Lorsqu’en 2003 nous sortions Les environnement principaux, second album de Melatonine, le post-rock était donné pour mort. Pourtant, le post-rock n’était pas éteint pour autant malgré les dires des spécialistes. « Ces mélodies lancinantes tronçonnées au bruit blanc, inquiet… aux guitares suffisamment expressives pour que l’album se passe de mots… » écrivait les Inrockuptibles ; « Héritiers de Mogwai, Slint et Tortoise » s’inscrivant « dans une riche tradition d’innovation dans le rock » lui assurant « une brillante relève » soulignait Rolling Stones. Le post-rock mis à mort ne tarda donc pas de se réveiller et de convertir la presse spécialisée « à la mélatonine ».
Après des concerts explosifs donnés en première partie d’Explosion in the sky ou de Dianogah (pour ne citer que ceux-là) le groupe devint vite une référence du post-rock français.
La melatonine ou « hormone du sommeil » suscita malgré elle de vifs maraudages. Le groupe se fit insidieusement « voler » son nom par un autre groupe de rock pour teenagers signé chez Universal. L’antériorité du nom de notre groupe (leur premier album éponyme autoproduit date de 2001) suffit légalement à prouver leur légitimité première, et ce, malgré les efforts perfides de « la grande machine » pour tenter de leur en interdire l’usage.
Pendant ces 2 dernières années, parallèlement à la composition de ce nouvel album, Mathieu Lozinguez (guitares) s’adonne à son projet electro-rock King Kong was a cat (un album devrait voir le jour prochainement sur notre label) et Nicolas Tochet (basse) lance son projet solo électronica Zéro degré et crée le label Le Kit corporation qui sort son premier album « Les écrans ». Son label s’impose vite comme un laboratoire pointu de musiques électroniques diverses avec des artistes aussi talentueux que Dolibox, Menuet, Orange Brown, Echoes…
En Août 2005, les Melatonine rentrent en studio avec la complicité de Gilles Deles (Lunt), déjà aux manettes de la production de leur précédent album. Le groupe a décidé d’abandonner les atmosphères de nappes et de synthétiseur, les apartés de samples pour un album rock joué live. La consigne est claire : un son brut, direct sans artifices.
C’est bien cette osmose que l’on ressent en écoutant décembre est un samedi : la puissance rythmique d’Alexandre Oury se coordonne au groove de Nicolas Tochet mais celui-ci brouille les pistes de cette alchimie rythmique, chaque fois que sa basse manque de rendre l’âme dans la fureur des distorsions. Mathieu Lozinguez combine avec brio, lyrisme et densité sonore qui donnent à son jeu bruitiste toute sa singularité.
Melatonine ne s’est pas contenté de sombrer dans une « recette » qui a tué bien des groupes du genre, ou de multiplier les esquisses techniques qui rendent hermétiques certaines formations de math-rock. Comme chez Fugazi, c’est une savante combinaison d’intelligence et de simplicité qui gouverne.
Dès l’introduction, on pense à Kinski pour leur sens de la rupture et de la dynamique,
suivi d’un « Lons » au groove curieusement perverti.
« Hurkst » remet au goût du jour un jeu de guitare où l’on croirait entendre Robert Fripp (King Crimson) revenu à ses premiers amours .
« E.L.E.V.E.N. » clôt l’album dans un vacarme hypnotique où plane le fantôme de « the diamond sea » (Sonic Youth).
Le groupe Melatonine nous montre qu’il a su redonner au trio guitare-basse-batterie ses lettres de noblesse, dans des chemins où beaucoup ont vite tourné en rond.
On a beau connaître par cœur les plans de vols vertigineux du post-rock – cette succession de piqués, chandelles et vols planés –, on demeure parfois sujet à quelques vertiges et chocs corporels, quand la délicatesse des arrangements se fait soudain emporter par un tsunami d’électricité en pelote, brutale et athlétique. C’est ce jeu physique, cassant, métallique, au bord de l’apocalypse, qui sauve régulièrement Melatonine des petites recettes dociles du post-rock : visiblement, les Messins préfèrent aux simulateurs de vol, tellement courus chez les disciples de Tortoise ou Mogwai, l’ivresse et les frissons glaçants du vol libre.
