Ca s’appelle Lines, et ça commence par les phrases suivantes : « Bending the lines, moving the lines, breaking the lines« . Angil and the Hiddentracks se seront effectivement évertués à casser les lignes de la pop, à les faire bouger, pendant une dizaine d’années.
Dans évertués, il y a tués. Lines est le maxi qui clôt l’histoire, avant un retrait digne où chacun vaquera à ses nouveaux projets. Ni coup d’éclat ni conflit larvé, simplement un besoin de décider où et quand dire stop, pour ce groupe qui n’aura jamais fait grand chose comme les autres.
Une communauté de fidèles les auront soutenu jusqu’au bout : les membres bienfaiteurs de notre label, auquel une grande partie ont accédé par la porte HiddenList, la centaine de mécènes qui ont fait exister ce maxi 25 cm via Microcultures, mais également leurs supporters parmi les médias plus ou moins spécialisés, qui n’auront eu de cesse de les considérer comme l’un des joyaux hexagonaux depuis que nous avons sorti le premier album de Mickaël Mottet et sa bande en 2004.
Les éloges de ces soutiens indéfectibles n’auront eu d’égal que l’indifférence des autres, ceux qui ne les ont pas programmés, ceux qui sont restés fermés à leur musique – ou ignorants, ce qui est peut-être pire. Nous n’avons aucun ressentiment, cela dit : la décision du renoncement reste celle du groupe. Il y a fort à parier que les doigts sectionnés, sur la magnifique pochette signée Guillaume Long, l’ont été par eux-mêmes.
Rassurez-vous, il n’y aura pas pour autant d’index sanguinolent envoyé avec cet album en guise de goodies. Simplement quatre belles chansons, en forme de poing final, produites à domicile par un Michael Wookey au mieux de sa forme sonore. Comme s’il lui avait fallu 4 albums et un maxi pour le comprendre, le groupe a fini par réaliser son fantasme de longue date : un enregistrement entièrement live, avec simplement quelques micros répartis dans la pièce, et aucun artifice. Retour au lo-fi, en somme, pour cette formation qui ne s’en était jamais réellement éloigné.
On aura pu parler au futur antérieur d’Angil and the Hiddentracks jusqu’à fin 2014. A partir de 2015, le nom disparaît, et avec lui quelques souvenirs et émotions fortes : des concerts avec Why? ou Radar Brothers, des collaborations avec Laetitia Sadier ou Françoiz Breut, des concerts aux Nuits de Fourvière, à New York ou un peu partout en Europe, un album lipogramme signé en licence chez Chemikal Underground, de sacrées performances live, de riches collaborations (The John Venture, Jerri).
Restent les chansons. Le temps désormais sera le seul juge de la valeur sans égale de cette suite d’album que nous laisse le groupe.
Lines, c’est un condensé de mélodies brutes qui restent collées à la peau mais aussi une économie de moyens qui mène plus à une certaine idée d’un essentiel esthétique qu’à l’épure. Bref une belle façon de se dire presque adieu…FROGGY’S DELIGHT
Si l’on savait Angil adepte du grand écart et capable de digérer avec autant d’aisance des compositions à tendance jazzy, pop, post-rock ou même classique contemporaine, il est toujours aussi jubilatoire de le voir passer du coq à l’âne sur un court format sans dégrader ce fil conducteur ténu qui sert à maintenir l’unité d’ensemble.
INDIEROCKMAG
un bijou rare, à découvrir
A DECOUVRIR ABSOLUMENT
Voilà, c’était annoncé depuis longtemps maintenant, mais le rideau se referme sur la musique d’Angil and The Hiddentracks. En guise d’adieux, sous cette forme : les Hiddentracks n’ont pas forcément fini de faire parler d’eux et Mickaël Mottet non plus, le groupe Français nous offre un dernier EP, Lines, qui démontre à la fois le talent de ces musiciens et cette injustice face à une certaine non reconnaissance publique et critique.
Un jour, il faudra sérieusement se poser la question de l’intérêt pour certains médias nationaux de toujours préférer faire la promotion de groupes anglo-saxons à la durée de vie souvent limitée, à donner un coup de projecteur sur une scène Française sortant des sentiers battus. Ne parlons même pas des programmateurs de salles, proposant toujours plus de concerts par semaine, de moins en moins remplis par ailleurs mais c’est un autre débat, frileux sur les découvertes et incapables de séparer le grain de l’ivraie.
