label, décida de faire enfin voir le jour à ce disque, en l’envoyant en exclusivité aux membres bienfaiteurs du label. Guillaume Long, dessinateur (derrière toutes les pochettes et visuels des derniers albums d’Angil & The Hiddentracks), illustra le tout. Et Gilles Deles (qui a produit de nombreuses sorties du label dont les siennes, sous le nom Lunt) masterisa les bandes du cycle précédent, demeurées à peu près intouchées… jusque là.
Voici le résultat…
des exercices de style lo-fi qui parlent l’américain slacker avec accent, l’album est surtout charmant sur des chansons sans âge où frissonnent l’amitié, la naïveté, la fin de l’enfance et le début de l’été.
LES INROCKUPTIBLES
Encore un album qui fait mouche chez We Are Unique, label plus que jamais synonyme de qualité. Un adage est en train de naître sur Indie Rock Mag, cela dit : “Angil au micro, achat du disque illico”
INDIE ROCK MAG
Del, le bonheur simple.
A DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
Ne passez pas à côté de ce disque, anecdotique autant qu’indispensable, léger et touchant.
FROGGY’S DELIGHT
La musique libre et joyeuse de Français pas pressés. En 2003, parce que l’été arrivait, que la maison de campagne dans ta Loire était libre et que le coeur était plein de chansons, Del enregistrait sa musique sans but précis, sans lendemain : musique de fugue, musique du dimanche qui dure tous les jours fleuris, ensoleillés. Depuis, Mickaël Mottet et son cousin Francis Bourganel ont précisé leurs désirs bouillonnants de chansons vierges au sein d’Angil, entrelacs sans règlement de pop, de folk, de rock, de hip-hop et de musiques expérimentales. Mais ils n’avaient jamais oublié cet acte fondateur, spontané et gai, qui sort aujourd’hui à peine retouché. “L’ampli guitare était dans le jardin, sous un poirier”, s’excuse presque le groupe, qui ne nous prend pas pour des poires : un peu daté sur des exercices de style lo-fi qui parlent l’américain slacker avec accent, l’album est surtout charmant sur des chansons sans âge où frissonnent l’amitié, la naïveté, la fin de l’enfance et le début de l’été. JD Beauvallet
Arrivée par surprise, la quatrième production de l’année émanant du label We Are Unique avait la lourde tâche de compléter le magnifique tableau dressé par les albums de Raymonde Howard, Lunt et Angil donc, de nouveau ici présent, avec seulement deux de ses Hiddentracks.
Il en aura mi du temps à nous parvenir celui-ci. Si la rencontre entre notre cher Mickaël Mottet (Angil) et Francis Bourganel ne date pas d’hier (ils sont cousins), la véritable naissance du groupe a tout de même eu lieu en 1995 lorsque Brigitte Vautrin s’invita à quelques séances de répétition effectuées avec les moyens du bord de l’époque. On comprend alors aisément pourquoi à l’écoute de The Songs We Wrote et de cette power pop vieille d’une petite vingtaine d’années, on se retrouve face à des sonorités comptant probablement parmi les moins exploitées du moment. Là où beaucoup vivent à fond dans le présent et baignent dans l’électronique, où d’autres s’épanouissent dans un revival des années 70 ou 80, peu se risquent à aller traîner dans les pattes de Pavement ou de Sonic Youth. Et si les aléas de la vie de chacun, les différents projets développés (dont une grosse poignée d’excellents albums rien que pour Mickaël Mottet), ou le gros retard de mixage, ont participé à repousser progressivement la concrétisation de ce premier opus, c’est avec un intérêt particulier que l’on goûte aujourd’hui au résultat des premières expériences musicales de celui que l’on suit de près depuis quelques années.
Première déflagration au menu, Answering Machine Song résume à elle seule tout le potentiel d’un trio capable des plus beaux contrastes. Alliant la douceur des voix de Brigitte et de Mickaël, à la sauvagerie contenue qui habite chacun d’eux, Del nous offre un programme varié et captivant marqué par l’authenticité d’enregistrements effectués dans des conditions live. Aucune ambition démesurée là-dessous, mais de la sincérité et du plaisir avant tout, et ça s’entend ! On n’est pas vraiment surpris, car c’est un peu la marque de fabrique de la maison, mais on découvre avec un ravissement non-dissimulé cette nouvelle fournée de mélodies touchantes et de pop songs qui se moquent pas mal des étiquettes et du format couplet-refrain. Nombreuses sont les compositions qui gagnent à être exploitées sur la longueur, se nourrissant d’apports instrumentaux successifs et de l’instauration progressive des atmosphères recherchées. Nos trois compères s’échangent les rôles régulièrement et nous embarquent dans un enchaînement d’idées qui rend l’écoute du disque passionnante jusqu’au bout.