LES INROCKUPTIBLES – Simon Triquet (13 Février 2007 N°585)
Toutes les particularités du rock instrumental et cyclothymique se retrouvent chez Melatonine, mais on sent l’avidité du groupe à réinvestir non seulement le terrain, mais aussi à le faire sans péremption, avec énergie et mesure, comme ses aînés de Mogwai entendus une dernière fois au tournant du siècle. La démarche n’a pas varié d’un iota : des morceaux en forme de bouchon de champagne qui résistent tant bien que mal à une pression de plus en plus convulsive, jusqu’à ce que l’ensemble valse en direction du plafond. Pourtant, l’approche de ce groupe français est plus intuitive. Ni les principes d’une architecture savante, ni la morgue des premiers de la classe certains de créer un art sérieux puisque austère, ne viennent compromettre les beautés d’un troisième album qui opte pour un jeu collectif.
MAGIC Revue Pop Moderne – Mars 2007 – Julien Welter •••••°
Plus glauque que Mogwaï, moins aérien et épique que Pelican, Décembre est un samedi se situe dans un catégorie musicale où les groupes doivent commencer à se sentir sérieusement à l’étroit, celle dans laquelle on accole le préfixe « post » (hardcore, rock, métal…tout ce que vous voudrez)… Quoi qu’il en soit, les Messins viennent de nous pondre leur meilleur album à ce jour, et un grand disque du genre.
ROCKSOUND Février 2007 – Note : rrrr (super) – RP
Par leur intelligence de jeu, des inclinaisons non répétitives, et sans sombrer dans une formule obscure et abstraite, ils collent parfaitement au sens originel du terme post-rock, celui qu’ont dessiné Slint et Tortoise au début des années 90.
LONGUEUR D’ONDES
Là où certains éprouvent l’endurance de l’auditeur, singeant les maîtres du genre avec des compositions interminables, répétant leurs motifs ad nauseam, Melatonine a l’intelligence de la concision, d’une compacité qui met en valeur le caractère éminemment dynamique de ses morceaux. Dynamique en son core, Décembre est un samedi est un album de post-rock dépressionnaire, de rock bruitiste qui ne force pas sa nature cyclothymique. Melatonine nous épargne contrairement à d’autres la grandiloquence qui tourne à vide, plus enclin aux climats subtils qu’aux paysages monumentaux inaccessibles. Le trio ne surjoue jamais le post-rock, mais le rejoue à sa façon, misant sur l’intensité combinée des trois instruments, qui trouvent ici, à travers des alliages sonores puissants, un équilibre nouveau.
DMUTE
Sur ce troisième album du trio de Metz, tout commence par la fin du monde, objectivement un arpège de guitare sur, qui monte en langueur, dans la grande tradition du post-rock qui se conçoit comme un film d’horreur…Melatonine introduit 2007 avec l’un des meilleurs albums de post-rock, aux cotés de Apse, trio mystique américain…Seul un groupe de province est capable de tenter l’improvisation en forme de BO. Et réussir même, à faire rêver l’auditeur sans se soucier de la marque de sa veste en cuir. Si décembre est un samedi, souhaitons à Melatonine que 2007 soit une voyage en première classe. Vers une reconnaissance encore plus large sur l’autobahn du succès.
FROGGY’S DELIGHT
Décembre Est Un Samedi est parcouru de long en long par une incroyable tension. La rage est ici mise en exergue. La déflagration sonore est portée en point d’orgue. Ce nouvel album, de nouveau publié sur le label toulousain Unique, porte en lui les gènes d’une colère froide, de celle qui sied si bien aux gens qui savent qu’ils ont raison…Les compositions instrumentales sont directes, elles percutent l’auditeur, le chahutent, le brinquebalent, le triturent, le jettent, l’empoignent…L’intuition semble guider des compositions qui s’affranchissent du format, des carcans et se déroulent au gré des humeurs du trio, sans calcul ni retenue. A mille lieues d’un quelconque exercice math-rock rébarbatif, Décembre Est Un Samedi est animé par un souffle de liberté.
AUTRES DIRECTIONS
Le deuxième album de Melatonine signé chez Unique Records risque d’en ébranler plus d’un. Son flottant qui cingle, instrumentales sur le fil, Melatonine s’annonce comme l’alternative française et planante à Mogwaï… Le post-rock de Melatonine s’admire comme une avancée dans la mer électrisée.