Lines… Un peu plus de trois petites notes de musique, 4 titres en tout qui sonneraient presque comme l’aboutissement d’une carrière. D’abord au niveau du son. Le disque a été enregistré par Michael Wookey dans les conditions du live. Le groupe entier dans la même pièce avec les micros justes placés au bon endroit, ce dont a toujours rêvé Mickaël Mottet. En résulte un son sec, où la vérité est crue. Lines nous rappelle, et ici de manière encore plus évidente, le rapport étroit qu’entretient Angil avec le hip-hop, les rythmes, la prosodie et les mélodies noires Américaines (il faut voir comment les Hiddentracks se transforment en fanfare de La Nouvelle-Orléans rappelant leurs bons offices déjà réalisés dans le dernier disque de Michael Wookey). Lines, c’est un condensé de mélodies brutes qui restent collées à la peau mais aussi une économie de moyens qui mène plus à une certaine idée d’un essentiel esthétique qu’à l’épure. Bref une belle façon de se dire presque adieu…Le Noise (Jérôme Gillet)
Depuis le temps que l’on suit Mickaël Mottet dans ses pérégrinations, que ce soit avec Del, Dotsy Dot, en son nom propre ou à la tête d’Angil And The Hiddentracks, nous n’éprouvons toujours aucune lassitude à l’idée d’écouter et de défendre ses nouvelles compositions.
Ce n’est pas avec l’EP Lines qu’une quelconque lassitude va naître. Il s’agira pourtant – a priori – du dernier inédit d’Angil And The Hiddentracks. Et pour cause. Mickaël Mottet le justifie assez efficacement en estimant que « 300 personnes nous trouvaient importants, 3000 nous respectaient, et le reste des amateurs de musique avaient au mieux vaguement entendu parler de nous, au pire ne nous connaissaient absolument pas, soit parce qu’il s’en foutent, soit parce qu’on ne leur a pas donné accès à notre musique ».
Après sept ans d’existence, l’artiste a « choisi l’arrêt avant l’épuisement ». La difficulté de financer le projet et d’accéder à des salles de concert aura provoqué cette décision. On se consolera donc avec le véritable bouquet final que constitue Lines.
Si l’on savait Angil adepte du grand écart et capable de digérer avec autant d’aisance des compositions à tendance jazzy, pop, post-rock ou même classique contemporaine, il est toujours aussi jubilatoire de le voir passer du coq à l’âne sur un court format sans dégrader ce fil conducteur ténu qui sert à maintenir l’unité d’ensemble.
Après une minute durant laquelle la tension monte sur Soaking The Lines, Mickaël Mottet s’autorise un flow qui rappellerait presque, dans un premier temps, le Rosko John qui s’acoquinait avec Archive sur Londinium. Le titre évoluera ensuite, jusqu’à sa fin, vers une atmosphère à la Beirut accentuée par la présence de chœurs et de vents.
Sur Raise Your Eyebrows In The Air (Like You Just Don’t Care) et son faux rythme délectable, les vents sont toujours présents et, utilisés telles des ponctuations, subliment le propos tout en accompagnant une voix qui, forcément sur ce type de tempo, n’est pas dénuée d’une once de cette nonchalance qui nous happe dans son univers.
Atypique, Gospels démarre a capella. Quelques secondes plus tard, une basse énergique dynamise le titre avant que des vents à la Sufjan Stevens versant All Delighted People n’apparaissent. L’alternance entre ces deux types de phases rend le titre assez foutraque et, avouons-le, jouissif. Si cet EP comportait un ovni, ce serait assurément celui-ci.
Enfin, à l’écoute de The Major Chords, Angil pourrait être considéré – de manière évidemment réductrice et trop hâtive – comme l’alter-ego masculin de Mansfield TYA au regard de ce mariage entre une rythmique martiale et l’utilisation saccadée de cordes frottées.
On se désolera donc de l’arrêt de ce projet, mais on ne doute pas un seul instant du fait que l’on retrouvera Angil à la tête d’autres formations aussi passionnantes qu’inspirées.
Cet EP quatre titres est une petite pépite incroyablement inspirée. On plonge la tête la première (Soaking the Lines) dans une ambiance chaude et feutrée, à la façon de l’excellent Fashion Nugget de Cake. On s’imagine dans un bar poussiéreux américain en train de siroter tranquillement un (ou plusieurs) cocktails. Et puis soudainement le pied trépigne, la tête s’agite, le coeur s’emballe. On a envie de les rejoindre, d’attraper des baguettes et de taper le rythme avec eux, comme une ode au partage, au pardon, et à la joie. La voix assurée et parfaitement en place de Mickaël Mottet nous fait monter dans les hauteurs (Gospels) et tomber à la renverse ! Tout est parfaitement dosé et chaque instrument trouve sa place.
Cet EP a été enregistré en conditions live par Michael Wookey, et s’annonce malheureusement comme étant le dernier… Une aventure qui se termine par un bijou rare, à découvrir ! Laurelau
Interview de Mickaël Mottet avec Froggy’s Delight
Ontologie musicale de Mickaël Mottet par Gilles Deles sur le site de Froggy’s Delight
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