Encore un album qui fait mouche chez We Are Unique, label plus que jamais synonyme de qualité. Un adage est en train de naître sur Indie Rock Mag, cela dit : “Angil au micro, achat du disque illico”. Espérons que le futur continue de nous donner raison. Pol
Je ne vais pas faire cette chronique en réaction à un papier que j’ai vomi, mais presque. Alors qu’un mois auparavant un mensuel faisait sa couverture avec la hype la plus immonde de ces dernières années (Salem pour ne pas les nommer), il donnait ce mois ci dans la moisissure intellectuelle, dans la chochoterie d’auditeur gâté qui ne paye plus un disque, dans l’ouverture d’esprit d’une baleine face à un nuage de plancton. Certes cet album de Del est plein d’imperfections, certes Brigitte ne pourra jamais, si l’on en juge sur ses performances, rivaliser avec Ana Calvi, certes. Mais « hope » de Palace Music doit il être mis au ban alors que c’est probablement le plus attachant des disques de Will Oldham, les œuvres de jeunesse de Bill Callaghan peuvent elles être balancées au rebus par manque de clarté du son ? Pire encore devons nous considérer un disque sourd de Dominique A comme une bonne façon de se poiler en écoutant de la chanson française, sous couvert d’un son faisant plus penser à celui d’un sonar qu’à celui que peut se pourvoir un chroniqueur, via une platine haute fidélité avec des enceintes payées rubis sur l’ongle, car quand on est magique on l’est jusqu’au bout.
Certes je fais parti de cette frange, pas si étroite, de personnes qui suivent les pérégrinations sonores de mister Mottet depuis quasi le début, ses démos dormant très mal dans une boite, les réveillant sans cesse. Je fais donc parti des irréductibles, qui pourraient se pâmer, à ceci prêt que le dernier album d’Angil n’est toujours pas parvenu à m’emballer totalement. Oui Mickaël Mottet doit être un garçon difficile à suivre au quotidien si il a la même frénésie de découverte qu’il peut avoir en matière de musique. Mais avec Del c’est presque une cartographie de sa jeune carrière qui nous est offerte. Les aspirations du stéphanois sont ici en germe, pas encore en culture, faute d’une eau abondante. Del ce ne sont pas que des travaux de jeunesse d’Angil et d’un cousin, alors que le soleil plombe toute velléité de vie dehors.
On y note l’importance de la rythmique. Les compositions Accidentées, qui témoignent d’une fraicheur, celle des citronnades de notre enfance sous un arbre, alors que le vent sèche nos fronts humides. Les cuivres sont là, presque en guenilles (qui trouve ceux actuels de Go !Team plus aboutis…et pourtant !!!) les mélodies se font timides, le chant commence sa mutation vers un phrasé unique, Del est tout à la fois un moment de joie, mais aussi la possibilité donné au pisse froid de déverser un fiel encore plus immonde qu’un disque de Salem, et pourtant « Songs We Wrote » apporte des réponses à pas mal des questions que l’on peut se poser en écoutant Angil et autres projets de Mickaël Mottet. Del, le bonheur simple. GdO
PS : n’oubliez pas de devenir membre bienfaiteur de We Are Unique Records
Curieux nom que celui de ce groupe. Del comme la touche d’effacement d’un clavier d’ordinateur, ou bien comme l’acronyme de ces petites lumières faibles (appelées communément par leur acronyme anglais led) qui éclairent individuellement peu mais qui, une fois rassembléee, sont capables d’illuminer un stade.
Loin de moi, cependant, l’idée de vouloir vous faire croire que les individus qui composent Del ne sont rien sans les autres mais au contraire que la mise en commun de leur talent est une belle réussite. Le titre annonce modestement l’état d’esprit lors de la composition de cet album : des chansons que nous avons écrites volume 1.
Et effectivement, ce disque respire la légèreté et l’insouciance de quelques amis ayant décidé sans autre ambition que de se faire plaisir de faire avant tout une musique pour eux. Enregistré il y a 7 ans, ce disque ne sort donc que maintenant, sans urgence, sans contrainte, juste pour leur satisfaction et notre plaisir.
Del, ce sont Francis Bourganel, Brigitte Vautrin et Mickaël Mottet, connu bien entendu pour tous ses projets, Angil et Jerri en tête. Si Del est antérieur à tous, on devine dans ce disque tout ce que l’on aime dans ses autres formations. Dissonance, chant, enchevêtrement des voix (“Answering machine song” est un petit bijou et se paie le luxe d’ouvrir l’album). Même ce roulement de tambour sur “The cities” est reconnaissable entre mille.
La variété des influences du groupe se fait aussi ressentir proposant tant des bossa que de la pop lunaire lorgnant du côté de Pavement autant que Belle & Sebastian (“Sometimes Giant very first recording“) ou du rock plus brut (“Call the aliens” qui n’est pas sans rappeller avec bonheur le travail de Raymonde Howard aujourd’hui).
Songs we wrote (#1) est un disque passionnant et touchant, que l’on connaisse ou pas le reste du travail de Mottet. Del est d’ailleurs tout autant complémentaire qu’il est un point d’entrée au travail du Stéphanois.
Bonne idée en tout cas que We Are Unique! Records ait enfin édité ce beau disque. A ma connaissance, le groupe n’a pas fait de session semblable à celle-ci dernièrement, mais j’espère me tromper pour retrouver bientôt le #2 de ces chansons qu’ils écrivent, tellement bien et tellement ensemble.
En tout cas, ne passez pas à côté de ce disque, anecdotique autant qu’indispensable, léger et touchant. David Didier
Interview de Mickaël Mottet avec A Découvrir Absolument.
Chronique de l’album par JD Beauvallet dans LES INROCKUPTIBLES
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