EH LES VILAINS
C’est certainement avec une horloge biologique calquée sur les rotations de la terre que les Metzins ont échafaudé ses titres à la retenue stupéfiante dans les longueurs. Loin de ce qui faisait le fondement même du post rock, Melatonine raccourci les temps, tranche dans le vif et donne à ses offrandes une couleur à la fois sombre et alerte… Sans abandonner sa marque de fabrique, Melatonine s’en éloigne certainement, se donnant la possibilité de revoir le jour de façon plus élastique un soir d’été. Pour le moment c’est l’hiver, et le réchauffement climatique n’est pas pour maintenant, mais les tourbillons sont eux du mouvement.
A DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
Le groupe de toutes les manières – et c’est là tout son art – alterne court circuits électriques (où s’il y avait du chant, cela ressemblerait à Shellac) avec des long circuits où le groupe emprunte les montagnes russes (Janvier 00.00 ou le finalement bien nommé Rock prog’s). Le groupe arrive surtout à retranscrire sur disque ce qu’il dégage sur scène. C’était son challenge de départ et c’est réussi. »
LA MAGICBOX
LES INROCKUPTIBLES (13 Février 2007 N°585)
Le rock montagne russe de Messins hardis
La mélatonine a longtemps été considérée aux Etats-Unis, où une version synthétique de l’hormone est en vente libre, comme la pilule miracle, le cachet du bonheur : un régulateur de sommeil, d’humeurs, de libido… La mélatonine permet ainsi de passer sans paliers de décompression de l’hyperactivité au sommeil paisible : les guitares de ce groupe messin en ont à l’évidence ingurgité des tubes. On a beau connaître par cœur les plans de vols vertigineux du post-rock – cette succession de piqués, chandelles et vols planés –, on demeure parfois sujet à quelques vertiges et chocs corporels, quand la délicatesse des arrangements se fait soudain emporter par un tsunami d’électricité en pelote, brutale et athlétique. C’est ce jeu physique, cassant, métallique, au bord de l’apocalypse, qui sauve régulièrement Melatonine des petites recettes dociles du post-rock : visiblement, les Messins préfèrent aux simulateurs de vol, tellement courus chez les disciples de Tortoise ou Mogwai, l’ivresse et les frissons glaçants du vol libre. Simon Triquet
MAGIC – Mars 2007
Toutes les particularités du rock instrumental et cyclothymique se retrouvent chez Melatonine, mais on sent l’avidité du groupe à réinvestir non seulement le terrain, mais aussi à le faire sans péremption, avec énergie et mesure, comme ses aînés de Mogwai entendus une dernière fois au tournant du siècle. La démarche n’a pas varié d’un iota : des morceaux en forme de bouchon de champagne qui résistent tant bien que mal à une pression de plus en plus convulsive, jusqu’à ce que l’ensemble valse en direction du plafond. Pourtant, l’approche de ce groupe français est plus intuitive. Ni les principes d’une architecture savante, ni la morgue des premiers de la classe certains de créer un art sérieux puisque austère, ne viennent compromettre les beautés d’un troisième album qui opte pour un jeu collectif. Signé chez Unique records d’où est provenu la révélation de The John Venture, Melatonine est un groupe dont l’ascension aura été falsifiée par l’intrusion sur la scène française d’un homonyme. Quel est donc ce monde qui rétrécit au point que deux formations choisissent de se baptiser du nom d’un produit régulateur naturel du sommeil ? Un monde où l’on trouve des garçons prêts à en découdre avec un genre souvent relégué dans les dossiers classés de l’histoire. Cette attitude est moins le fait de ses détracteurs que de ses représentants émérites, soucieux parfois de ne pas voir une concurrence agile briser des records vieux d’une décennie. On ne peut décidément faire confiance à personne, mais grâce à une érudition qui n’en étouffe pas pour autant la vivacité d’esprit et une touche plus rétro que passéiste, Melatonine semble prêt à affronter les pires bourrasques. Julien Welter •••••°
ROCKSOUND Février 2007
Plus glauque que Mogwaï, moins aérien et épique que Pelican, Décembre est un samedi se situe dans un catégorie musicale où les groupes doivent commencer à se sentir sérieusement à l’étroit, celle dans laquelle on accole le préfixe « post » (hardcore, rock, métal…tout ce que vous voudrez). Pourtant, impossible de dire en quoi et où précisement, mais Melatonine se distingue habilement de ses petits camarades de palier. L’expérience peut-être (cette galette est son troisième album) ou sa propension à éviter d’en faire des caisses, à moins que ça ne soit simplement leur talent de composition qui saute aux oreilles. Quoi qu’il en soit, les Messins viennent de nous pondre leur meilleur album à ce jour, et un grand disque du genre.
