A quoi bon tenir un label indépendant en France en 2017 ? Quel sens, quelle définition donner à la notion de label en ce 21e siècle après une crise du disque qui a remis tout le secteur en question ? Producteur et distributeur de disques ? N’importe qui peut avec la démocratisation des outils (MAO, Bandcamp, Youtube…etc.) être désormais autonome. Collectif d’artistes ? La Souterraine nous le démontre depuis ses débuts, nul besoin de collaborations entre musiciens pour créer une dynamique de groupe, une scène musicale. Passeur ou filtre ? Sans doute, mais pas plus que ne l’est un webzine, un blog, une (web)radio, un programmateur, un festival…Encore faut il arriver à susciter l’intérêt et exister un peu médiatiquement.
Les mots qui définissent le mieux les deux labels indépendants qui nous intéressent ici, We Are Unique! Records et Travelling Music, sont probablement : proposition artistique et esthétique, artisanat, famille ; et surtout, amateurisme, au sens noble du terme.

Ces deux labels créés respectivement en 2001 et 2004 à Toulouse sont avant tout des aventures humaines dont les fondations sont des amitiés vieilles de plusieurs décennies. Lorsqu’un artiste rejoint l’un de ces labels, il fait bien plus que sortir des disques. Il devient un membre d’une famille où tout le monde se serre les coudes, s’entraide et se soutient quoiqu’il arrive. Le grand frère We Are Unique! Records et son cadet Travelling Music sont tous les deux nés avec la volonté de proposer une alternative à l’uniformisation de la création musicale, en défendant des artistes atypiques qui vont souvent demander un effort d’écoute, parfois mêmes difficiles d’accès. Si les deux labels s’inscrivent dans la grande lignée de ce que les anglo-saxons appellent l’indie-music, We Are Unique! affiche un catalogue aux contours postmodernes alors que Travelling Music est plus dans l’exploration de la musique folk sous toutes ses formes et interprétations. Ce qui lie les deux structures : le goût pour l’aventure, sans à priori ni barrière. La langue ne doit pas en être une. Jusqu’à présent anglaise, française, italienne ou instrumentale, demain peut-être russe, espagnole, arabe ou autre, qu’importe, tant que le message porte et que l’identité est forte : l’émotion est universelle.