RP- Note : rrrr (super)
AUTRES DIRECTIONS
Le temps n’y a rien fait. Depuis la parution en 2003 d’un album rageur, Les Environnements Principaux, Melatonine n’a pas faibli, n’a pas failli. Décembre Est Un Samedi est parcouru de long en long par une incroyable tension. La rage est ici mise en exergue. La déflagration sonore est portée en point d’orgue. Ce nouvel album, de nouveau publié sur le label toulousain Unique (mais cette fois-ci dans un tout autre registre que The John Venture ou Angil), porte en lui les gènes d’une colère froide, de celle qui sied si bien aux gens qui savent qu’ils ont raison. Le trio messin revient ici à un format plus court, porté par la dynamique établie par le triumvirat basse/guitare/batterie. Les compositions instrumentales sont directes, elles percutent l’auditeur, le chahutent, le brinquebalent, le triturent, le jettent, l’empoignent. Si sur leur précédent album Melatonine laissait transparaître quelques déviances électroniques et synthétiques, Décembre Est Un Samedi n’est fait que de matières organiques sauvagement électrisées, résolument rock. L’enregistrement réalisé en compagnie de Gilles Deles de Lunt parvient ainsi à saisir toute la spontanéité qui anime le groupe. L’intuition semble guider des compositions qui s’affranchissent du format, des carcans et se déroulent au gré des humeurs du trio, sans calcul ni retenue. A mille lieues d’un quelconque exercice math-rock rébarbatif, Décembre Est Un Samedi est animé par un souffle de liberté. Denis
FROGGY’S DELIGHT
« La mélatonine, appelée aussi hormone du sommeil, est l’hormone centrale des rythmes biologiques, et d’un certain point de vue l’ensemble des sécrétions hormonales ». Dans le cas de Mélatonine, le groupe, il en est tout autrement. Tout commence par le néant, puis les poumons se remplissent d’air, l’homme atteint son équilibre. Et finalement tout se régule, en osmose complète, autour de la mélodie du larsen. Sur ce troisième album du trio de Metz, tout commence par la fin du monde, objectivement un arpège de guitare sur, qui monte en langueur, dans la grande tradition du post-rock qui se conçoit comme un film d’horreur. Soit un monstre qui avance silencieusement sur le lino qui grince, avant de surprendre sa victime dans son sommeil. A ce petit jeu, Décembre est un samedi est un musical-killer qui embaume dans ses mélodies bruitistes, avant d’assommer avec un « Lons » d’anthologie marquant le retour des guitares post-rock qui ont un sens. Une direction. Le Tortoise de la période TNT semble avoir été absorbé, digéré, recraché à la face d’un monde qui ne le mérite pas. Car ici l’instrumental est reine, peu ou pas de paroles, simplement le trio guitare/basse/batterie jouant sur les non-dits qui carbure à la m éthadone. Décembre est un samedi marque l’équilibre entre l’urgence et la tranquillité. Urgence d’un « Hurkst » qui fait mal, comme une bande-son d’un film de gangsters dans la lignée des Michael Mann. Puis repos du cœur qui bat au ralenti sur « Cette fois encore », où la guitare frottée devient inconsciemment la voix lead du projet. Ou comment tuer la voix sans proposer l’ennui. Melatonine introduit 2007 avec l’un des meilleurs albums de post-rock, aux cotés de Apse, trio mystique américain. Puis l’ensemble vire carrément à gauche toute, s’emballe sur « Le décompte » et ses tempos à la limite du swing jazz, entrecoupé de guitares qui coupent comme le cutter. Et le tout dans un format pop (3.21) qui fait du bien là où d’autres tentent le marathon autour d’un même motif musical. De la pop justement avec « Rock prog’s » qui va chercher les guitares de Franz Ferdinand pour les tordre. Les malaxer dans l’acide corrosif sur six minutes apocalyptiques. Jusqu’à tenter l’expérimental électronique en mariant les sonorités, tenant le delay par le bout des cordes sur Les artères du dimanche. Y ajoutant les bruits, les fracas de vaisselles qui cassent sur le sol. Seul un groupe de province est capable de tenter l’improvisation en forme de BO. Et réussir même, à faire rêver l’auditeur sans se soucier de la marque de sa veste en cuir. Si décembre est un samedi, souhaitons à Melatonine que 2007 soit une voyage en première classe. Vers une reconnaissance encore plus large sur l’autobahn du succès.
DMUTE
L’excellent trio messin (guitare, basse, batterie), est de retour sur le label Unique Records, trois ans après Les Environnements principaux, album de rock instrumental marquant, qui se frayait une voie entre un post rock cyclique (Slint, Mogwai) et des tensions noise. Décembre est un samedi, troisième album du groupe, approfondit l’expérience sonore du précédent disque. Mais au rock instrumental poli aux effets électroniques discret du prédécesseur, le groupe semble cette fois sans pour autant bousculer sa formule, privilégier un son plus brut et direct, mis en valeur par le précieux Gilles Deles aux manettes (producteur du brillant The John Venture sorti il y a peu sur le label). L’album nous offre son ciel bas baudelairien menaçant, où dialoguent intensément les emballement rythmiques de la batterie et la respiration profonde de la basse, qui portent haut le lyrisme lancinant des guitares. Qu’on en juge par Hurkst, certainement la pièce maîtresse du disque, et sa cavalcade western effrénée (la guitare qui ouvre le morceau ne laisse aucun doute). Rock prog’s, découvert live lors de la soirée anniversaire du label à la flèche d’or, est l’un des autres fleurons de cet album ; son accroche midtempo faussement tranquille au delay entêtant, n’est que le prélude, comme souvent, à un dérèglement étourdissant. Là où certains éprouvent l’endurance de l’auditeur, singeant les maîtres du genre avec des compositions interminables, répétant leurs motifs ad nauseam, Melatonine a l’intelligence de la concision, d’une compacité qui met en valeur le caractère éminemment dynamique de ses morceaux. Dynamique en son core, Décembre est un samedi est un album de post-rock dépressionnaire, de rock bruitiste qui ne force pas sa nature cyclothymique. Melatonine nous épargne contrairement à d’autres la grandiloquence qui tourne à vide, plus enclin aux climats subtils qu’aux paysages monumentaux inaccessibles. Le trio ne surjoue jamais le post-rock, mais le rejoue à sa façon, misant sur l’intensité combinée des trois instruments, qui trouvent ici, à travers des alliages sonores puissants, un équilibre nouveau.
EH LES VILAINS
Le post-rock sera à l’honneur avec l’entrée en scène de Melatonine, dont le deuxième album signé chez Unique Records risque d’en ébranler plus d’un. Son flottant qui cingle, instrumentales sur le fil, Melatonine s’annonce comme l’alternative française et planante à Mogwaï. Ce nouvel album, « Décembre est un samedi », laisse apparaître de subtiles sonorités électroniques (claviers, synthés vintage, groovebox…) autour de la structure de base guitare-basse-batterie, toujours fidèle aux Sonic Youth et Shellac. Le post-rock de Melatonine s’admire comme une avancée dans la mer électrisée.
A DÉCOUVRIR ABSOLUMENT
Melatonine, un des premiers groupes à avoir subi les affres de nos chroniques fumeuses, est de retour, avec ce titre énigmatique, sorte de maxime qui aurait pu trôner au milieu du # 3 de Diabologum, décembre est un samedi. De ce titre il faudra y chercher les lumières et la durée du jour, la lenteur avec laquelle les nuits meurent pendant cette saison. C’est certainement avec une horloge biologique calquée sur les rotations de la terre que les Metzins ont échafaudé ses titres à la retenue stupéfiante dans les longueurs. Loin de ce qui faisait le fondement même du post rock, Melatonine raccourci les temps, tranche dans le vif et donne à ses offrandes une couleur à la fois sombre et alerte. Melatonine en ressort énervé, comme en témoigne hurkst, et gagne en tension, que, ironie de l’histoire, E.L.E.V.E.N. le morceau le plus long de l’album concentre pour ne jamais la relâcher pour une suite rapide on l’espère. La vie est très présente mais ramassée (hurkst / le décompte) et les mots qui arrivent à percer sont brouillés car la perception des sons est plus importante ici. Sans abandonner sa marque de fabrique, Melatonine s’en éloigne certainement, se donnant la possibilité de revoir le jour de façon plus élastique un soir d’été. Pour le moment c’est l’hiver, et le réchauffement climatique n’est pas pour maintenant, mais les tourbillons sont eux du mouvement. Gérald De Oliveira
LA MAGICBOX
Il n’est pas très étonnant que Melatonine cite Slint comme référence première. Le groupe Américain représente le post-rock d’avant le post-rock, au moment où le terme n’avait pas été inventé, ce terme qui justement ne plait définitivement pas à Melatonine. Le trio Messin revendique à faire du rock instrumental et ce deuxième album, plus direct et plus brut que le précédent, Les Environnements principaux, enfonce le clou sur une démarche simplifiée. Melatonine a toujours donné dans le titre de 3’, comme une montée abrasive, pouvant être carrément musclé (180.000 terminaisons nerveuses, plus hardcore). Le trio a mis un peu de côté – au sens propre – ses apports électroniques, Nicolas le bassiste épanouissant cette partie de sa créativité musicale dans Zero degré et Mathieu dans King Kong was a Cat. Pourtant, sans doute grâce au travail de metteur en son de Gilles Deles, certaines parties musicales pourront donner le change en matière de texture (E.LE.V.E.N., la fin franchement abstraite de l’album). Le groupe de toutes les manières – et c’est là tout son art – alterne court circuits électriques (où s’il y avait du chant, cela ressemblerait à Shellac) avec des long circuits où le groupe emprunte les montagnes russes (Janvier 00.00 ou le finalement bien nommé Rock prog’s). Le groupe arrive surtout à retranscrire sur disque ce qu’il dégage sur scène. C’était son challenge de départ et c’est réussi. Denis Zorgniotti
ARTE.TV
Les amateurs de post rock nerveux apprécieront « Décembre est un samedi ». Emmanuel Dosda
MOUVEMENT – OCTOPUS
Depuis 2001 (année de leur premier album auto-produit), les messins de Melatonine fustigent le genre rock en l’ornementant d’un attirail sonore chaotique des plus variés. Dans une formule basique du basse/batterie/guitare (exit le chant), le trio met en place des morceaux construits par étapes : superposant les sons, les décalant, secouant l’auditeur, puis lui prodiguant des soins apaisants… tout cela ressemble bien à une gigantesque marmite où bouillonne les sacro-saints Fugazi et autre Slint. Sa particularité instrumentale donne à cette musique sans règle un sacré coup d’impertinence. On ne joue jamais sur de l’acquis, mais bien plutôt sur un (re)déploiement rythmique qui rend hommage aux influences de chacun des membres du groupe à importance égale puisqu’il n’y a pas de ‘vedette’ à proprement parler. Le morceau « janvier 00 :00 » qui ouvre l’album, en est la démonstration par son éclectisme qui emprunte, subtilement, à l’univers du free jazz. Les instruments, selon les morceaux, s’invitent et se chahutent avec plus ou moins de virulence (« cette fois encore »). L’unité de Décembre est un samedi, troisième album de Melatonine, tient à son fil tendu, voir distendu par une alchimie rythmique qui bien souvent trouve une issue dans la fureur ou le dénuement post-rock. Un disque qu’on pourrait qualifier d’intemporel tant il convoque des codes toujours plus troublés par des hésitations rythmiques (d)étonnantes. Les déferlements de décibels éblouissent « eleven » (qui clôt l’album en toute beauté), le font vivre intensément pendant 12mn55 et nous font penser qu’indubitablement, la conclusion est le sommet de cet album ! Véronique Doussot
LONGUEUR D’ONDES
Nouvel album remarquable pour ce trio de rock instrumental messin, dont la puissance sonique est particulièrement éloquente en live. C’est justement un enregistrement brut et sur le vif que les trois hommes ont privilégié et superbement réussi. Par leur intelligence de jeu, des inclinaisons non répétitives, et sans sombrer dans une formule obscure et abstraite, ils collent parfaitement au sens originel du terme post-rock, celui qu’ont dessiné Slint et Tortoise au début des années 90. Ils mettent donc en branle leur machine puissante à coup de riffs bruitistes, de distorsions, de notes hypnotiques, de rythmiques intenses. Des techniques sonores qui permettent d’exprimer des émotions palpitantes, rêveuses, crispées. En clôture, Eleven s’amplifie dans un étourdissement vibrant et génial. Béatrice Corceiro
Chronique du disque dans LONGUEUR D’ONDES
Le titre « 180 000 terminaisons nerveuses » en libre téléchargement sur le volume 12 des compilations A Découvrir Absolument.
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